Présentation
Auteur(s)
-
Pierre DHEZ : Docteur ès Sciences - Chercheur au Centre National de la Recherche Scientifique
Lire cet article issu d'une ressource documentaire complète, actualisée et validée par des comités scientifiques.
Lire l’articleINTRODUCTION
Dans différents types d'applications, des qualités précises sont requises pour la surface, ou une très faible épaisseur, qu'il faut donc caractériser. Dans certains cas, la couche superficielle à laquelle on s'intéresse est la première couche atomique et éventuellement quelques autres plus profondes ; cela correspond à des épaisseurs de l'ordre du nanomètre. Pour d'autres applications, la couche superficielle, l'interface ou les couches multiples sous-jacentes à étudier sont de l'ordre de quelques dizaines à quelques centaines de nanomètres ou même quelques micromètres. À chacune de ces échelles, la description la plus appropriée peut être différente et diverses techniques sont spécialement adaptées. Mais dans tous les cas, de la monocouche atomique à la couche de plusieurs micromètres, les rayons X permettent d'apporter des informations de façon non destructive aussi bien sur la composition que sur la structure.
La topographie d'une surface, c'est-à-dire ses variations dans les trois dimensions, est souvent appelée rugosité si l'on considère les défauts à courte distance. Pour l'étudier, plusieurs méthodes complémentaires sont nécessaires, car on doit regarder des fréquences spatiales depuis le millimètre jusqu'au dixième de nanomètre. Des profilomètres de type mécanique ou optique (interférométrie, microscopies de différents types) ont été développés pour satisfaire ces divers besoins. La microscopie électronique a aussi été utilisée pour les études de surfaces. Beaucoup plus récemment sont apparus un ensemble de techniques de microscopie dites à champ proche, effet tunnel, forces atomique ou magnétique.
En fait, dans nombre d'applications, on souhaite non seulement décrire la topographie de la surface mais aussi connaître l'épaisseur d'une couche déposée ou formée, sa nature chimique et celle de l'interface entre la couche de surface et son substrat. Alors que les dépôts par voie électrolytique sont relativement anciens, ceux par évaporation sont plus récents et de plus en plus employés. La microélectronique, par exemple, utilise un grand nombre de matériaux en couche mince dont on doit strictement contrôler les qualités. Les tests à l'échelle macroscopique ou microscopique des surfaces et interfaces de composants électroniques, par exemple, permettent de caractériser la composition chimique des surfaces ou interfaces des motifs gravés et celles des supports de semi-conducteurs.
Dans la plupart des méthodes de caractérisation utilisant des photons ou des particules comme sonde, on s'efforce de limiter l'excitation à une faible couche de surface, afin que le signal recueilli ne soit pas noyé dans celui provenant des couches sous-jacentes. Les informations obtenues sont déduites en étudiant les particules ou les photons émis en réponse à l'excitation. En fait, la profondeur sondée dépend non seulement de la profondeur de pénétration de l'excitation, mais aussi de la possibilité qu'ont les rayonnements ou les particules émises pour ressortir de la couche excitée. Quant à la résolution spatiale de la caractérisation effectuée, elle dépend de la possibilité de focaliser les photons ou les particules incidentes.
Nous nous restreindrons ici à résumer les possibilités et les limitations de l'analyse des surfaces, des interfaces et des couches minces, à l'aide des rayons X. Nous les comparerons brièvement aux autres méthodes. Nous montrerons comment certaines techniques de caractérisation de couches minces à l'aide des rayons X se rattachent à celles relativement plus classiques employant, elles aussi, les rayons X pour caractériser les solides ou les poudres. Nous insisterons particulièrement sur l'emploi du domaine X compris entre environ 0,05 et 0,25 nm, le plus couramment employé en radiocristallographie et ne nécessitant pas la mise sous vide des échantillons. Les méthodes d'analyse et de caractérisation employant les rayons X (cf. articles spécialisés de ce traité) sont devenues relativement courantes dans l'industrie (diagramme de poudre, étude de texture, analyse par fluorescence X, etc.), celles visant à caractériser les surfaces sont longtemps restées du domaine du laboratoire ou de la recherche. Récemment les principaux fabricants de tubes et de goniomètres X ont adapté leurs appareils [Enraf Nonius, Philips, Siemens ...] ou commercialisé des systèmes mis au point spécialement dans des laboratoires.
La gamme de longueurs d'onde X s'étendant de 0,05 à 0,25 nm permet de laisser l'échantillon à l'air et, dans les conditions normales, pénètre sur quelques micromètres dans les matériaux. Nous insisterons d'abord sur les conditions d'excitation sous incidence rasante, car cette disposition permet d'optimiser la sensibilité d'analyse des premières couches de surface. De plus, nous verrons que certaines méthodes de caractérisation de surface nécessitent des flux de photons importants, en particulier si l'on souhaite des mesures cinétiques pour suivre une réaction, et qu'il est souvent avantageux de pouvoir faire varier continûment la longueur d'onde X d'excitation. En conséquence, quelques-unes des techniques décrites ci-après ne sont pleinement exploitables qu'avec les sources de rayonnement synchrotron.
VERSIONS
- Version archivée 1 de oct. 1977 par Pierre MICHEL
- Version archivée 2 de avr. 1990 par Pierre MICHEL
DOI (Digital Object Identifier)
Cet article fait partie de l’offre
Techniques d'analyse
(289 articles en ce moment)
Cette offre vous donne accès à :
Une base complète d’articles
Actualisée et enrichie d’articles validés par nos comités scientifiques
Des services
Un ensemble d'outils exclusifs en complément des ressources
Un Parcours Pratique
Opérationnel et didactique, pour garantir l'acquisition des compétences transverses
Doc & Quiz
Des articles interactifs avec des quiz, pour une lecture constructive
Présentation
5. Analyse chimique et étude de texture des couches
Avec les techniques X présentées jusqu’à présent, on a vu comment évaluer la densité des couches, leurs épaisseurs et leurs rugosités. Nous allons voir maintenant comment étudier la nature chimique et la microcristallinité des couches souvent appelée texture. En fait, la plupart des méthodes d’analyse sous rayons X classiquement employées pour les solides massifs peuvent être adaptées aux cas des couches de surface. Comme pour les autres techniques d’examen de surface, la solution est celle indiquée précédemment : on favorise l’excitation des couches de surface en employant des incidences rasantes et on ajuste ainsi l’épaisseur concernée. Quelques appareils commerciaux proposent des montages et des détecteurs électroniques adaptés aux études de surface. En particulier, les détecteurs à localisation permettent l’enregistrement simultané des photons X émis dans un large domaine angulaire.
5.1 Emploi de la diffraction
5.1.1 Couches amorphes, couches microcristallines
Les études dites de texture par rayons X sont employées depuis plusieurs années. Par exemple, pour les tôles laminées, on souhaite étudier le degré de cristallinité des couches proches de la surface ainsi que l’orientation préférentielle des microcristaux et leurs contraintes. Le principe de ces études dérive de la méthode dite de Debye-Scherrer, initialement appliquée aux poudres. Ici le principe est conservé mais l’incidence rasante permet de n’exciter, et donc de ne sonder, que les couches les plus superficielles de la surface des matériaux. Comme dans un diagramme de poudre mais, dans ce cas, autour du faisceau réfléchi spéculairement, on obtient des anneaux plus ou moins continus. Le diamètre des anneaux permet d’identifier la nature et les phases des constituants ; la continuité et la largeur des anneaux renseignent sur la taille des cristallites ou sur la structure amorphe de chaque constituant des couches sondées.
On doit noter que la structure cristalline des couches minces peut être différente de celles des solides massifs ou des poudres. Par exemple, les intensités relatives des raies peuvent être modifiées par l’orientation préférentielle induite par la croissance...
Cet article fait partie de l’offre
Techniques d'analyse
(289 articles en ce moment)
Cette offre vous donne accès à :
Une base complète d’articles
Actualisée et enrichie d’articles validés par nos comités scientifiques
Des services
Un ensemble d'outils exclusifs en complément des ressources
Un Parcours Pratique
Opérationnel et didactique, pour garantir l'acquisition des compétences transverses
Doc & Quiz
Des articles interactifs avec des quiz, pour une lecture constructive
Analyse chimique et étude de texture des couches
BIBLIOGRAPHIE
-
(1) - VORBURGER (T.V.), HUMBREE (G.G.) - Methods of surface characterization. - Vol. 3, New York 1987, Plenum Press.
-
(2) - GRASSERBAUER (M.) - Surfaces and interfaces analysis for the development of microelectronics devices. - Euroanalysis VI, Paris 1988, Éd. de Physique.
-
(3) - DAILLANT (J.) et al - * - Phys. Rev. A, 41, 1963 (1990).
-
(4) - BRUHAT (G.) - Optique. - Chap. XVII, Éd. Masson (1954).
-
(5) - PARRAT (L. G.) - Surface studies of solid by total reflexion of X-rays. - Phys. Rev. 95, 2, 359-369 (1954).
-
(6) - MATSHUSHITA (T.) et al - High resolution measurement of angle resolved X-ray scattering from flat mirrors. - J. Appl. Crystal. 17, 257-264 (1984).
-
...
Cet article fait partie de l’offre
Techniques d'analyse
(289 articles en ce moment)
Cette offre vous donne accès à :
Une base complète d’articles
Actualisée et enrichie d’articles validés par nos comités scientifiques
Des services
Un ensemble d'outils exclusifs en complément des ressources
Un Parcours Pratique
Opérationnel et didactique, pour garantir l'acquisition des compétences transverses
Doc & Quiz
Des articles interactifs avec des quiz, pour une lecture constructive