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RÉSUMÉ
La synthèse de l'ammoniac, 180 Mt/an, est responsable de 2 % de la consommation énergétique mondiale et de 1,6 % des émissions de CO2. La décarbonation de cette production via l'usage d’hydrogène vert nécessite de faire évoluer le procédé Haber-Bosch actuel vers de petites unités capables de s'adapter à l'intermittence des énergies renouvelables et fonctionnant en conditions de synthèse modérées, T = 300-350 °C et P = 10-50 bar par exemple, ce qui requiert le développement de nouveaux systèmes catalytiques. Cet article dresse un état des lieux des récents développements des matériaux catalytiques, dont certaines familles pourraient aussi permettre la synthèse de NH3 selon d'autres procédés, tels que la boucle thermochimique qui permet de s'affranchir de certaines limites thermodynamiques.
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Lire l’articleAuteur(s)
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Nicolas BION : Directeur de recherche CNRS - Institut de chimie des milieux et des matériaux de Poitiers (IC2MP), université de Poitiers-CNRS
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Fabien CAN : Professeur des universités - Institut de chimie des milieux et des matériaux de Poitiers (IC2MP), université de Poitiers-CNRS
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Xavier COURTOIS : Maître de conférences - Institut de chimie des milieux et des matériaux de Poitiers (IC2MP), université de Poitiers-CNRS
INTRODUCTION
En 1913, la compagnie BASF développait la synthèse industrielle de l’ammoniac sur la base de la découverte du chimiste allemand Fritz Haber qui, cinq ans auparavant, réussissait à démontrer la possibilité de fixer l’azote de l’air grâce à l’apport de la catalyse hétérogène : c’est l’invention du procédé Haber-Bosch. La production, à partir du diazote atmosphérique, d’ammoniac (NH3), une molécule contenant un atome d’azote pour trois atomes d’hydrogène, est depuis considérée comme le procédé industriel ayant eu le plus d’impact sur la société avec des applications dans les domaines militaire (explosifs), économique (industries chimique et textile) et agricole (fertilisants). En particulier, il est admis que 40 à 50 % de la population mondiale ne pourrait se nourrir sans l’apport d’engrais azotés issus de la synthèse d’ammoniac. Le procédé Haber-Bosch a ainsi eu pour conséquence depuis son développement la sauvegarde de milliards de vies humaines. Paradoxalement, il a eu aussi des effets néfastes non négligeables sur la biodiversité et le climat puisque ce procédé très énergivore a été conçu et optimisé grâce aux ressources fossiles. Car, si le diazote de la réaction (N2 + 3H2 → NH3) provient de l’atmosphère, le dihydrogène est quant à lui généré à partir de charbon, de pétrole ou plus généralement aujourd’hui de gaz naturel, avec comme coproduit le dioxyde de carbone (CO2), connu pour ses propriétés de gaz à effet de serre. Les besoins du procédé en chaleur et en électricité sont également très élevés pour atteindre une température supérieure à 500 °C et une pression supérieure à 200 bar dans la plupart des unités pour obtenir un rendement en ammoniac suffisant et rendre la production économiquement viable. La quantité de CO2 émise par tonne d’ammoniac produite est ainsi estimée actuellement à 2,4 tonnes. Il est pourtant prévu dans certains scenarii de transition énergétique que la production d’ammoniac pourrait tripler d’ici 2050 pour des besoins additionnels en particulier comme carburant pour décarboner le secteur maritime. Cette croissance ne peut logiquement se faire que sur la base d’une production elle aussi décarbonée d’ammoniac, ce qui change en profondeur le procédé tel que conçu il y a plus d’un siècle. L’un des enjeux consiste à découvrir des nouvelles formulations catalytiques permettant de synthétiser l’ammoniac dans des conditions de températures et de pressions plus douces. Cet article propose un état de l’art des travaux de recherche récents qui ont conduit à ouvrir la voie vers le design de nouveaux catalyseurs prometteurs à l’échelle du laboratoire.
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3. Conclusion et perspectives
L’ammoniac est l’un des produits chimiques les plus synthétisés dans le monde, notamment pour la fabrication d’engrais. Il est industriellement produit via le procédé Haber-Bosch à des températures de 400 à 600 °C, sous 100-200 bar et à l'aide d'un catalyseur, classiquement à base de fer. Ce procédé est particulièrement énergivore (± 30 GJ/tonne) et la synthèse de l’ammoniac est responsable d'environ 2 % de la consommation énergétique mondiale et génère 1,6 % des émissions de CO2. Pour réduire les émissions de CO2, la production d’ammoniac doit être décarbonée, avec notamment l'usage d’hydrogène vert produit à partir d’énergie renouvelable. Cependant, cette approche peut nécessiter de repenser totalement le procédé industrialisé actuellement. En effet, contrairement au procédé Haber-Bosch conçu pour une production centralisée à grande échelle (> 10 000 /jour), la conversion de l'hydrogène vert en ammoniac semble mieux adaptée aux petites unités flexibles et décentralisées capables de supporter la nature intermittente des énergies renouvelables. Ces petites unités ne seront viables économiquement qu'à la condition de pouvoir réaliser la réaction de synthèse dans des conditions de température et de pression beaucoup plus modérées (300 à 350 °C et 10 à 50 bar par exemple). D'un point de vue chimique, les difficultés majeures de la réaction de synthèse de l'ammoniac sont la rupture de la triple liaison de la molécule de diazote et l'empoisonnement des catalyseurs usuels par l'hydrogène. Jusqu'aux années 2010, les travaux de recherche étaient essentiellement concentrés sur les oxydes de fer promus et les catalyseurs au ruthénium supportés sur du carbone. La découverte récente des électrures, des hydrures, des nitrures et des combinaison (oxy)nitrures-hydrures, avec leurs propriétés particulières, notamment vis-à-vis de l'échange électronique, a permis d'améliorer considérablement l'efficacité des catalyseurs à base de ruthénium, tout en inhibant l'empoisonnement...?xml>
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BIBLIOGRAPHIE
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(3) - AMHAMED (A.I.), SHUIBUL QARNAIN (S.), HEWLETT (S.), SODIQ (A.), ABDELLATIF (Y.), ISAIFAN (R.J.), ALREBEI (O.F.) - Ammonia Production Plants – A Review. - In : Fuels, Multidisciplinary Digital Publishing Institute, vol. 3, p. 408-435 – 10.3390/fuels3030026 (2022).
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(4) - TORNATORE (C.), MARCHITTO (L.), SABIA (P.), DE JOANNON (M.) - Ammonia as Green Fuel in Internal Combustion Engines : State-of-the-Art and Future Perspectives. - In : Frontiers in Mechanical Engineering, Frontiers, vol. 8 – 10.3389/fmech.2022.944201 (2022).
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(5) - VALERA-MEDINA (A.), XIAO (H.), OWEN-JONES (M.), DAVID (W.I.F.), BOWEN (P.J.) - Ammonia...
DANS NOS BASES DOCUMENTAIRES
ANNEXES
1.1 Constructeurs – Fournisseurs – Distributeurs (liste non exhaustive)
Concepteurs et intégrateurs de solution de production d’ammoniac à large échelle
Topsoe, Danemark :
Casale, Suisse :
KBR, USA :
HAUT DE PAGE1.2 Fournisseurs de catalyseurs pour la synthèse de l’ammoniac
Clariant, Suisse :
BASF, Allemagne :
Evonik, Allemagne :
Johnson Matthey, Royaume-Uni :
HAUT DE PAGE1.3 Laboratoires – Centres de recherche en France (liste non exhaustive)
Unités développant des recherches sur...
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