Présentation

Article

1 - RAPPEL DES PROPRIÉTÉS DE L’ANTIMOINE

  • 1.1 - Propriétés physiques
  • 1.2 - Propriétés chimiques

2 - GÉOCHIMIE ET MINÉRALOGIE

3 - GISEMENTS D’ANTIMOINE

  • 3.1 - Phénomènes concentrateurs de l’antimoine
  • 3.2 - Exploitation des gisements

4 - MINÉRALURGIE

  • 4.1 - Principes généraux
  • 4.2 - Cas particulier des gisements de stibine et d'or

5 - MÉTALLURGIE

  • 5.1 - Pyrométallurgie de la stibine et de l’antimoine métal
  • 5.2 - Hydrométallurgie de la stibine
  • 5.3 - Extraction de l'antimoine contenu dans les métaux de base

6 - TOXICITÉ ET ENVIRONNEMENT

  • 6.1 - Risques sanitaires
  • 6.2 - Pollution de l’environnement par l’antimoine

7 - USAGES

  • 7.1 - Retardateurs de flamme
  • 7.2 - Alliages
  • 7.3 - Chimie
  • 7.4 - Verrerie et céramique
  • 7.5 - Peinture
  • 7.6 - Médecine et pharmacie
  • 7.7 - Autres applications

8 - SUBSTITUTS DE L’ANTIMOINE

9 - RECYCLAGE

10 - CONCLUSIONS

11 - GLOSSAIRE – DÉFINITIONS

Article de référence | Réf : M2375 v1

Recyclage
Métallurgie extractive de l’antimoine

Auteur(s) : Pierre BLAZY, Virginie HERMANT

Date de publication : 10 mars 2015

Pour explorer cet article
Télécharger l'extrait gratuit

Vous êtes déjà abonné ?Connectez-vous !

Sommaire

Présentation

Version en anglais En anglais

RÉSUMÉ

L'antimoine est un métal cristallin de faible conductivité thermique et électrique. Ses principales espèces minérales sont la stibine (Sb2S3) et les sulfoantimoniures. La stibine est le minéral le plus exploité, mais l'antimoine est aussi un sous-produit de la métallurgie du plomb, du cuivre et des métaux précieux. Cet article rappelle d'abord les propriétés physiques et chimiques de l'antimoine, sa géochimie, sa minéralogie et sa gîtologie. Il traite ensuite des méthodes de minéralurgie et de métallurgie extractive de l'antimoine, avant de s'intéresser à sa toxicologie, ses substituts, son recyclage et ses usages, lesquels concernent principalement la fabrication de retardateurs de flamme, de batteries électriques et de produits chimiques.

Lire cet article issu d'une ressource documentaire complète, actualisée et validée par des comités scientifiques.

Lire l’article

ABSTRACT

Antimony is a crystalline metal with low thermal and electrical conductivity. Its main mineral species are stibnite (Sb2S3) and sulfantimonides. Stibnite is the most widely exploited mineral. Antimony is also a byproduct of the metallurgy of lead, copper and precious metals. This article first reviews the physical and chemical properties of antimony, its geochemistry, its mineralogy and its ore deposits. It then discusses methods for the mineral processing and extractive metallurgy of antimony, before looking at its toxicology, its substitutes, its recycling and its uses, which mainly concern the production of flame retardants, electrical batteries and chemical products.

Auteur(s)

  • Pierre BLAZY : Professeur honoraire, ancien directeur de l’École Nationale Supérieure de Géologie (ENSG), consultant - Station d’expérimentation et de valorisation des matières premières et des substances résiduaires (STÉVAL), ENSG, Vandœuvre-lès-Nancy, France

  • Virginie HERMANT : Agrégée de l’université, professeur (Éducation nationale et formation professionnelle) - STÉVAL (ENSG), Vandœuvre-lès-Nancy, France

INTRODUCTION

L’antimoine est largement distribué dans l’écorce terrestre. Ses principales espèces minérales sont la stibine, de loin la plus répandue, et les sulfoantimoniures de plomb et de cuivre. Le présent article, après une présentation des phénomènes concentrateurs et de la gîtologie de l’antimoine, s’intéresse à la minéralurgie et à la métallurgie extractive de celui-ci, ainsi qu’à ses usages, sa toxicité et son recyclage. Sont distingués deux types principaux de minerais d’antimoine : les minerais à stibine dominante et les minerais complexes de plomb, de zinc et de cuivre qui contiennent accessoirement de la stibine et des sulfoantimoniures. Dans l’industrie, les méthodes de minéralurgie et de métallurgie extractive sont adaptées à chacun de ces types de minerais.

À partir des minerais à stibine dominante, est produit un concentré de stibine et, lorsque ces minerais renferment de l’or, un concentré aurifère extrait séparément. Le concentré de stibine est ensuite traité par pyrométallurgie en vue de l’obtention d’un sulfure d’antimoine appelé « crude » ou de l’obtention d’un antimoine métal appelé « régule ». L’hydrométallurgie de la stibine permet la production d’un sel soluble d’antimoine à partir duquel il est possible d’obtenir de l’antimoine métal, mais elle est mal maîtrisée industriellement.

À partir des minerais complexes à stibine accessoire, sont produits, séparément, des concentrés de sulfure de plomb, de zinc et, éventuellement, de sulfure de cuivre. Au cours de ces opérations, l’antimoine se retrouve dans le concentré de sulfure de plomb et, le cas échéant, dans le sulfure de cuivre. Un traitement pyrométallurgique aboutit ensuite à la production de plomb d’œuvre ou de blister de cuivre, contenant de l’antimoine :

  • le plomb d’œuvre est épuré au cours d’une série d’opérations pyrométallurgiques. L’antimoine est transformé lors d’une de ces étapes en antimoniate de sodium, qui après réduction et raffinage donne un antimoine de qualité « régule ». Une autre méthode consiste à électrolyser le plomb d’œuvre, et à produire des boues anodiques qui, après fusion, donnent un plomb antimonieux ;

  • le blister de cuivre est raffiné par électrolyse. L’antimoine se retrouve avec Te, Se, Ag, Au et Cu dans les boues d’électro-raffinage du cuivre. Sa valorisation est difficile et la plupart du temps abandonnée.

Les risques pour la santé sont élevés, provoqués par l’inhalation des poussières de four ou des gaz toxiques émis lors de l’électro-raffinage du plomb ou de cuivre.

Sur le plan environnemental, l’antimoine pollue l’atmosphère par le biais de poussières et de gaz toxiques, les eaux naturelles par le biais de formes solubles et les sols par accumulation lente.

La majeure partie de l’antimoine est commercialisée sous forme d’oxyde ou d’antimoine électrolytique. Seuls quelques gros producteurs, dont la Chine, premier producteur mondial, assurent les besoins du monde entier.

Historique

L’humanité fait usage de l’antimoine depuis environ 6 000 ans.

D’un point de vue étymologique, l’origine de la forme latine « antimonium » demeure incertaine ; elle traduit peut-être le fait qu’à l’état naturel, l’antimoine ne se trouve pas seul (« monos » en grec), mais toujours en association avec d’autres éléments.

À la fin du 4e millénaire avant J.-C., en Égypte et en Phénicie, le sulfure d’antimoine naturel (stibine) entre dans la composition de cosmétiques et de médicaments.

En 3500 avant J.-C., les Chaldéens et les Égyptiens se servent de récipients en cuivre recouverts d’antimoine pour le transport de l’eau.

À partir de 1500 avant J.-C., le sulfure d’antimoine est utilisé par les Chinois, les Grecs puis par les Romains.

Au XVe siècle, le moine bénédictin Basile Valentin, dans son ouvrage intitulé Triumpf Wagen Antimonii (Le char triomphal de l’antimoine, paru au début du XVIIe siècle) célèbre, contre les adeptes de Galien, les diverses vertus thérapeutiques du trisulfure d’antimoine.

Dès 1520, l’antimoine intervient dans la fabrication des caractères d’imprimerie, des pigments pour le verre et la céramique, du tain utilisé pour les miroirs et des alliages destinés aux cloches.

En 1566, le Parlement de Paris interdit l’usage de composés d’antimoine en médecine, ce dont la Faculté de médecine de Montpellier ne tiendra aucun compte.

En 1658, alors que l’usage de l’antimoine à des fins médicales s’est poursuivi, Louis XIV aurait été miraculeusement guéri d’une intoxication alimentaire grâce à un émétique à base d’antimoine et de vin.

De 1800 à 1820, l’antimoine sert à la fabrication du « métal anglais » en France et du « babitt metal » en Angleterre.

De 1890 à 1910, la France est le premier producteur mondial d’antimoine, avec une quarantaine de mines en activité : la Compagnie des mines de la Lucette, notamment, est propriétaire des mines d’antimoine d’Auvergne et de plusieurs gisements en Mayenne.

En 1900, on fabrique des projectiles antipersonnels (schrapnell) et des plaques en plomb durci à l’antimoine.

De 1920 à 1950, l’antimoine est utilisé pour la fabrication d’accumulateurs de batteries au plomb antimonieux (véhicules civils et militaires) et de munitions à fragmentation ; il entre en outre comme ignifugeant dans la composition de toiles et de bâches goudronnées.

En 1920, la Chine et la Bolivie deviennent des pays producteurs importants.

De 1920 à 1930, le Mexique, l’Afrique du Sud et l’Union Soviétique deviennent à leur tour des producteurs significatifs.

Après 1950, l’antimoine connaît de nouveaux usages ; il intervient dans la composition d’alliages de sécurité et de plastiques ignifuges et est utilisé pour la vulcanisation du caoutchouc.

De 1980 à nos jours, la Chine augmente sa production pour atteindre actuellement 90 % de la production minière mondiale.

Cet article est réservé aux abonnés.
Il vous reste 95% à découvrir.

Pour explorer cet article
Téléchargez l'extrait gratuit

Vous êtes déjà abonné ?Connectez-vous !


L'expertise technique et scientifique de référence

La plus importante ressource documentaire technique et scientifique en langue française, avec + de 1 200 auteurs et 100 conseillers scientifiques.
+ de 10 000 articles et 1 000 fiches pratiques opérationnelles, + de 800 articles nouveaux ou mis à jours chaque année.
De la conception au prototypage, jusqu'à l'industrialisation, la référence pour sécuriser le développement de vos projets industriels.

KEYWORDS

roasting   |   stibnite   |   crude and regule qualities   |   smelting-reduction   |   scrap   |   ceramic   |   flame retardants   |   glass

DOI (Digital Object Identifier)

https://doi.org/10.51257/a-v1-m2375


Cet article fait partie de l’offre

Élaboration et recyclage des métaux

(135 articles en ce moment)

Cette offre vous donne accès à :

Une base complète d’articles

Actualisée et enrichie d’articles validés par nos comités scientifiques

Des services

Un ensemble d'outils exclusifs en complément des ressources

Un Parcours Pratique

Opérationnel et didactique, pour garantir l'acquisition des compétences transverses

Doc & Quiz

Des articles interactifs avec des quiz, pour une lecture constructive

ABONNEZ-VOUS

Lecture en cours
Présentation
Version en anglais En anglais

9. Recyclage

Le recyclage de l’antimoine est lié principalement au recyclage du plomb antimonieux, dont la majeure partie provient des fonderies de plomb secondaire : la production de celles-ci est assurée par la fusion, ensemble, de plaques de batteries usagées, d’alliages antifriction et de scraps de plomb plus ou moins riches en antimoine.

Le mélange de ces divers éléments est homogénéisé et affiné en four à cuve de dimensions réduites (1 à 5 m de longueur, 1 à 2 m de largeur), en four tournant de faible longueur (5 m de longueur, 3,5 m de diamètre) ou encore en four BSF (Bath Smelting Furnace). Le décuivrage a lieu par sulfuration, les impuretés étant ensuite oxydées par de l’air enrichi en oxygène [M 2 264]. L’antimoine suit le plomb et le nouvel alliage de plomb antimonieux est fondu en lingots de 30 kg.

HAUT DE PAGE

Cet article est réservé aux abonnés.
Il vous reste 94% à découvrir.

Pour explorer cet article
Téléchargez l'extrait gratuit

Vous êtes déjà abonné ?Connectez-vous !


L'expertise technique et scientifique de référence

La plus importante ressource documentaire technique et scientifique en langue française, avec + de 1 200 auteurs et 100 conseillers scientifiques.
+ de 10 000 articles et 1 000 fiches pratiques opérationnelles, + de 800 articles nouveaux ou mis à jours chaque année.
De la conception au prototypage, jusqu'à l'industrialisation, la référence pour sécuriser le développement de vos projets industriels.

Cet article fait partie de l’offre

Élaboration et recyclage des métaux

(135 articles en ce moment)

Cette offre vous donne accès à :

Une base complète d’articles

Actualisée et enrichie d’articles validés par nos comités scientifiques

Des services

Un ensemble d'outils exclusifs en complément des ressources

Un Parcours Pratique

Opérationnel et didactique, pour garantir l'acquisition des compétences transverses

Doc & Quiz

Des articles interactifs avec des quiz, pour une lecture constructive

ABONNEZ-VOUS

Lecture en cours
Recyclage
Sommaire
Sommaire

BIBLIOGRAPHIE

  • (1) - JEBRAK (M.), MARCOUX (E.) -   Géologie des ressources minérales  -  Association géologique du Canada et Société de l’Industrie Minérale, pp. 667, p. 446 et 447 (2008).

  • (2) - BUTTERMAN (W.C.), CARLIN (J.F.Jr.) -   Antimony  -  U.S.G.S. Mineral Commodity Profiles, Report 03-019, p. 1-33 (2004).

  • (3) - HABASHI (F.) -   Leachingin absence of oxidizing agents  -  Textbook of Hydrometallurgy, p. 276-278 (1986).

  • (4) - SOLOZHENKIN (F.), NEBRERA (V.), ABDULMANOV (I.) -   The technology of direct processing of antimony-bearing materials for obtaining of antimony compounds  -  Proc. of the XX IMPC-Aachen, p. 227-234 (21-26 Sept. 1997).

  • (5) - MUIR (C.), STETT (R.) -   Extraction of gold from antimony, rich slag by chloride hydrometallurgy  -  Proc. 3rd Int. Symp. Hydromet. 112 AIME Annu. Meet., pp. 825-838 (1983).

  • ...

1 Données économiques

HAUT DE PAGE

1.1 1. Production minière de l’antimoine et recyclage

La Chine est de loin le premier producteur minier d’antimoine (tableau ), assurant en 2014 90 % de la production mondiale, elle en fournissait déjà 87 % en 2001 [19]. Les graves inondations qui, en 2004, ont provoqué l’arrêt momentané des mines principales du Hunan, la Chine ayant alors dû importer momentanément de l’antimoine depuis la Russie, l’Afrique du Sud et les républiques d’Asie Centrale, n’ont pas bouleversé sa position.

La répartition des productions mondiales restent pratiquement sans changement depuis 5 ans.

Le recyclage de l’antimoine est effectué à partir du plomb antimonieux, notamment celui utilisé dans les batteries des véhicules automobiles ; le plomb antimonieux ainsi récupéré sert à la fabrication de nouvelles batteries. La quantité d’antimoine consommée dans les secteurs des batteries au plomb pourrait cependant se réduire à l’avenir, avec les récentes tentatives de substitution de l’antimoine par le calcium ou le lithium.

Très peu de trioxyde d’antimoine à partir des matériaux ignifugés est récupéré.

HAUT...

Cet article est réservé aux abonnés.
Il vous reste 92% à découvrir.

Pour explorer cet article
Téléchargez l'extrait gratuit

Vous êtes déjà abonné ?Connectez-vous !


L'expertise technique et scientifique de référence

La plus importante ressource documentaire technique et scientifique en langue française, avec + de 1 200 auteurs et 100 conseillers scientifiques.
+ de 10 000 articles et 1 000 fiches pratiques opérationnelles, + de 800 articles nouveaux ou mis à jours chaque année.
De la conception au prototypage, jusqu'à l'industrialisation, la référence pour sécuriser le développement de vos projets industriels.

Cet article fait partie de l’offre

Élaboration et recyclage des métaux

(135 articles en ce moment)

Cette offre vous donne accès à :

Une base complète d’articles

Actualisée et enrichie d’articles validés par nos comités scientifiques

Des services

Un ensemble d'outils exclusifs en complément des ressources

Un Parcours Pratique

Opérationnel et didactique, pour garantir l'acquisition des compétences transverses

Doc & Quiz

Des articles interactifs avec des quiz, pour une lecture constructive

ABONNEZ-VOUS