Présentation
EnglishRÉSUMÉ
Le traitement de l'air par des procédés innovants et peu consommateurs en énergie reste un défi important pour l'amélioration de nos conditions de vie, notamment dans les lieux d'habitation. Une solution prometteuse consiste à utiliser le pouvoir oxydant d'un plasma non thermique d'air à pression atmosphérique, associé ou non à un catalyseur. Cet article présente les principes de fonctionnement ainsi que les avantages et inconvénients de cette technologie novatrice qui commence à émerger au niveau industriel.
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Jean-Michel TATIBOUËT : Directeur de recherches au CNRS, - Chercheur à l'institut de Chimie des Milieux et Matériaux de Poitiers (IC2MP-UMR 7285), - École nationale supérieure d'Ingénieurs de Poitiers
INTRODUCTION
La qualité de l'air que nous respirons a toujours été une préoccupation importante aussi bien d'un point de vue sanitaire que pour le confort de vie. D'un point de vue historique, les « beaux quartiers » se sont toujours développés au vent des villes (à Paris, par exemple à l'ouest) afin de bénéficier de « l'air pur » de la campagne. De même, il était recommandé pour les convalescents, voire pour les malades (tuberculose, par exemple), des séjours en montagne (sanatorium) ou au bord de la mer. Ces associations entre santé et qualité présumée de l'air n'étaient pas réellement basées sur des données scientifiques précises, mais plutôt sur un empirisme associant souvent à l'odeur et à la poussière un rôle pathogène.
Le développement des sciences analytiques a permis de quantifier la notion d'air pollué et d'identifier la présence de composés toxiques dans l'air, en relation avec des études épidémiologiques montrant les effets pathogènes de ces composés, ce qui a conduit à l'édiction de normes régissant les émissions de ces composés toxiques et, par voie de conséquence, à développer des méthodes de traitement de l'air afin de les éliminer.
Actuellement, il convient de distinguer les effluents destinés à être rejetés à l'extérieur (effluents industriels) et le traitement de l'air intérieur (air provenant directement de l'extérieur et éventuellement pollué ou air recyclé) en raison, d'une part, des concentrations à traiter (plus élevées dans le cas d'effluents industriels) et, d'autre part, des normes qui sont plus contraignantes pour l'air intérieur.
En ce qui concerne les effluents industriels, la nature des polluants (composés organiques volatils – COV – éventuellement chlorés et/ou soufrés, oxydes d'azote) va, bien sûr, dépendre de l'activité industrielle concernée. En général, le nombre de polluants différents à traiter est peu important, ils sont bien identifiés ou facilement identifiables, mais le traitement correspond à un débit gazeux total important (de quelques milliers à plusieurs centaines de milliers de m3/h). Ces polluants sont souvent associés à des aérosols solides (poussières, suies) ou liquides qu'il conviendra de traiter d'une manière spécifique.
Les procédés les plus couramment utilisés sont basés sur l'oxydation thermique à haute température (catalytique ou purement thermique) dans des unités fonctionnant en continu. Compte tenu des débits importants à traiter et de la température nécessaire à l'oxydation totale des COV, la dépense énergétique est importante mais peut être largement réduite par récupération de chaleur et si la concentration de COV à éliminer à traiter est suffisante pour assurer l'autonomie énergétique par utilisation de la chaleur provenant de l'exothermicité de la réaction d'oxydation totale des COV.
La concentration requise pour atteindre l'autothermie du procédé peut être réalisée par concentration des effluents ou, de manière plus astucieuse, par une captation judicieuse des émissions de polluants, avant qu'elles soient diluées dans l'air ambiant des ateliers.
Le traitement des oxydes d'azote (NOx) concerne essentiellement les fumées de combustion et nécessite l'ajout d'un réducteur (urée, ammoniac ou hydrocarbure) afin de réduire les NOx en N2, mais ce réducteur doit être totalement éliminé avant rejet de l'effluent dans l'atmosphère.
Il faut citer aussi les traitements biologiques, souvent très efficaces mais difficiles à contrôler et l'échange gaz-liquide (le plus souvent de l'eau), mais qui nécessite de traiter ultérieurement l'effluent liquide.
Le traitement de l'air intérieur (maisons, bureaux, trains, avions, bus…) peut sembler plus complexe en raison de la grande diversité de polluants potentiels et du très faible niveau de polluants résiduels requis . Toutefois, les flux à traiter restent modestes (quelques centaines à quelques milliers de m3/h), ce qui ne nécessite que des installations de petite taille pouvant éventuellement être embarquées.
La difficulté de ce type de traitement est d'utiliser un procédé efficace, peu sélectif, d'encombrement réduit et peu coûteux (en investissement, en énergie et en maintenance).
Les seuls procédés actuellement développés sont basés sur l'adsorption (charbon actif) ou la photocatalyse (UV + TiO2) : procédés « froids », ne nécessitant pas de chauffage de l'air à traiter. Le procédé par plasma non thermique, associé ou non à un catalyseur pourrait constituer une alternative à ces deux procédés mais bien que très prometteur (peu coûteux en énergie, compact et « on-off ») il est encore largement au stade de la recherche ou du prédéveloppement industriel, peu de systèmes basés sur le plasma étant actuellement proposés sur le marché.
L'amélioration des traitements curatifs des effluents industriels relève plutôt de l'amélioration des procédés (limitation de l'utilisation de solvants, confinement des émissions, captation améliorée des émissions) avec un double but : efficacité et diminution de la consommation énergétique.
En revanche, peu de solutions satisfaisantes semblent exister pour les installations de petite dimension et pour l'air intérieur, qu'il soit domestique (maisons) ou public (transports, bureaux, lieux publiques). Néanmoins, un marché potentiel important devrait exister pour de petites installations, peu énergivores, transportables voire embarquées, sachant que les méfaits, à long terme, des polluants en faible concentration sont de plus en plus pris en compte.
Cet article présente une mise au point, aussi bien au niveau connaissances technologiques que potentialités des procédés de traitement de l'air utilisant l'action d'un plasma non thermique.
MOTS-CLÉS
plasma non thermique catalyseur qualité de l’air COV odeurs ozone
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2. Nature chimique du plasma d'air à pression atmosphérique
2.1 Description physico-chimique
Comme indiqué précédemment, le plasma est initié par une avalanche électronique constituée d'électrons très énergétiques. Leur énergie peut dépasser 10 eV, ce qui correspond à une température thermodynamique supérieure à 100 000 K ( ). Ces électrons « chauds » sont capables de transférer aux molécules du gaz une partie de leur énergie par des collisions inélastiques conduisant à la formation d'ions, d'espèces excitées, voire à briser certaines liaisons créant alors des espèces radicalaires très réactives qui, en se recombinant, peuvent aboutir à la formation d'espèces moléculaires ou non, stables ou métastables, alors que la température moyenne du gaz évolue peu.
Dans le cas des plasmas à pression atmosphérique, la décharge n'est pas homogène dans l'ensemble du gaz, mais se présente sous la forme de nombreux filaments (couramment appelés « streamers »). Ceux-ci ont un diamètre de l'ordre d'une centaine de µm et se propagent très rapidement (≈ 10 ns) d'une électrode à l'autre, avec une vitesse de l'ordre de 107 à 108 cm/s. Ces filaments constituent des conduits par lesquels transitent les électrons et sont donc le lieu privilégié des réactions chimiques primaires du plasma à partir duquel les espèces formées par le plasma vont pouvoir diffuser dans l'ensemble du gaz (figure 4).
Dans le cas des décharges à barrière diélectrique, le dépôt d'électrons sur le diélectrique associé à l'électrode chargée positivement (ou d'ions positifs sur le diélectrique associé à l'électrode chargée négativement) va alors diminuer le champ électrique jusqu'à une valeur ne permettant plus la formation de plasma. Une nouvelle décharge ne pourra se produire qu'après élimination de ces charges adsorbées, soit par annulation de la différence de potentiel entre les électrodes, soit par inversion de la polarité (tension alternative). La durée totale...
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Nature chimique du plasma d'air à pression atmosphérique
BIBLIOGRAPHIE
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(1) - FANLO (J.L.), CARRE (J.) - Pollution olfactive, sources d'odeurs, cadre réglementaire. Techniques de mesure et procédés de traitement - Étude Record n° 03-0808//0809/1A, http://www.record-net.org (Mars 2006).
-
(2) - OUKACINE (L.), PINARD (L.), TATIBOUET (J.M.) - 2-propanol removal from air by combination of a DBD reactor and a MnO2/AC catalyst : a kinetic study - Actes du 5th International Symposium on Non-Thermal Plasma Technology (ISNTPT-5), Île d'Oléron, (19-23 juin 2006).
-
(3) - LEE (H.M.), CHANG (M.B.) - Gas-phase removal of acetaldehyde via packed-bed dielectric barrier discharge reactor - Plasma Chem. Plasma Proc., 21, 329-343 (2001).
-
(4) - MASUDA (S.), HOSOKAWA (S.), TU (X.), WANG (Z.) - Novel plasma chemical technologies – PPCP and SPCP for control of gaseous pollutants and air toxics - J. Electrostat., 34, 415-438 (1995).
-
(5) - WANG (H.), LI (D.), WU (Y.), LI (J.), LI (G.) - Removal of four kinds of volatile organic compounds mixture in air using silent discharge reactor driven by bipolar pulsed power - J. Electrostat., 67,...
DANS NOS BASES DOCUMENTAIRES
ANNEXES
Pour approfondir ses connaissances, le lecteur pourra consulter l'ouvrage suivant :
Non-equilibrium air plasmas at atmospheric pressure, Édité par : BECKER (K.H.), KOGELSCHATZ (U.), SCHOENBACH (K.H.) et BARKER (R.J.) in Series in Plasma Physics, Institute of Physics, publié par ROUTLEDGE c/o Taylor & Francis Group, Bristol UK-New York USA (2004) ISBN 978-0-7503-0962-2.
HAUT DE PAGE2.1 Laboratoires – Bureaux d'études – Écoles – Centres de recherche
Groupe de Recherche sur l'Énergétique des Milieux Ionisés (GREMI)
UMR CNRS 7344
Université d'Orléans, Polytech'Orléans
Site web : http://www.univ-orleans.fr/gremi
Laboratoire de Physique des Gaz et des Plasmas (LPGP)
UMR CNRS 8578
Université Paris-Sud 11, Orsay
Site web : http://www.lpgp.u-psud.fr/modeles/ind.php
Laboratoire de Physique des Plasmas (LPP)
UMR CNRS 7648
École Polytechnique, Palaiseau
Le lecteur trouvera une liste très complète des laboratoires de recherche dans le domaine du plasma non thermique sur le site web du Réseau Plasmas Froids du CNRS :
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