Article de référence | Réf : H7502 v1

Langages du Web sémantique
Web sémantique - Principes, représentations sémantiques et ontologies

Auteur(s) : Philippe LAUBLET

Date de publication : 10 mai 2010

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RÉSUMÉ

Le Web sémantique propose dorénavant un saut qualitatif par rapport au Web actuel. Il permet de connecter différentes ressources du Web (documents et données, au sens large) par des liens sémantiques en construisant ainsi des graphes de connaissances structurés. Ceux-ci sont ensuite exploitables pour différentes tâches, en déployant ces structures et la sémantique ainsi créée. Le modèle de représentation RDF (Resource Description Framework) aide à réaliser aisément cette approche dans le Web distribué. La standardisation de ce modèle, mais aussi celle des vocabulaires décrivant les notions utilisées, permettent d'obtenir une interopérabilité généralisée. Les ontologies, au sens de l'ingénierie des connaissances, jouent alors un rôle majeur. Ces notions de Web sémantique et d'ontologie sont ainsi étroitement liées.

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ABSTRACT

The semantic Web offers qualitative advantages compared to the current Web. It allows for connecting various Web sources (documents and data, in the broad sense of the term) via semantic links thus building structured knowledge graphs. These graphs can then be exploited for various tasks, by deploying these structures and the semantics thus created. The RDF (Resource Description Framework)representation model assists in carrying out this approach in the distributed Web. The standardization of this model, as well as that of the vocabulary describing the notions used, allow for a generalized interoperability. Ontologies, in the sense of knowledge engineering, then play a major role. These notions of semantic Web and ontology are therefore closely linked.

Auteur(s)

  • Philippe LAUBLET : Maître de conférences à l'université Paris-Sorbonne (Paris-4)

INTRODUCTION

En 1989, Tim Berners-Lee, futur fondateur du W3C, imagine pour le CERN, une organisation novatrice des ressources internes sous forme d'un réseau informatique distribué. La structure proposée est celle d'un graphe dont les nœuds représentent les ressources (personnes, groupes de personnes, projets, concepts, documents, objets du hardware, entités de natures diverses) et les arcs des liens étiquetés connectant les nœuds. Des exemples d'étiquettes proposées, en 1989, sont : dépend de, est partie de, réalise, réfère à, utilise, est un exemple de... Cette vision, reprenant la notion d'hypertexte est à l'origine du Web. Pourtant, malgré la rapidité de son expansion avec un nombre impressionnant de sites et d'utilisateurs, le Web actuel ne reflète qu'imparfaitement la vision initiale. Le Web ne connecte que des documents (nœuds non typés) et les liens eux-mêmes ne sont pas munis d'étiquettes typées. Les utilisateurs humains ont appris à faire avec ces limitations en s'appuyant sur leur compréhension du contenu des documents connectés et en attribuant, si possible, un sens aux liens à l‘aide du texte des ancres. Par contre, ces capacités restent largement inaccessibles aux logiciels faute d'une sémantique interprétable par les machines.

L'initiative du Web sémantique (WS), impulsée par le W3C, propose un saut qualitatif à partir du Web actuel qui, d'une certaine manière, reprend la vision originelle de Berners-Lee. Pour reprendre Berners-Lee et al. dans The Semantic Web, « le Web sémantique est une extension du Web actuel dans laquelle l'information est munie d'une signification bien définie, permettant aux ordinateurs et aux personnes de mieux travailler en coopération ».

Les promoteurs du WS proposent la construction systématique d'un niveau supplémentaire de description explicite des ressources et des liens pour une meilleure utilisation par les machines. Ce niveau spécifique de représentation est composé de ce qu'il est souvent convenu d'appeler des métadonnées ou annotations sémantiques. Il obéit à un modèle de graphe simple, le modèle RDF (cf. § 2.1), qui permet de lier sémantiquement les ressources. Mais il permet aussi des représentations complexes. Dans la suite, ressource signifie tout ce qui peut être identifié par une URI (Uniform Ressource Identifier). Ces URIs ont deux rôles, le premier d'identification, le second d'adressage (lié à un protocole dans le cas des URL), donc, dans ce cas, de localisation et d'accès. Ainsi, ressource, donnée au sens large, signifie aussi bien un livre ou un document, un lieu géographique, une notion dans un schéma conceptuel mais bien sûr aussi une page Web ou une partie de cette page, en fait toute donnée manipulée à travers son URI et ses représentations (cf. pour des exemples la note en § 2.1).

Les réalisations WS doivent le plus souvent s'appuyer sur des vocabulaires logiques standardisés pour des communautés d'utilisateurs ou même à l'échelle du Web tout entier. Dans le cas du WS, ces vocabulaires découlent d'ontologies dans un sens que nous préciserons dans la section 2.4.

À partir de ce socle commun, de nombreuses technologies ont été construites. Intéressantes en tant que telles, elles trouvent leur emploi aujourd'hui, d'une part dans des projets qui structurent et connectent des parties de plus en plus importantes du Web, comme de vastes projets en biologie ou bien encore l'initiative « Linking Open Data »  (cf. WS II), d'autre part dans des applications d'entreprise déployées « localement » (cf. WS II).

Bien sûr, les perspectives ouvertes par le WS ne sont pas simplement technologiques, mais elles sont aussi sociales et économiques. Elles peuvent modifier et enrichir beaucoup d'activités individuelles et collectives, particulièrement coopératives, en facilitant la production, l'accès et l'exploitation des ressources numériques dans leur diversité.

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DOI (Digital Object Identifier)

https://doi.org/10.51257/a-v1-h7502


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3. Langages du Web sémantique

Un certain nombre de langages spécialisés sont au cœur du WS et en sont l'aspect le plus visible. Nous résumons ici leur rôle et nous reviendrons sur ces langages dans un second article, plus technique et appliqué. L'approche retenue par le W3C, du point de vue des langages, a été de reprendre ce qui a largement contribué au succès du Web (HTML...) : des langages standardisés dont les fichiers de textes balisés sont facilement échangeables et utilisables par de multiples outils. Ces langages utilisent donc les standards déjà bien acceptés du Web (URI, XML, espaces de noms, balises...) qui en sont en quelque sorte les couches basses. La figure 2 donne une des versions récentes, due au W3C, du « cake » des langages et schématise le rapport entre ces différents langages en montrant l'empilement de niveaux d'abstraction croissants.

Le premier niveau, à la base, reprend le mode d'adressage des ressources, URI. Le deuxième permet la description de documents sous forme d'arbres (XML) et l'échange de données représentées à l'aide du modèle de triplets RDF (cf. § 2.1) qui propose une structuration sous forme de graphe (ou réseau sémantique). Comme déjà expliqué précédemment, la structure de RDF est simple et extensible. La fusion de graphes est aisée puisqu'elle passe par le simple ajout de triplets. Différentes syntaxes sont possibles : RDF/XML, Turtle, N3 par exemple. De nombreux langages et technologies viennent compléter ce modèle de base comme RDFa qui permet d'insérer cette information structurée directement dans des pages XHTML, mais l'offre technologique croît sans cesse et de nouveaux outils apparaîtront afin de faciliter la construction des triplets RDF à partir de l'existant.

Construit sur RDF, RDFS offre la possibilité de représenter des ontologies légères en permettant de construire des vocabulaires logiques simples pour les descriptions RDF. Ce langage introduit essentiellement les notions de classe, de sous-classe et de propriété (autre nom pour les relations et les attributs décrits au § ...

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BIBLIOGRAPHIE

  • (1) - BERNERS-LEE (T.), HENDLER (J.), LASSILA (O.) -   The Semantic Web.  -  Scientific American, p. 34-43, mai 2001.

  • (2) - BIZER (C.), HEATH (T.), BERNERS-LEE (T.) -   Linked Data. The story so far.  -  IJSWIS, vol. 5, Issue 3, p. 1-22 (2009).

  • (3) - LAUBLET (P.), REYNAUD (C.), CHARLET (J.) -   Sur quelques aspects du Web sémantique. Assises du GDR I3.  -  Éditions Cépaduès, Nancy (2002).

  • (4) - USCHOLD (M.) -   Where are the semantics in the Semantic Web.  -  AI Magazine, Fall, 24(3) (2003).

  • (5) - BERNERS-LEE (T.) -   Le Web va changer de dimension.  -  La Recherche, p. 34-38, nov. 2007.

  • (6) - DOERR (M.), HUNTER (J.), LAGOZE (K.) -   Toward a Core Ontology for Information Integration.  -  Journal of Digital Information, vol. 4, no 1 (2003).

  • ...

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