La crise sanitaire a dévoilé s’il était besoin la dépendance de la France aux importations et le manque de résilience de l’industrie française. En cause notamment, des chaînes logistiques mondialisées en proie à des ruptures d’approvisionnement. Pour favoriser l’autonomie et la résilience des secteurs stratégiques, le ministère de l’Economie, des Finances et de la Relance lance un nouvel appel à projets doté de 100 millions d’euros dédié à des projets de développement et d’investissement.
Le cahier des charges est en ligne pour aider les entreprises à préparer leurs dossiers qui pourront être déposés sur une plate-forme de Bpifrance à partir du 31 août, jusqu’au 17 novembre. Il soutiendra les meilleurs projets d’implantation de production sur le territoire français dans des filières industrielles jugées critiques. Les projets seront étudiés « au fil de l’eau » et l’appel pourra être arrêté de façon anticipée en cas d’épuisement de l’enveloppe affectée. Le ministère espère ainsi relancer l’économie au plus vite. Dans le cadre de l’aide temporaire Covid-19, le taux de subvention maximal s’élève à 80 %, soit un montant d’aides de 800 000 euros pour une assiette de dépenses éligibles jusqu’à un million d’euros. Selon la nature des travaux et le type d’entreprise, le taux d’aide varie de 10 % à 60 % pour les projets de plus d’un million d’euros.
Des secteurs stratégiques pour une industrie plus résiliente
Pour renforcer les chaînes de valeur critiques, le ministère veut donc implanter ou réimplanter en France les maillons essentiels. « L’objectif est ainsi de diminuer notre degré de dépendance vis-à-vis de fournisseurs extra-européens, tout en développant les filières d’avenir garantissant la création de valeur en France et en Europe », prévient le ministère. Les secteurs les plus critiques ciblés par l’appel à projets sont la santé, l’agroalimentaire, l’électronique et les secteurs fournissant des intrants essentiels de l’industrie, notamment les matières premières stratégiques du secteur de la métallurgie et les produits de l’industrie chimique. L’appel d’offres sera prochainement complété par un volet affecté aux applications industrielles de la 5G, autre secteur jugé stratégique.
Il s’agira de relocaliser la fabrication des produits de santé prioritaires, par exemple certains médicaments, principes actifs et dispositifs médicaux. Les projets en agroalimentaire participeront à renforcer la sécurité alimentaire, l’autonomie et la résilience de la transformation de produits agroalimentaires et d’intrants essentiels. Côté électronique, priorité aux projets de relocalisation en France de production, de lignes pilotes ou des moyens de prototypage rapide. Et pour les intrants essentiels de l’industrie, il s’agira de sécuriser la production des produits de base qui, en cas de rupture d’approvisionnement, pourraient paralyser le tissu industriel national ou européen.
Les projets éligibles seront d’un coût total supérieur à 1 million d’euros, non engagés avant le dépôt de la demande d’aide, portés par une entreprise ou un consortium. Il s’agira de créations de nouvelles unités de production ou de la modernisation d’unités existantes afin d’augmenter leurs capacités ou les rendre plus flexibles. L’appel à projet accompagnera aussi la mise en œuvre à l’échelle industrielle de procédés technologiques innovants.
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