En 2016, nous célèbrerons les 30 ans de la catastrophe de Tchernobyl. Cela tombe bien, la période du césium 137 est de 30 ans. Où en est la contamination dans les Alpes? Le Criirad a réalisé des mesures début juillet dans le Parc National du Mercantour.
A la fin des années 1990, la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (CRIIRAD) a démontré que certains sites dans les Alpes en France, Suisse, Italie et Autriche, présentaient des points d’accumulation en césium 137. Elle demandait alors que les secteurs les plus radioactifs puissent être dépollués ou balisés pour éviter des expositions inutiles. Depuis, la situation n’a guère évolué. La contamination des sols y est très hétérogène, avec de fortes variations sur quelques mètres.
Une radioactivité toujours importante
Les mesures réalisées début Juillet 2015 par Bruno Chareyron, directeur du laboratoire de la CRIIRAD, entre 2 440 et 2 540 mètres d’altitude, au coeur du Parc National du Mercantour, confirment que l’exposition est toujours supérieure à la radioactivité naturelle.
Le césium 137 a une période de 30 ans, mais il faut attendre 300 ans pour que sa radioactivité soit divisée par 1000. « A 1 mètre du sol, sur des centaines de mètres carrés, le niveau de radiation est toujours plus de 2 fois supérieur à la normale » à cause des rayonnements gamma, expose Bruno Chareyron, dans un communiqué. Mais la radioactivité la plus élevée se mesure au niveau du sol, à cause des rayonnements bêta émis par le césium 137. « Les niveaux de radiation au contact du sol dépassent toujours, sur les zones d’accumulation, des valeurs plusieurs dizaines de fois voire plus de 100 fois supérieures au niveau naturel », assure l’expert.
La radioactivité de certains échantillons ramenés au laboratoire dépasse 100 000 Bq/ kg en césium 137. « Ils doivent être considérés comme des déchets radioactifs et devront être confiés à l’Andra » prévient Bruno Chareyron. En conséquence, l’association met en garde les randonneurs. « Le fait de bivouaquer 2 heures sur certaines de ces zones induit toujours en 2015 une exposition non négligeable » avec un « débit de dose de 5 µSv/h au contact du sol ».
Près de 30 ans après l’accident de Tchernobyl, l’attention se concentre principalement sur le césium 137. L’iode 131, redoutable dans les semaines qui ont suivi la catastrophe, a disparu du fait de sa période radioactive de 8 jours. En revanche, en raison de leurs périodes d’une trentaine d’années, les effets du césium 137, et à un moindre degré ceux du strontium 90 se font encore sentir. Pour les zones les plus polluées des Alpes, les études réalisées par la CRIIRAD en 1996-1997 avaient montré que « plus de 80 % du césium 137 était imputable aux retombées de Tchernobyl, le reste provenant essentiellement des retombées des essais nucléaires atmosphériques des années 50-60 », rappelle l’ingénieur en physique nucléaire.
Bruno Chareyron explique ses mesures dans le Mercantour
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
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