La Caisse des dépôts et consignations (CDC) est une institution financière publique française. Elle gère notamment, en plus de ses fonds propres, une part importante de l’épargne des Français et des cotisations retraites. « Elle se positionne comme acteur à la pointe de la finance verte », rappelle Clémence Dubois, chargée de campagne pour 350.org qui demande de mettre fin immédiatement aux subventions consacrées aux énergies fossiles. Mais l’association dénonce notamment un manque de transparence sur ses placements, à l’exception du Fonds de réserve pour les retraites. Elle a donc décidé d’enquêter.
Depuis la COP21, « le fonds de réserve pour les retraites n’a pas diminué son exposition au secteur des énergies fossiles », dénonce Clémence Dubois. Ainsi, deux milliards d’euros en actions et en obligations seraient encore consacrés au pétrole, au charbon et au gaz. « On ne peut pas attendre du secteur financier qu’il s’autorégule, regrette la jeune militante. Il faut que l’État puisse définir des critères d’exclusion, notamment pour l’industrie fossile ».
Des milliards d’euros pour les énergies fossiles
350.org a identifié les investissements dans les entreprises directement impliquées dans les énergies fossiles. Notamment, la CDC et ses filiales possèdent 25 % des actions de GRTgaz. La CDC place également l’épargne du livret A et du livret de développement durable et solidaire sur les marchés financiers via son « fonds épargne ». Mais ce fonds possède notamment une participation significative dans l’entreprise Vallourec, présent dans plusieurs projets d’extraction de gaz de schistes. D’autres participations sont à ajouter dans des entreprises dont le charbon représente jusqu’à un quart de leur chiffre d’affaires. Sans oublier la BPIfrance, filiale à 50% de la CDC et à 50% de l’État, qui soutient des projets fossiles.
La CDC, ses filiales et les divers fonds qu’elle héberge sont notamment impliqués dans 12 nouveaux projets d’énergies fossiles. Que cela soit sous forme d’actions ou d’obligations dans les entreprises en charge de ces projets. Ce sont notamment des centrales au charbon en Chine, en Afrique du sud ou au Maroc, une mine de charbon à ciel ouvert d’Hambach en Allemagne. Côté pétrole, c’est la plateforme Goliat en Arctique, le Dakota Access Pipeline aux États-Unis, le Trans Adriatic Pipeline et des oléoducs pour transporter les sables bitumineux canadiens. Ce sont aussi les projets de pétrole offshore le long de la côte brésilienne. À cela, rajoutons le gaz de schiste algérien et des projets de gazoducs visant à l’exporter en Europe. Et l’exploitation de puits sous-marins au Mozambique dont le gaz sera converti en gaz naturel liquéfié pour l’exportation.
« Tous ces investissements sont contraires à l’esprit de la loi sur la transition énergétique, s’indigne Clémence Dubois. Ils sont contraires aux recommandations de la résolution pour accéder à une société bas-carbone, adoptée par l’Assemblée nationale au moment de la COP21 et qui encourageait les investisseurs institutionnels à cesser d’investir dans l’industrie fossile. » Le 12 décembre se tient à Paris le « One Planet Summit », placé sous le signe de « la finance publique et privée au service de l’action climat ». De quoi prendre des engagements forts ?
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
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