Construction et coûts associés : vers une économie des coûts ignorés

La construction, ou à tout le moins, le secteur résidentiel présente une situation riche d'enseignements.

Chacun s'accorde à reconnaître un déficit de la production annuelle de l'ordre de cent mille logements. Toutefois la réponse à cette demande consiste pour certains à créer un droit opposable au logement et éventuellement de suggérer aux professionnels d'augmenter le volume de l'offre.

En fait, il n'est jamais question de produire à un coût plus réduit comme si aucun gain de productivité n'était envisageable. Cette occultation de la dimension économique de la production est assez symptomatique d'une industrie qui ignore implicitement toute réflexion globale sur les coûts techniques s'en remettant à une régulation des prix par le marché.

Il est vrai que par essence la notion de « coût » est totalement liée à un protocole tacite sur les pratiques collectives. Cependant dans la construction ce protocole est très fortement ancré dans une reconduction des modes productifs qui sont considérés comme immuables et participants d'une culture technique éprouvée et, de ce fait, difficilement remise en cause.

Néanmoins, la période contemporaine se définit de plus en plus comme celle de la rareté croissante des ressources disponibles, que ce soit au plan des infrastructures collectives ou des services dits « mutualisés ». À ce titre, le secteur de la construction ne peut faire l'économie d'une réflexion approfondie sur l'emploi qui est fait des moyens mis à sa disposition.

Plus particulièrement, il semble nécessaire de raisonner les coûts de construction de manière à dégager des marges de manœuvre pour faire face à de nouveaux enjeux. Cet exercice passe d'abord par un examen attentif de tout ce qui peut relever du concept de coût.

Pour mieux cerner les coûts associés à la construction trois catégories peuvent être observées en partant d'un périmètre actuel de comptabilisation pour aller jusqu'à une extension des critères de prise en compte.

Tout d'abord les coûts résultant de l'organisation des acteurs ne sont pas, loin de là, négligeables même si ce constat peut aller contre les certitudes établies. En effet, une analyse plus fine des pratiques actuelles révèle des dépenses insoupçonnées qu'il est nécessaire de remettre en cause dans la mesure où leur utilité directe pour le bâti n'est pas acquise.

Ensuite, les coûts liés à proprement parler à la conception constituent un second champ d'investigation. Celui-ci est, certes, plus classique puisque chacun s'accorde à reconnaître une efficacité plus ou moins grande à certains traits dans le dessin d'un projet. Cependant, rien n'interdit de chercher à comprendre comment il est possible d'améliorer cette étape dans la chaîne de valeurs de la construction.

Enfin, les externalités forment une dernière classe de coûts. Ce n'est pas que ceux-ci n'aient jamais existé auparavant, mais plus simplement ils ne sont véritablement considérés que depuis quelques années. En effet, la construction ne va pas sans générer un certain nombre d'impacts sur l'environnement qui n'ont pas été évalués jusqu'à présent du fait de la prodigalité supposée de la nature.

Pour préciser chacune des composantes des coûts associés à la construction une progression en trois étapes sera respectée. Dans un premier temps, l'inventaire sera détaillé puis une tentative de modélisation sera proposée pour aboutir finalement à des recommandations autorisant une possible résorption de ces dépenses.

Tout ce travail a pour but une meilleure sensibilisation à des aspects encore trop négligés par les professionnels de la construction. Et ce moins dans l'esprit de critiquer les pratiques actuelles que pour préparer les éléments d'une nouvelle forme de l'activité entrepreneuriale.