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Daniel BASTIEN : Ingénieur du Conservatoire national des arts et métiers - Ancien de la Direction des réacteurs nucléaires du Commissariat à l’énergie atomique (CEA)
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Lire l’articleINTRODUCTION
Les réacteurs RBMK (Reactor Bolshoï Moshchnosti Kalani, ce qui signifie réacteur de forte puissance à canaux) sont des réacteurs à tubes de force, refroidis à l’eau ordinaire bouillante. De conception soviétique, ils n’avaient pas été exportés dans les pays satellites de l’ex-URSS et ce n’est qu’à la suite de l’éclatement de cette puissance, en 1990, qu’ils se sont retrouvés répartis dans trois pays indépendants : la Russie, l’Ukraine et la Lituanie.
À l’origine, ce type de réacteur a été conçu pour la production de plutonium à des fins militaires. Le renouvellement des combustibles pendant le fonctionnement du réacteur, justifié par le nombre important de canaux qu’il serait trop pénalisant de manutentionner à l’arrêt, se prête bien à ce type de production. Ce programme militaire était important puisque pas moins de six réacteurs de ce type ont été construits dont quatre sont encore en service (tableau A).
La faible puissance, et donc la taille, des réacteurs militaires a ensuite été extrapolée pour en faire une application électrogène civile, d’une puissance électrique de 1 000 MW, puis 1 500 MW.
Dans les années 1970, le concept du réacteur RBMK était connu à l’Ouest. Cependant, les relations avec l’ex-URSS, isolée derrière son « rideau de fer », restaient sur un plan trop général, en particulier dans un domaine aussi sensible que celui du nucléaire, pour avoir une idée exacte des caractéristiques techniques des RBMK. Tout au plus, savions-nous que ce réacteur à eau bouillante (donc sans circuit secondaire et, en particulier, sans générateurs de vapeur), à tubes de force (donc sans cuve primaire) faisait appel pour sa construction à une industrie classique. En contrepartie de ces avantages, la modération neutronique réalisée par du graphite et, dans une moindre mesure, par l’eau de refroidissement, pouvait conduire dans certaines conditions de fonctionnement à un coefficient de vide très positif.
Il aura fallu la catastrophe de Chernobyl survenue le 26 avril 1986 et la pression de l’opinion internationale, pour contraindre l’URSS à lever un coin du voile sur des données plus précises. Après avoir prétendu à une totale responsabilité de l’équipe d’exploitation au lendemain de l’accident, l’URSS a dû admettre que la conception des RBMK comportait un certain nombre de faiblesses et d’insuffisances auxquelles il était indispensable de remédier.
L’éclatement de l’ex-URSS a grandement favorisé l’échange d’informations, d’autant plus que les difficultés économiques qui s’en sont suivies ont conduit la Russie à se tourner de plus en plus vers l’aide internationale qui lui était offerte. La contrepartie était une obligation de transparence, même si parfois celle-ci est apparue un peu opaque aux yeux des experts des pays de l’Ouest qui se sont intéressés à ce sujet.
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5. Conclusions
Le concept des réacteurs RBMK souffrait, d’origine, de carences graves vis-à-vis de la sûreté. Les modifications réalisées sur les réacteurs russes et lituaniens corrigent les défauts les plus criants, rendant improbable le renouvellement d’un accident du type de Chernobyl . Par contre, l’état exact des éventuelles modifications du réacteur ukrainien n 3 de Chernobyl est très mal connu. D’autre part, les difficultés économiques, rencontrées par les trois pays concernés, freinent la mise en place de la totalité des mesures annoncées. Les multiples différences entre ces réacteurs, y compris dans une même génération, rendent nécessaire une étude de sûreté spécifique pour chacun d’eux. La démarche a été entreprise et devrait être complétée par une étude probabiliste. La remise à niveau sera longue et suppose des autorités de sûreté indépendantes, disposant de moyens permettant d’assumer leurs responsabilités.
En Ukraine, il ne reste qu’un seul réacteur en fonctionnement à Chernobyl. La situation particulière de ce site sinistré et la pression internationale, qui s’exerce pour l’arrêt du dernier réacteur, conduiront vraisemblablement à la fermeture définitive de la centrale dans un avenir proche.
Les réacteurs RBMK représentent 45 % de la puissance nucléaire installée en Russie. Ceci explique que la stratégie d’amélioration suivie par les autorités russes se place dans une perspective à long terme. Les opérations de retubage entreprises, longues et onéreuses, en sont une illustration. Elles donnent aux réacteurs une espérance de vie d’une quarantaine d’années, ce qui conduira, sauf imprévu, le dernier construit à un arrêt aux environs de 2030.
La situation est encore plus cruciale en Lituanie où les deux réacteurs fournissent 80 % de la production électrique du pays, tout en assurant la rentrée de devises par la vente d’électricité aux pays baltes voisins. La poursuite...
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BIBLIOGRAPHIE
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(1) - DOLLEZHAL (N.A.), EMEL’YANOV (I.YA.) - Réacteur nucléaire de puissance à tubes de force. - Atomizdat, Moscow 1980.
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(3) - ALMENAS (K.), KALIATKA (A.), USPURAS (E.) - Ignalina RBMK 1500. - A source book, Lithuanian Energy Institute, Kaunas 1994.
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(4) - L’accident et la sûreté des réacteurs de la filière RBMK. - GRS 129, Berlin, févr. 1996.
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(5) - General regulation for nuclear power plant safety. - URSS - OPB 88, Moscow 1989.
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(6) - Multiple pressure tube rupture in channel type reactor. - IAEA/EBP/RBMK 02, Vienna, août 1995.
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