Des kits vendus en pharmacie ou envoyés par des laboratoires d'analyses médicales permettent un diagnostic en quelques minutes : allergies, carences, cholestérol, fertilité... Et de plus en plus d'applications permettent de suivre sa santé. Demain, serons-nous tous apprentis-infirmiers ?
Vous avez des doutes sur une pathologie, mais ne pouvez ou ne voulez pas vous rendre dans un laboratoire médical? Le test de grossesse n’est plus le seul kit vendu en pharmacie permettant l’autodiagnostic. Aujourd’hui, il est possible de trouver de nombreux kits en pharmacie ou de se les faire envoyer à domicile pour réaliser soi-même des autotests. Infection urinaire, ménopause, détection de cannabis, tétanos, intolérance au gluten, carence en fer, niveau de cholestérol… Voici un panorama de tests réalisables chez soi grâce à une simple goutte de sang ou d’urine. Il est même possible de mesurer la concentration en spermatozoïdes dans une goutte de sperme pour vérifier sa fertilité. Le résultat, sous forme de bandes colorées, vous est délivré en quelques minutes.
Ces autotests se développent et s’attaquent aux pandémies. Depuis septembre 2015, l’autotest BioSURE HIV Self Test, disponible dans un certain nombre de pays développés, permet ainsi d’identifier l’infection par le virus du sida en 15 minutes. Plus récemment, des chercheurs britanniques ont mis au point une clé USB capable de détecter le taux de présence du VIH dans une goutte de sang. Encore à l’état de prototype, cette clé USB donne des résultats fiables à 95% en seulement 30 minutes. Les chercheurs expliquent dans la revue Scientific Reports qu’ils espèrent développer ce dispositif pour les pays pauvres et l’étendre à d’autres virus, comme celui de l’hépatite. Dans quelques années, on peut donc imaginer qu’il sera aussi facile d’autodiagnostiquer un certain nombre de maladies ou même de cancers.
Pour des résultats plus poussés sur les maladies chroniques, les laboratoires d’analyses médicales pourraient rapidement emboîter le pas. La start-up américaine Everlywell envoie ainsi des kits à ses clients pour mesurer le taux de testostérone ou de cholestérol, la pollution par les métaux lourds, identifier des allergies… Les clients prélèvent eux-même les échantillons et les envoient à un laboratoire partenaire. Les résultats sont ensuite disponibles en ligne en moins d’une semaine. En France, les kits de prélèvement fournis par Kudzu Science vont aussi loin. A partir d’une mèche de cheveux, l’entreprise analyse votre exposition aux pesticides, au bisphénol A, aux PCB, aux métaux lourds, au mercure, au plomb, aux perturbateurs endocriniens… Mais elle permet aussi de faire un bilan de sa consommation d’alcool ou de tabac.
Des applications de santé connectée
Au-delà des auto-tests, les applications de suivi avec l’aide d’objets connectés fleurissent sur smartphones. Elles permettent de suivre son poids, son alimentation, son sommeil, son activité sportive, sa tension, son pouls, sa température… Et même sa vision ou son audition.
Les chercheurs commencent à s’intéresser à ces objets. Si dans la majorité des cas, il ne s’agit pas de dispositifs médicaux, ils peuvent avoir un intérêt médical en prévention de maladies ou chez des personnes souffrant de maladies chroniques. L’objectif des chercheurs est donc de définir les populations pouvant en bénéficier réellement et dans quelles conditions d’utilisation.
Cette question était au centre du premier congrès international e-Health Research organisé par l’Inserm à Paris en octobre 2016. Dans un article de Ticsanté, Elisabete Weiderpass, présidente du comité scientifique du congrès, souligne l’intérêt de ces nouvelles applications. La population des pays développés étant vieillissante, le nombre de personnes atteintes de maladies chroniques augmente sans cesse. Compte tenu des coûts élevés de suivi de ces patients, il faut développer des méthodes alternatives de suivi. « On avance à petits pas, mais dans l’avenir les patients devront avoir plus d’autonomie pour gérer leur santé, avec l’aide non seulement de médecins mais aussi d’infirmières spécialisées, voire de systèmes informatiques », et l’e-santé deviendra centrale », juge-t-elle. De quoi imaginer rapidement le développement massif des auto-tests, des auto-prélèvements et des applications de suivi.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
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