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EnglishRÉSUMÉ
Les produits de protection solaire (PPS), dont l’utilisation fait partie de la stratégie globale de prévention des cancers cutanés, sont des cosmétiques, en Europe. Ils sont apparus sur le marché dans les années 1930 et, depuis lors, leur composition n’a cessé d’évoluer. Après avoir donné un certain nombre de définitions et fait les rappels réglementaires nécessaires, cet article détaille le rôle des produits de protection solaire, rôle à mettre en perspective avec leur composition et particulièrement avec le choix des filtres par le formulateur. Sont enfin décrites les méthodes mises en œuvre afin d’évaluer leur efficacité.
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Céline COUTEAU : Maître de conférences – HDR - Université de Nantes – Faculté de Pharmacie – Laboratoire de Pharmacie industrielle et de Cosmétologie – MMS EA 2160 Nantes, France
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Laurence COIFFARD : Professeur - Université de Nantes – Faculté de Pharmacie – Laboratoire de Pharmacie industrielle et de Cosmétologie – MMS EA 2160 Nantes, France
INTRODUCTION
Par les chiffres fournis par l’Institut National du Cancer, on apprend que le nombre de nouveaux cas de cancers de la peau a plus que triplé entre 1980 et 2012. Il est très vraisemblable que cette situation puisse s’expliquer par l’évolution des habitudes d’exposition au rayonnement ultraviolet (UV) qu’il soit d’origine naturelle (c’est-à-dire solaire) ou artificielle (c’est-à-dire par le biais de cabines UV), depuis une quarantaine années. Ces expositions constituent, en effet, le facteur le plus important en ce qui concerne le risque de développer ce type de cancer. Sur un plan médical, on distingue les carcinomes du mélanome. Ce sont les carcinomes qui sont les plus fréquents. Leur survenue a généralement lieu après l’âge de 50 ans, sur les zones découvertes du corps et ils sont le plus souvent imputés à une exposition au soleil excessive et chronique. Le mélanome cutané est, quant à lui, beaucoup plus rare que le carcinome mais il faut avoir présent à l’esprit qu’il s’agit du plus grave des cancers cutané, ceci étant dû à la formation de métastases. Entre 1980 et 2012, on estime qu’en France, 14 325 personnes ont été touchées par un mélanome et 1 773 en sont décédées, en 2015.
Le recours aux produits de protection solaire (PPS) occupe une place de choix dans la stratégie globale de prévention des cancers cutanés et il est capital de pouvoir disposer de produits sûrs et efficaces. Il convient donc d’apporter une grande rigueur à leur formulation et de disposer de méthodes fiables permettant la détermination du niveau d’efficacité de ces produits.
Les effets nocifs des expositions solaires vont mettre beaucoup de temps à être connus du grand public et même des scientifiques. On se rappelle, par exemple, qu’Auguste Rollier (1874 – 1954) convaincu par les travaux de son prédécesseur Finsen, ouvre, à Leysin, en Suisse, l’un des premiers centres d’héliothérapie, en 1903.
Les premiers produits de protection solaire (PPS) sont relativement récents et datent seulement des années 1930. Nous sommes alors dans l’euphorie des congés payés ; on ignore alors les effets nocifs du soleil sur la peau et on veut, avant tout, bronzer. Il est courant d’attribuer en grande partie la mode du teint bronzé à Coco Chanel. Il est plus probable que la belle Joséphine Baker, qui a été révélée, en 1925, dans un spectacle, dont elle est la vedette, « La Revue nègre », ait joué un rôle prépondérant. Différentes personnalités du monde artistique comme le poète Jean Cocteau vont raffoler du teint cuivré… et contribuer à faire la promotion de ce que l’on a pu appeler « les joies du bronzage », joies bien éphémères au regard des effets qui seront mis en évidence par la suite. Si l’on considère les préparations de cette époque, on constate qu’il s’agit de préparations bronzantes et les filtres les plus utilisés sont alors les dérivés de l’acide p-amino-benzoïque (PABA) et de l’acide tannique. Les formes galéniques sont extrêmement peu variées et on ne trouve quasiment que des huiles.
C’est durant la Seconde Guerre mondiale qu’est utilisé, pour la première fois, le Red Vet Pet (RVP) ou vaseline jaune obtenue par distillation du pétrole ; cette préparation, au demeurant fort simple (!) va faire partie de l’équipement de base du soldat en zone tropicale. Bien plus tard, William MacEachern et Otis Jillson célébreront le RVP comme le produit solaire idéal, très substantif et peu coûteux… Selon eux, une seule application serait capable de protéger totalement la peau des UV pendant une durée atteignant 20 heures sous un fort ensoleillement ! Il est permis d’en douter !
Au cours des années 1950, un certain nombre d’avancées scientifiques vont contribuer à l’acquisition de connaissances dans le domaine des PPS. En effet, en 1957, l’irradiation de lapins albinos permet de comparer l’efficacité des benzophénones à celle de l’acide p-amino-benzoïque ou de l’acide tannique.
Les années 1970 voient l’aboutissement d’un certain nombre de recherches visant à la mise au point de méthodes de détermination de l’efficacité des PPS. En effet, jusqu’à cette époque, les PPS n’afficheront pas d’indice. Ce n’est qu’en 1966, qu’a été établie la relation entre la dose minimale érythématogène, exprimée en μW.s.cm–2 et la longueur d’onde. C’est ce qui a permis par la suite le calcul du Sun Protection Factor (SPF), facteur qualifié aujourd’hui d’universel. Les premiers indices sont très bas (de l’ordre de 5 !), ce qui n’est plus concevable aujourd’hui.
Au fil du temps, des filtres UVB, des filtres UVA et des filtres à spectre large (couvrant les domaines UVA et UVB) sont synthétisés. Leur association dans des excipients adaptés permet d’atteindre de très hauts indices. On peut même dire que les indices vont littéralement « s’envoler », dans les années 1990, d’où la réglementation qui se met en place au début des années 2000 afin de limiter les valeurs affichées à 50+.
Des années 1930 aux années 2000, la formulation des PPS a donc évolué de manière considérable aboutissant, de nos jours, à la mise sur le marché de PPS, dans la grande majorité des cas, sûrs et efficaces.
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4. Conclusion
La photoprotection topique est un domaine complexe tant en ce qui concerne la formulation des produits que la mise en évidence de l’efficacité de ces derniers. Pour autant, il s’agit d’un véritable enjeu de santé publique. Il est donc capital de pouvoir mettre sur le marché des produits sûrs d’emploi et permettant d’assurer de très hauts niveaux de protection dans le domaine ultraviolet.
On se rend compte que le nombre de filtres à disposition du formulateur est extrêmement limité, d’autant plus dans le domaine UVA. Il est donc important que la recherche s’intensifie dans le sens de la mise sous le marché de nouveaux filtres. Plusieurs axes sont susceptibles d’être explorés. La chimie de synthèse, et particulièrement la chimie des triazines, d’une part, est une voie à approfondir dans la mesure où cette famille de molécules fournit déjà des filtres très performants. La chimie extractive, d’autre part, devrait permettre de faire émerger des structures originales absorbant fortement dans le domaine des UVB et/ou des UVA. On sait, en effet, qu’un certain nombre d’organismes vivants – des lichens, des algues, des végétaux supérieurs – sont fortement exposés au rayonnement solaire. Pour protéger leur matériel génétique, ils produisent des métabolites secondaires susceptibles d’être de bons candidats dans le domaine de la photoprotection.
Comme toute démarche industrielle de ce type, la route est longue afin de mettre à disposition du consommateur des produits efficaces et sûrs (c’est-à-dire dépourvus de potentiel irritant et sensibilisant).
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BIBLIOGRAPHIE
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(1) - Protection solaire. Recommandations concernant les conditions d’étiquetage des produits de protection solaire. - http://ansm.sante.fr
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(2) - Sécurité des produits cosmétiques. Produits solaires. - http://ansm.sante.fr
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(3) - DIFFEY (B.) - Sunscreen isn’t enough. - J. Photochem. Photobiol. B : Biology. 64 (2-3) 105-108 (2001).
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(4) - COUTEAU (C.), PAPARIS (E.), COIFFARD (L.J.) - Sun oils : effect of the applied dose on SPF determined by using in vitro method. - Pharm Dev Technol. 19 (3) 315-317 (2014).
-
(5) - COUTEAU (C.), PAPARIS (E.), EL-BOURRY-ALAMI (S.), COIFFARD (L.J.) - Influence on SPF of the quantity of sunscreen product applied. - Int J Pharm 437 (1-2) : 250-252 (2012).
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(6) - ROELANDTS (R.) - Rayonnement...
ANNEXES
Nouveaux filtres solaires, compositions photoprotectrices les contenant et utilisations – EP 0711778 A1 (L’Oréal, 1996)
Procédé de photostabilisation de filtres solaires dérivés du dibenzoylmethane par un filtre organique insoluble – EP 1093797 (L’Oréal, 2001)
Composition, notamment cosmétique, renfermant un stéroïde et un filtre UV liposoluble – CA 2355357 A1 (L’Oréal, 2001)
Composés dérivés de dibenzoylméthane, utilisation en tant que filtres solaires photoactivables et compositions cosmétiques les contenant – EP 1648849 (Bioderma/CNRS/Université de Toulouse, 2006
Préparation d’écran solaire de type émulsion eau dans l’huile – EP 1992328 (Shiseido, 2008)
Émulsions antisolaires fluides huiles eau contenant des tensioactifs jumelés et un copolymère réticulé d’acide méthacrylique et d’acrylate d’alkyle en C1 – C4 – WO 2009077272 (L’Oréal, 2009)
Compositions d’écran solaire comprenant des pigments de couleurs – WO 2009077356 (Ciba, 2009)
Émulsions sans émulsionnant contenant au moins un filtre UV organique insoluble – T 0864/09 (L’Oréal, 2012)
Phenethyl-, phenethylen-, phenetin- und indanonderivate in kosmetischen zubereitungen, insbesondere zur verwendung bei hautalterungsprozessen – WO 2012016619 A1 (BASF, 2012)
Novel photoprotective system – US 20150050223 A1 (Pierre Fabre Dermo-Cosmétique, 2012)
Sunscreen compositions comprising colour pigments US 2017/0231889 A1 (L’Oréal, 2017)
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