Aux yeux de Bill Gates, l'intelligence artificielle est un danger à plus ou moins long terme. Mais fautil vraiment en avoir peur ? L'être humain estil condamné à l'obsolescence ?
En matière d’intelligence artificielle, Mr Gates n’est pas le seul à penser que la situation pourrait nos échapper. D’autres pointures telles que Elon Musk, l’emblématique patron de Tesla Motors et de Space X, ainsi que Stephen Hawking, professeur de mathématiques et physicien théoricien britannique dont la « vie extraordinaire » a été traduit récemment sur grand écran, ont le même point de vue… qui est que nous ne devons pas concevoir des machines au pouvoir de réflexion supérieur à celui de l’être humain.
La superintelligence artificielle est une menace pour l’humanité. Celui qui a cofondé Microsoft en 1975 a d’ailleurs exprimé son inquiétude lors d’une discussion sur le site web communautaire Reddit. Il précise « qu’au début les machines accompliront de nombreuses tâches pour nous, que cela devrait être positif si nous le gérons bien » mais qu’à un moment donné, probablement « dans quelques décennies, l’intelligence des machines sera assez forte pour devenir un sujet de préoccupation ».
Ce n’est donc pas une menace immédiate, rassuronsnous, l’intelligence artificielle est encore balbutiante. Non, il s’agit avant tout d’une mise en garde encourageant à la méfiance. Pour Bill Gates, le développement de l’intelligence artificielle doit être assuré avec une grande précaution.
Car si l’IA est encore limitée, il redoute le jour où les robots seront dotés d’une conscience. Il rejoint ainsi la position d’Elon Musk, qui dans ce souci d’encadrement de la recherche, s’est délesté de dix millions de dollars au profit de l’association Future of Life Institute.
Il semble évident et nécessaire qu’une réflexion plus poussée sur le sujet devrait être menée au niveau national et international. Scientifiques et entrepreneurs de pointe sont de plus en plus nombreux à penser qu’il faudrait instaurer un cadre éthique dans ce domaine, ajuster les lois, pour s’assurer simplement comme le dit le dirigeant de Tesla « que nous ne faisons rien de stupide ».
D’un point de vue extérieur cependant, il peut paraître assez étrange que ce soient ceux-là même qui conçoivent actuellement l’intelligence artificielle qui en ait le plus peur. Mais c’est aussi rassurant, d’une certaine manière, de voir que son développement n’est pas pris à la légère. Et que des arrangements sont mis en place afin d’éviter, comme le prédit funestement Stephen Hawking, que les humains ne soient dépassés par le développement de l’intelligence artificielle, « limités par leur lente évolution biologique », et ne soient en fin de compte devenus inutiles et remplacés comme nous remplaçons nos outils électroménagers devenus obsolescents.
Reste à savoir si cela représente une technique de communication, en amont, pour étouffer les craintes du public quant aux machines intelligentes à venir, étayées à la fois par ces sommités et par de nombreux films de sciencefictions (Matrix, I. Robot, Blade Runner…). Car en affichant ainsi leurs préoccupations, ils démontrent aussi leur sérieux.
Alors fautil vraiment avoir peur des machines autonomes comme le pensent Bill Gates, Elon Musk et Stephen Hawking ? À priori non, pas dans l’immédiat. La complexité de l’intelligence humaine est telle que nous ne sommes pas en mesure de faire émerger une conscience artificielle. L’architecture informatique est encore très basique et l’idée même qu’une intelligence artificielle se développe ellemême à un rythme exponentiel demeure pour le moment dans le domaine de la sciencefiction.
En revanche, définir les effets de la robotisation sur l’emploi reste difficile. Sur ce point, les avis divergent. Les partisans estiment que sans une plus forte robotisation, l’industrialisation française coure à sa perte, menacée par les délocalisations des entreprises. La robotisation serait de fait un outil pour baisser les coûts de production qui nous permettrait d’atteindre une compétitivité égale à celle de la Chine. C’est en tout cas ce que pense le syndicat des machines et technologies de production (Symop.) Alors que les opposants craignent que la robotisation entraîne un plus haut taux de chômage, que les tâches à l’origine destinées aux humains soient effectuées par les machines ou les ordinateurs.
Seul l’avenir nous dira si notre confiance dans les machines n’était pas erronée et que cette crainte étayée par les sommités de l’innovation n’était pas exagérée.
Par Sébastien Tribot
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