La méthode du profil d’exactitude

Dans la littérature, il existe une grande variété de guides, de normes ou de documents pour valider les méthodes d’analyse. En général, ils consistent à rassembler une collection de ce qu’on appelle des paramètres de validation pour, parfois, les comparer à des valeurs seuils quand elles existent. L’approche présentée ici est un peu différente, en ce sens qu’elle essaie d’évaluer la confiance que l’on peut avoir dans les futurs résultats que produira une méthode. Cette approche s’appuie sur le profil d’exactitude de la méthode qui est un outil de représentation graphique et d’aide à la décision, en vue de la validation. Sa construction nécessite une collecte de mesures, réalisée dans des conditions bien définies, qui sont censées simuler la façon dont une méthode sera utilisée en routine.

En général, les procédures de validation visent à prouver des obligations de résultats et s’organisent ainsi (cf. La validation de méthodes analytiques, Étude de la fidélité d’une méthode de mesure, Estimation du biais de mesure selon plusieurs méthodes et Déterminer un modèle qui s’ajuste au plus près des données observées) :

• une liste de paramètres, comme un coefficient de variation de la répétabilité, un taux de recouvrement, un intervalle de dispersion, une étude de spécificité…, si possible associés chacun à des seuils ;
• une collecte de mesures réalisée sur des matériaux divers. C’est sûrement en améliorant cette collecte, par exemple en utilisant des plans d’expérience et des matériaux de référence, que les validations de méthode progresseront ;
• des méthodes statistiques d’estimation des paramètres de validation. En général, il s’agit de moyennes, d’écarts-types ou de coefficients d’un modèle ;
• une ou plusieurs règles de décision pour juger de la conformité des valeurs des paramètres de validation par rapport aux valeurs seuils.

Ainsi, la Décision européenne 2002/657 (cf. Bibliographie) sur la validation des méthodes officielles destinées au contrôle sanitaire des denrées animales fixe des exigences de performance requises sur deux paramètres :

• le taux de recouvrement – pour la justesse – TR % situé entre 80 % et + 110 % ;
• le coefficient de variation de la reproductibilité – pour la fidélité – CV_R ≤ 20 %.

L’utilisation du CV_Rsous-entend que la méthode a fait l’objet d’une analyse interlaboratoires. Au cas contraire, les valeurs seuils peuvent être, par exemple, dérivées du modèle de Horwitz (cf. Les comparaisons inter-laboratoires).

Depuis près de 20 ans que les analystes ont ainsi pris l’habitude de valider leurs méthodes « paramètre par paramètre ». L’expérience montre que cela peut conduire à des erreurs (cf. Guide de validation des méthodes d’analyse, rubrique Bibliographie). C’est pourquoi, il a été proposé de n’utiliser qu’un seul critère de validation, l’exactitude, et de ne s’appuyer que sur une valeur seuil unique, appelée limite d’acceptabilité. La procédure associée est appelée la méthode du profil d’exactitude, elle est décrite dans cette fiche.

Un profil d’exactitude s’obtient en combinant, sous forme graphique pour au moins trois niveaux de concentration :

• des intervalles de dispersion d’espérance β (β-ID) qui délimitent les zones dans laquelle se trouve, en moyenne, une proportion connue, notée β, de futures mesures ;
• des limites d’acceptabilité, notées , qui chiffrent l’objectif de la méthode. Par exemple, une limite de ± 10 % permet de garantir que la méthode fournira une proportion élevée de résultats se situant à moins de ± 10 % de la valeur (supposée) vraie de l’échantillon analysé.

La méthode du profil d’exactitude fait l’objet de nombreuses publications (cf. Harmonization of strategies for the validation of quantitative analytical procedures, rubrique Bibliographie) et a été reprise dans deux normes (ISO 16140:2003, NF V03-110) qui décrivent la procédure à suivre.