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RÉSUMÉ
La gestion du risque de fraude s’organise autour des actions de prévention, de détection et de réaction face à ce risque. L’enjeu de cet article est de détailler comment les actions des cellules de lutte contre la fraude se sont étoffées en termes d’outillage en ayant notamment recours à l’intelligence artificielle. L’article explicite l’apport de ces technologies, leurs limites et leurs évolutions pressenties, et illustre ce concept autour de cas d’usage récents.
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Lire l’articleAuteur(s)
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Nicolas DUFOUR : Docteur en gestion, professeur associé, CNAM Lirsa, Risk manager, Antony, France
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Matthieu BARRIER : Expert en gestion des risques, Paris, France
INTRODUCTION
La gestion de la fraude est devenue l’une des préoccupations majeures des entreprises, plus globalement des organisations, confrontées à une forte augmentation de ce phénomène dans de nombreux secteurs d’activités. À titre d’exemple, les fraudes aux organismes complémentaires santé ont augmenté de plus de 181 % entre 2023 et 2024 selon certaines études (Assurance maladie, études sectorielles). Selon des entretiens réalisés par les auteurs en 2023 et 2024, une telle tendance s’est également confirmée dans d’autres domaines : dans le domaine de l’octroi de crédit, les transactions frauduleuses, s’appuyant souvent sur de faux documents ainsi que sur de vrais documents mais dans le cadre de schémas d’usurpation d’identité, constituent des schémas désormais fortement répandus. Dans le secteur des télécoms, l’utilisation de fausses coordonnées bancaires en vue d’obtenir un téléphone avec l’achat d’un forfait a pu également constituer un schéma très usité. Dans le secteur du logement et des activités locatives, il n’est désormais plus rare de constater des dossiers intégrant des éléments « en partie falsifiés » (majoration de revenus pour garantir la validation d’un dossier par exemple).
Face à l’augmentation de ce phénomène, les différents secteurs ont pu structurer peu à peu une démarche de lutte contre la fraude en mettant en œuvre de réelles stratégies de lutte contre la fraude . Ces stratégies peuvent être orientées sur la formation des collaborateurs pour permettre une meilleure détection , mais aussi autour de la communication interne et externe permettant à la fois la prévention et la détection des situations les plus à risque en associant les parties prenantes internes (collaborateurs confrontés aux opérations) mais aussi externes (clients pouvant être confrontés à des fraudes, fournisseurs), et ce dans une logique d’appropriation croisée par tous .
Également, les organisations les plus à maturité ont peu à peu décliné de véritables processus de lutte contre la fraude orientée sur la prévention (éviter des paiements frauduleux), la détection (détecter le plus rapidement possible des tentatives ou des cas avérés), mais aussi la réaction (la réponse à incident). Ces processus se structurent autour de comités dédiés à la lutte contre la fraude, de tableaux de bord intégrant une batterie d’indicateurs suivis à fréquence régulière, des moyens humains (analystes fraude), des relais externes (brigades dédiées à la fraude côté forces de l’ordre), mais aussi des requêtes internes permettant de saisir les atypismes les plus flagrants dans le cadre de la détection préventive mise en œuvre [SE 1 214].
Toutefois, le renforcement de ces moyens n’a souvent pas suivi le développement fort de l’exposition aux fraudes, permis par plusieurs facteurs : la digitalisation toujours plus grande des activités, facilitant la production de faux documents établis avec des logiciels toujours plus nombreux permettant de créer ou de modifier des documents servant de justificatifs dans différentes étapes de contrôle donnant lieu à l’octroi de biens ou de services ; le recours à l’intelligence artificielle et notamment les IA génératives est désormais utilisé par les fraudeurs eux-mêmes (notamment pour les fraudes financières ou la réalisation de hameçonnages permettant ensuite des fraudes aux faux ordres de virement) ; les données et justificatifs en nombre conséquent désormais disponibles sur le Web et le Darkweb facilitent la réalisation de fraude au moyen d’usurpation d’identité et de production de faux documents. Certains groupes organisés de fraudeurs ont donc clairement industrialisé et renforcé leurs démarches en les outillant. Il y a donc une conjonction des risques cyber aux risques de fraude qui en fait également un effet démultiplicateur [SE 2 505].
En somme, malgré tous ces efforts, la plupart des organisations gardent ce risque en zone de vigilance, et peu d’experts fraude peuvent aujourd’hui dire qu’ils sont pleinement satisfaits des actions mises en œuvre ou qu’ils considèrent ce risque comme sous maîtrise.
Pour tenter de s’adapter et de suivre l’expansion de ce phénomène en apportant une réponse plus efficace, complétant les dispositifs de détection organisationnels et humains, les entreprises les plus en avance mettent désormais en œuvre des projets d’outillage fondés sur l’intelligence artificielle en vue de mieux sécuriser leurs processus. L’objet de cet article est donc de détailler ce nouveau paradigme de la lutte contre la fraude en évoquant les prérequis associés à de telles démarches, exemples à l’appui.
DOI (Digital Object Identifier)
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5. Piloter l’approche
Cette section aborde en détail le pilotage de l’IA en tant que processus organisé fondé sur une approche par les risques, nécessaire en matière de lutte contre la fraude.
5.1 Fonder la démarche sur l’approche processus-risque-contrôle
La gestion de la fraude au moyen de l’IA va se fonder sur une approche usuelle de type processus-risque-contrôle :
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Quels sont les processus exposés aux risques de fraude ? (exemples : gestion de la trésorerie, sécurisation des paiements, souscription des clients). Cela suppose de se fonder autant que possible sur la connaissance des processus et donc un référentiel processus et procédure formalisé.
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Quels sont les risques de fraude que l’organisation souhaite adresser ? (exemples : faux fournisseurs, fausses factures, changement de RIB multiples, faux clients). Cela suppose de capitaliser sur la cartographie des risques de l’entreprise mais aussi sa base de gestion des incidents et des pertes.
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Quels sont les scénarios de contrôle du risque que l’organisation souhaite mettre en avant et développer sur ces risques ? (exemples : atypismes fournisseurs, paiements élevés, fournisseurs à risque, factures en retard et non parvenues, contacts fournisseurs non usuels, nouveaux clients).
Dans l’exemple abordé en figure 4, les sources de données multiples sont à la fois internes et externes, fondées sur la détection humaines ou outils, et intégrant différentes approches de la fraude (schéma de fraude organisée, fraude documentaire). L’IA va alors s’appuyer sur cette base de connaissances étendue alimentée et actualisée régulièrement en vue de proposer de nouveaux scénarios de risques nécessitant une prise de décision par un opérateur en charge de la fraude.
HAUT DE PAGE5.2 Définir les scénarios de fraude à prendre en compte
Intégrée au système d’information de l’entreprise, l’IA générative peut être formée pour analyser les données de l’entreprise, détecter des schémas comptables frauduleux ou surveiller des transactions en temps réel. Mais cela nécessite le développement d’un modèle à l’aide de l’apprentissage...
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BIBLIOGRAPHIE
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(1) - BELMA (O.), DUFOUR (N.) - La diversité des stratégies de lutte anti-fraude. - Face au risque, n° 524, p. 30-32 (2016).
-
(2) - DUFOUR (N.) - Former à la détection et à la prévention des risques de fraude. Le cas des complémentaires santé. - Éducation Permanente, n° 224-2020-3, dossier Formation et prévention des risques au travail, p. 115-121 (2020).
-
(3) - LAFFORT (E.), DUFOUR (N.) - Prise en compte de la fraude dans les organisations : comment libérer la parole ? - La Revue des Sciences de gestion, n° 307/1, p. 107-115 (2021).
-
(4) - DUFOUR (N.) - La détection scientifique de la fraude : quelles évolutions ? - Face au risque, n° 583, p. 10-12 (2022).
-
(5) - BENISTI (M.), DUFOUR (N.) - La gestion de la fraude dans le secteur du e-commerce. - Revue Préventique, n° 157, p. 80-81 (2018).
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DANS NOS BASES DOCUMENTAIRES
ANNEXES
Règlement (UE) 2016/679 du Parlement européen et du Conseil du 27 avril 2016 relatif à la protection des personnes physiques à l’égard du traitement des données à caractère personnel et à la libre circulation de ces données.
Règlement du Parlement européen et du Conseil établissant des règles harmonisées concernant l’intelligence artificielle (législation sur l’intelligence artificielle) et modifiant certains actes législatifs de l’Union, Règlement 2021/206 du 13 mars 2024.
Règlement (UE) 2024/1689 du 13 juin 2024 du Parlement européen et du Conseil établissant des règles harmonisées concernant l’intelligence artificielle et modifiant les règlements (CE) n° 300/2008, (UE) n° 167/2013, (UE) n° 168/2013, (UE) n° 2018/858, (UE) n° 2018/1139 et (UE) n° 2019/2144 et les directives 2014/90/UE, (UE) 2016/797 et (UE) 2020/1828 (règlement sur l’intelligence artificielle) ; https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=CELEX%3A52021PC0206
HAUT DE PAGE
Comment l’IA pourrait favoriser la fraude financière. Article publié le 28 mars : https://www.lesechos.fr/tech-medias/intelligence-artificielle/comment-lia-pourrait-favoriser-la-fraude-financiere-2085747
MasterCard utilise l’IA générative pour détecter les fraudes. Article publié...
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