Présentation
En anglaisRÉSUMÉ
Cet article traite des origines et décrit la première blockchain Bitcoin. Celle-ci permet d’effectuer des transactions monétaires enregistrées immuablement sous forme de blocs dans un registre distribué sur un réseau de pairs, sans organe central de contrôle. La cryptographie y apporte la sécurité et la confiance avec les signatures numériques et les fonctions de hachage. La blockchain Ethereum est ensuite présentée avec ses caractéristiques pour obvier aux limites et défauts de la blockchain Bitcoin. Le smart contract, innovation majeure d’Ethereum, élargit les domaines d’application : la blockchain devient programmable. L’exécution automatique de programmes permet de développer des organisations autonomes décentralisées. Enfin, quelques exemples d’applications (relativement jeunes) seront évoqués, ils reflètent la diversité des technologies pour répondre aux différents cas d’usages dans un grand nombre de secteurs.
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This article discusses the origins of the blockchain and describes the first Bitcoin blockchain. It allows monetary transactions to be recorded in blocks in a distributed registry on a peers network, without a central controlling organ. Cryptography provides security and trust with digital signatures and hash functions. The Ethereum blockchain is then presented with its tools to overcome the limitations and weaknesses of the Bitcoin blockchain. The smart contract, a major innovation of Ethereum, broadens the fieldsof applications: the blockchain becomes programmable. The automatic execution of programs allows the development of decentralized autonomous organizations. Finally, a few examples of (relatively recent) applications will be reviewed, reflecting the diversity of technologies to meet the various use cases in a large number of sectors.
Auteur(s)
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Laurence LECOEUR : Ingénieur en Télécommunications, Télécom Paris - Ex-chargée d’études à la recherche de l’Institut National de l’Audiovisuel (INA)
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Jean-François GERVAIS : Chef de projet Digital Learning à l’Institut National de l’Audiovisuel
INTRODUCTION
Le concept de la blockchain est basé sur un protocole de gestion numérique de données décentralisées, en libre accès. La blockchain amène une nouvelle utilisation d’Internet par la possibilité d’effectuer des transferts de valeurs (via des transactions) de pair à pair, sans passer par un intermédiaire de confiance. Le transfert et l’enregistrement des données sont sécurisés par la cryptographie qui apporte la confiance entre les utilisateurs.
De tels échanges de valeurs sur un réseau décentralisé représentent une innovation majeure. Jusqu’à maintenant, lorsqu’un transfert (par exemple d’un fichier ou d’une image) était réalisé sur le réseau, une nouvelle copie était implicitement créée. Internet était basé sur la copie gratuite reproductible à l’infini (ce qui est infiniment reproductible n’a pas de valeur), et seule l’information pouvait être créée, publiée, conservée, copiée et échangée sur le réseau. L’innovation consiste à passer d’un échange de contenu informationnel à un échange de valeur. Cela est rendu possible par la cryptographie qui fournit une solution afin que le transfert se réalise sans duplication du contenu transféré. Autrement dit, lors du transfert d’un bien de valeur, l’émetteur se voit dépossédé de cette valeur, alors que le destinataire en devient le nouveau propriétaire.
La blockchain a créé un bien numérique non reproductible qui peut être une cryptomonnaie, mais aussi tout autre type d’actif numérique. Il se transfère de pair à pair, et son identification rend impossible toute double dépense.
Quant au stockage des données sur un réseau décentralisé, il apporte aussi de grands changements par rapport à notre modèle actuel de société. Cela remet en cause les bases de données centralisées traditionnelles où les informations sont enregistrées et certifiées par un tiers de confiance : la banque se porte garante du paiement, l’administration atteste l’état civil, l’INPI (Institut national de la propriété intellectuelle) enregistre le dépôt de la marque…
De même, cela bouscule le monopole de certaines plateformes centralisatrices, et notamment des GAFA. Actuellement, la toute puissance des GAFA, qui dominent le marché, bloque le développement de tout nouvel entrant qui subit la loi du « winner takes it all ». Par exemple, en 2020, les parts de marché des systèmes d'exploitation pour smartphone sont monopolisées par Google et Apple, les deux géants ne laissent plus aucune place à leurs rivaux. Les GAFA peuvent ainsi jouer de leur pouvoir dominant pour limiter l’arrivée de concurrents.
En opposition à cette centralisation, la blockchain instaure sur le web un système de certification totalement décentralisé, sans tiers de confiance, ni intermédiaire, qui repose sur un registre, ouvert et accessible à tous, consignant des écritures infalsifiables. C’est une nouvelle forme de « notarisation », la cryptographie se substitue au tiers de confiance ou à l’intermédiaire centralisateur.
Il faut ajouter à ces deux types d’usage que sont les échanges de valeurs, et la « notarisation des biens », un troisième type avec les smart contracts : les transactions qui leur sont destinées, déclenchent automatiquement des actions programmées. Cette auto-exécution de programmes fait dire à certains : « code is law ».
La blockchain apporte des éléments de confiance par sa technologie, car des personnes, qui ne se connaissent pas, peuvent effectuer des transactions directement, sans intermédiaire, cela en toute sécurité. Cependant, au-delà de ces transactions, les règles algorithmiques ne permettent pas de gérer toutes les situations, notamment les évolutions imprévues, et elles ne pourront jamais remplacer les organisations humaines. C’est pour cela que la gouvernance de la blockchain reste essentielle et nécessite aussi une grande confiance de la part des utilisateurs. Les architectes de cette technologie, qui décident des modifications à incorporer dans le logiciel, représentent une petite communauté de développeurs et d’ingénieurs en logiciel. Bien qu’il s’agisse de projets open source, c’est en fait un noyau très restreint de développeurs hautement qualifiés qui prennent en charge les développements de ces technologies, ils ont tous les pouvoirs, notamment celui de modifier les règles du jeu.
Enfin, il reste quelques verrous, entre autres technologiques (relatifs à la scalabilité, l’interopérabilité, le consensus, la sécurité…), pour que les perspectives ouvertes par les blockchains deviennent une réalité concrète dans un avenir imminent.
Bitcoin, la blockchain historique, a prouvé son efficience dans le cadre des applications financières. Ethereum, apparu plus récemment, s'ouvre à d'autres usages et apportera de réels avantages dans de nombreux secteurs. Son développement provoquera des changements dans l'organisation et la gouvernance de la société , les enjeux sont multiples, d'ordre économique, juridique, sécuritaire, et même éthique.
MOTS-CLÉS
KEYWORDS
Bitcoin | blockchain | Ethereum
DOI (Digital Object Identifier)
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Présentation
5. Conclusion
La première blockchain fut un système de paiement électronique de pair à pair. Cet usage initial se confirme au cours du temps. Les paiements en Bitcoin s’effectuent directement entre pairs, d’un bout à l’autre de la planète, indépendamment des banques. C’est un élément fort de la transformation numérique de notre société, car il remet en cause le pouvoir vertical et centralisé des banques et des États.
Mais l’avenir n’est plus réservé exclusivement aux cryptomonnaies. Dans la nouvelle économie numérique, le token peut être soit l’actif lui-même (comme le bitcoin ou l’ether), soit une représentation virtuelle de n’importe quel actif (matériel ou immatériel, par exemple un bien immobilier ou une œuvre d’art numérique) à qui il donne une identité numérique. Le token ainsi attaché à une œuvre (ou un bien) l’identifie de façon exclusive, il est en conséquence lui-même unique, non reproductible, et prend ainsi de la valeur (en atteignant parfois des sommes astronomiques par rapport à l’œuvre ou au bien sous-jacent, pour exemple les NFT). Seul l’actif identifié par le token sera tracé et valorisé, même s’il existe des reproductions ou des copies.
Tous les secteurs d’activités sont potentiellement concernés par la « tokenisation » et les smart contracts :
-
le token facilite les transferts d’actifs et les échanges directs entre pairs : le consommateur d’un produit pourra rémunérer directement le créateur ou le fabricant, le musicien pourra vendre sa musique à ses fans sans intermédiaire (voire proposer des préventes qui en financeront la production), les particuliers pourront se revendre de l’électricité entre eux…
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les smart contracts permettront notamment l’automatisation des paiements récurrents, ils favoriseront les microtransactions en temps réel… De multiples avantages s’ensuivront avec la rapidité, la fiabilité et les garanties apportées par ces transactions auto-exécutables. Les interactions économiques en seront transformées, et la chaîne de valeur s’en trouvera modifiée.
L’exécution automatique des smart contracts apporte une grande assurance dans la réalisation des tâches. Cependant des règles strictes, formelles et définitives...
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Conclusion
BIBLIOGRAPHIE
-
(1) - HABER (S.), STORNETTA (W.S.) - How to time-stamp a digital document. - https://link.springer.com/article/10.1007/BF00196791 (1991).
-
(2) - SURETY - Provable Electronic Record Integrity, Authenticity, and Ownership. - http://www.surety.com/digital-copyright-protection
-
(3) - VAUDANO (M.) - La première blockchain de l’histoire date de 1995, et elle est imprimée sur papier. - https://www.lemonde.fr/big-browser/article/2018/09/01/la-premiere-blockchain-de-l-histoire-date-de-1995-et-elle-est-imprimee-sur-papier_5349082_4832693.html (2020).
-
(4) - VICTOR (F.) - Aux sources de Bitcoin : le PGP – THE CYBERPUNK CHRONICLES #1. - https://www.thecointribune.com/actualites/aux-sources-de-bitcoin-le-pgp-the-cypherpunk-chronicles-1/ (2020).
-
(5) - Wikipedia - Adam Back. Hashcash & Bitcoin. - https://fr.wikipedia.org/wiki/Adam_Back.
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DANS NOS BASES DOCUMENTAIRES
NORMES
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Normalisation – Bientôt des normes ISO pour la Blockchain. https://normalisation.afnor.org/actualites/bientot-normes-iso-blockchain/ Avancement des normes sur la blockchain : https://norminfo.afnor.org/search ?term=blockchain - AFNOR - 29 Jan 2019
ANNEXES
1.1 Organismes – Fédérations – Associations (liste non exhaustive)
Ethereum Fondation :
https://ethereum.org/en/foundation/
Directory of European Blockchain Startups (répertoriant 716 startups dans 15 pays européens)
FINES SCHLUMBERGER Jacques-André – Quelles synergies entre les blockchains et les industries culturelles ? Revue européenne des médias numériques N° 49. Hiver 2018-2019.
https://la-rem.eu/2019/03/quelles-synergies-entre-les-blockchains-et-les-industries-culturelles/
HAUT DE PAGE1.2 Documentation – Formation – Séminaires (liste non exhaustive)
Les meetups d'Ethereum France (ex-Asseth) ont pour but de promouvoir, développer, expérimenter et mettre en pratique la technologie Ethereum, depuis 2016. https://www.meetup.com/fr-FR/ASSETH/
Ethereum Community Conference (EthCC), rassemblement annuel communautaire européen autour de la blockchain Ethereum https://ethcc.io/ Ethereum Community Conference 5, July 19-21, 2022, Paris
DevCon : réunion annuelle des développeurs...
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