Présentation
EnglishRÉSUMÉ
Discipline à la fois ancienne de par son histoire et très jeune de par ses multiples évolutions au cours des dernières décennies, la reconnaissance des formes (RDF) a pour but de concevoir des outils automatiques informatiques capables de reconnaître des formes. La RDF a longtemps été considérée comme une composante du domaine de l’intelligence artificielle, donc de la production de robots possédant la capacité d’apprendre, de raisonner, mais aussi d’interagir avec le monde extérieur, donc de reconnaître les objets. Dans ce cadre, la RDF a eu initialement pour rôle de produire tous les algorithmes nécessaires à la perception abstraite de l’environnement (obstacles, individus, etc.). Progressivement, elle a étendu son champ d’action à des cadres d’apprentissage, tels que la régression. Aujourd’hui, la RDF est devenue une discipline fondatrice du domaine de l’apprentissage automatique numérique aux côtés entre autres de l’algorithmique, la cryptographie, la logique, la physique statistique, les probabilités, les statistiques, la théorie de l'évolution.
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Thierry ARTIERES : Professeur d'informatique - Laboratoire d’informatique de Paris 6 (LIP6) - Université Pierre et Marie Curie (UPMC)
INTRODUCTION
Le but de la reconnaissance des formes est de concevoir des outils automatiques, informatiques, capables de reconnaître des formes, ou patterns en anglais (où l’on parle de pattern recognition). La reconnaissance des formes (RDF dans la suite) est un domaine qui a fortement évolué ces dernières décennies si bien que ses contours sont devenus aujourd'hui plus flous. Il n’est pas simple d’en trouver une définition dans laquelle tous les chercheurs en RDF se reconnaîtront.
Il s'agit d'une discipline ancienne, Bishop rapporte par ailleurs que c’est la collection systématique d’observations astronomiques par Tycho Braha au XVIe siècle qui a permis à Johann Kepler la découverte de lois empiriques sur le mouvement des planètes. On peut multiplier de tels exemples et remonter très loin dans notre passé.
Si l’on s’intéresse à l’histoire moderne de la RDF, disons depuis les années 1980, et à ses développements récents liés bien entendu au développement des machines informatiques, on constate qu’elle s’est tout d’abord attachée à l’automatisation de tâches perceptives. Une des applications phares du domaine fut la reconnaissance de l’écriture, qui reste un champ d’application et de recherche actif aujourd’hui. Au-delà, la vision, à travers la reconnaissance d’objets dans des images, mais également l’audition et la reconnaissance automatique de la parole sont des applications emblématiques et historiques de la reconnaissance des formes.
C’est une des raisons pour laquelle la reconnaissance des formes a longtemps été considérée comme une composante du domaine plus vaste, et également fortement pluridisciplinaire, de l’intelligence artificielle (IA), dont un but ultime pourrait être de produire des robots doués d’intelligence, capables non seulement d’apprendre et de raisonner mais également d’interagir y compris physiquement avec le monde extérieur, donc de se mouvoir, de reconnaître leurs interlocuteurs et les objets d’une pièce, de parler, d’entendre, de comprendre, raisonner, etc. Dans ce schéma, la RDF a eu initialement pour rôle de produire tous les algorithmes nécessaires à la perception abstraite de l’environnement (obstacles, individus, etc.) à partir de senseurs sur le monde extérieur.
Progressivement, la RDF s’est émancipée de la tutelle de l’IA. En s’intéressant à des formes ou des patterns quelconques elle a permis d’aborder d’autres tâches de classification et a été étendue à d’autres cadres d’apprentissage supervisés tels que la régression. Aujourd’hui la RDF est une discipline fondatrice du domaine de l’apprentissage automatique (machine learning en anglais), avec d’autres telles que l’algorithmique, la complexité, la cryptographie, la logique, l’optimisation, la physique statistique, les probabilités, les sciences cognitives, les statistiques, la théorie de l'évolution, etc.
L’histoire moderne de la reconnaissance des formes est donc mouvementée, il s’agit finalement d’une discipline jeune qui a déjà subi de multiples influences et cheminements et dont le spectre d’applications et de techniques a crû au sein de ce que l’on nomme aujourd’hui l’apprentissage automatique numérique. Cette présentation se veut une introduction au domaine et ne peut être considérée comme exhaustive. Elle vise essentiellement à introduire les problématiques fondamentales mises en jeu ainsi que les concepts essentiels à la compréhension des techniques. Le lecteur intéressé pourra avantageusement consulter des livres de référence tels que , , , .
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6. Approches syntaxiques et structurelles pour la classification
L’approche structurelle en reconnaissance des formes considère que la nature d’un objet à reconnaître tient d’une part à la nature des parties élémentaires qui le constitue et d’autre part aux relations entre ces différentes parties.
La stratégie employée dans les approches structurelles est en deux étapes. On identifie tout d’abord les éléments constituants d’un objet à l’aide de techniques le plus souvent simples. Puis on utilise des techniques de reconnaissance structurelle pour reconnaître l’objet (déterminer sa classe), représenté par ses éléments constituants et par leurs relations. Nous décrivons tout d’abord les représentations utilisées puis nous décrivons deux grandes familles d’approches : les méthodes syntaxiques et les méthodes structurelles.
6.1 Représentations
La représentation des formes tient une place à part dans les approches syntaxiques et structurelles. Elle est au choix du concepteur et peut fortement conditionner la faisabilité et la performance du système de RDF. Cette représentation est basée sur la définition par le concepteur d’un ensemble de primitives que l’on peut voir comme des formes élémentaires. L’assemblage particulier de ces primitives permet de construire les formes considérées.
Par exemple, l’escalier de la figure 12 a peut être représenté comme une séquence de primitives appartenant à l’ensemble de primitives {a, b} pour former une représentation exacte de la forme initiale qui est une chaîne de caractères, on dit un « mot », « ababababab ».
On peut également utiliser des représentations de type arbre ou graphe. La représentation sous forme de graphe, plus riche que les chaînes, étend les possibilités au prix d’une complexité algorithmique accrue. Un graphe G = (V, E) est défini par un ensemble de nœuds V et un ensemble d’arcs entre ces nœuds E. Dans une représentation sous forme de graphe les nœuds représentent les primitives ou éléments constituants et les relations entre éléments constituants sont encodées par des arcs entre les nœuds correspondants. Par exemple le dessin géométrique de la figure 12 b peut être représenté...
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BIBLIOGRAPHIE
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(1) - BAKIR (G.H.), HOFMANN (T.), SCHOLKOPF (B.), SMOLA (A.J.), TASKAR (B.), VISHWANATHAN (S.V.N.) - Predicting Structured Data - Gökhan H. Bakir, Thomas Hofmann, Bernhard Schölkopf,Alexander J. Smola, Ben Taskar and S. V. N. Vishwanathan Eds, The MIT Press (2007).
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(2) - BILMES (J.) - A Gentle Tutorial on the EM Algorithm Including Gaussian Mixturesand Baum-Welch - International computer science institute, ICSI Technical ReportTR-97-021, Université de Berkeley (May 1997).
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(3) - BISHOP (C.) - Pattern Recognition and Machine Learning (Information Science andStatistics) - Springer (October 1, 2007).
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(5) - DUDA (O.), HARDT (P.), STORK (G.) - Pattern Classification - Wiley-Interscience ; 2 edition (October 2000).
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