Depuis plusieurs mois, Boeing n’en finit plus de faire parler. Après une longue série d’incidents techniques touchant les 737 max et 787 Dreamliner, le 18 mai, un avion d’Air Canada a cette fois été contraint de faire demi-tour au bout de 3 heures de vol pour des problèmes de pressurisation. Selon certaines sources, cette série noire serait le signe de problèmes de fond. Quel impact sur la sécurité des vols ?
Sortie de piste lors du décollage d’un 737 à Dakar le 9 mai, problèmes de train d’atterrissage sur un 767 la veille, détachement d’une porte-bouchon en plein vol le 5 janvier… Entre les problèmes de production, les non-conformités et les soupçons de falsification de documents par des employés, Boeing traverse une crise inédite.
Des employés actuels et anciens témoignent de graves problèmes devant le Sénat américain
Le 17 avril, quatre lanceurs d’alerte témoignaient devant le Sénat américain au sujet des graves problèmes de production qui concernent les Boeing 737 Max, 787 Dreamliner et 777.
Avant l’ouverture de la série d’auditions au Sénat, le président de la commission d’enquête et sénateur démocrate Richard Blumenthal résumait ainsi la situation de Boeing par cette phrase :
« Ce que nous allons entendre aujourd’hui du lanceur d’alerte, c’est un exemple de comportement des grands groupes donnant priorité aux bénéfices au détriment de la sécurité, à la cadence de production avant presque tout le reste ».
En effet, alors que les carnets de commandes des donneurs d’ordre sont pleins pour dix ans, aussi bien côté Boeing que côté Airbus, augmenter les cadences de production sans faire aucune concession sur la qualité et donc sur la sécurité est un véritable défi. Or, c’est justement ce qui est reproché à Boeing.
Richard Blumenthal révélait ainsi qu’il y a « de plus en plus de graves accusations selon lesquelles la culture de la sécurité chez Boeing est brisée »
Et il semblerait qu’elle le soit depuis plusieurs années, si l’on en croit les témoignages et les faits.
Pour mieux comprendre, il faut revenir en arrière. En 2018 et 2019, les crashs de deux 737 Max 8 ont causé la mort de 346 personnes en raison de défauts de conception, clouant au sol pour deux ans les Boeing 737.
Lors d’audiences organisées en 2020 par le Congrès américain, Ed Pierson, ancien combattant de l’US Navy, était entendu en qualité de directeur sur la ligne de production du 737, entre 2015 et 2018.
Pierson affirmait qu’à l’époque, il était tellement préoccupé par les mauvaises conditions de production à l’usine, qu’« il hésitait à emmener sa propre famille dans un avion Boeing ». Selon lui, la cause principale de ces dysfonctionnements était « la pression des gestionnaires pour construire de nouveaux avions le plus rapidement possible. »
Une nouvelle enquête vient d’être ouverte par la FAA contre Boeing
Le 6 mai, L’Agence américaine de l’aviation civile (la FAA) a également ouvert une nouvelle enquête afin de savoir si Boeing a correctement mené les inspections requises quant à la jonction des ailes au fuselage de certains 787 Dreamliner.
Il faut par ailleurs préciser que cette enquête a été ouverte après que Boeing eut informé la FAA « qu’il n’avait peut-être pas effectué les inspections requises ».
La sécurité de certains vols serait-elle menacée ?
Malgré la multiplication des incidents techniques concernant ses avions et les accusations dont il fait l’objet, Boeing se dit « confiant dans la sécurité et la durabilité des 787 et 777 ». L’avionneur a également promis la mise en œuvre de plusieurs plans d’actions immédiates permettant de renforcer la qualité et la sécurité. Un premier plan a été remis à la FAA et le second est attendu prochainement.
De son côté, l’agence européenne de la sécurité aérienne estime, sur la base des informations fournies par la FAA, que « la situation est sous contrôle, même si elle relève de la responsabilité de la FAA. »
En attendant de voir les résultats de ces actions, cette crise majeure de sécurité risque de provoquer une crise de confiance qui pourrait sembler favorable à Airbus. À condition néanmoins que l’avionneur européen soit en mesure de récupérer les commandes de son concurrent. Dans le cas contraire, cela pourrait alors favoriser l’entrée de nouveaux constructeurs, notamment le chinois COMAC et son C919.
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