Sur les 90 entreprises interrogées, 65 % étaient concernées par la nouvelle réglementation sur l’audit énergétique. Parmi elles, 24 % l’avaient terminé, 60 % étaient en projet de réalisation et 16 % étaient en cours de réalisation. Parmi les entreprises concernées par l’audit énergétique, la majorité ne l’ont donc pas encore commencé à quelques mois de l’échéance du 5 décembre. Cela montre la récalcitrance de certaines entreprises à lancer cet audit.
Lancer son audit au plus vite !
« La majorité des entreprises savent qu’elles vont être contraintes de le réaliser avant la fin de l’année mais n’ont pas commencé concrètement le travail », regrette Julien Adam, chargé de Mission Maitrise de l’Energie à l’Association Technique Energie Environnement (ATEE). Et il y a pourtant urgence à se mettre au travail, puisque ces audits requièrent plusieurs visites. Outre les bâtiments, ils intègrent le process industriel et jusqu’aux flottes de véhicules pour les salariés ou le transport des marchandises. « Il faut compter au moins une semaine pour l’instrumentation pour avoir une courbe de charge représentative », assure Julien Adam. Il faut ajouter à cela le temps de mise en contact, la définition du périmètre, la rédaction du rapport…
Au final, si le cabinet ne facture qu’entre 10 et 30 jours de travail effectif d’ingénieur, il s’écoule généralement entre 2 et 8 mois entre la prise de contact et la remise du rapport final, selon le retour d’expérience de la société de conseil Optinergie. Car il faut rappeler qu’un auditeur ne travaille généralement pas à plein temps sur un seul dossier. Cette durée dépend donc bien évidemment de la disponibilité de l’auditeur, mais aussi de nombreux autres critères, tels que la complexité des process et la taille de l’entreprise. Le coût de l’audit est également variable : entre 8 000 € et 35 000 € selon la complexité de l’entreprise et sa taille.
Mais l’audit peut coûter moins cher, car certains bureaux de conseil proposent des audits gratuits, en cherchant à se rémunérer sur des services associés : vente de matériel, ingénierie de projet ou identification de certificats d’économie d’énergie. Mais attention, car « l’entreprise va forcément avoir à faire à un auditeur qui va fortement orienter ses préconisations en fonction du service associé qu’il va y avoir derrière, et donc pas forcément de manière indépendante », prévient Julien Adam.
« Les auditeurs vont certainement être débordés par les demandes des entreprises qui se réveilleront en septembre et il sera très compliqué pour elles de finir l’audit pour le 5 décembre », prévoit l’expert. Les audits rendus avant le 5 décembre doivent couvrir 65% de la facture énergétique des entreprises, et 85% ensuite. « Le fait d’être en retard va forcément entraîner un audit plus cher puisque le périmètre est plus large. C’est une sorte d’incitation aussi à ce que les entreprises ne soient pas en retard », affirme-t-il. Notre conseil est donc simple : lancez votre audit énergétique au plus vite !
Il reste un dernier espoir pour les entreprises qui n’auront pas fini leur audit au 5 décembre La parution des décrets et arrêtés a été assez tardive, ce qui a entraîné des retards dans la qualification des auditeurs. L’administration pourrait tenir compte de ces retards et ne pas appliquer les sanctions immédiatement. Les entreprises prendront-elles tout de même le risque de payer une amende s’élevant à 2 % de leur chiffre d’affaire? C’est à leurs risques et périls.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
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