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Jacques LIBMANN : Ancien ingénieur à l’IPSN (Institut de Protection et de sûreté Nucléaire) - Consultant à l’AIEA (Agence Internationale pour l’Énergie Atomique)
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Lire l’articleINTRODUCTION
Les réacteurs de production d’électricité exploités en France à la fin des années 1990 sont tous de la filière utilisant de l’oxyde d’uranium légèrement enrichi, éventuellement mélangé à de l’oxyde de plutonium, modérés et refroidis à l’eau légère sous pression, la vapeur entraînant la turbine étant produite dans des générateurs de vapeur. Ce sont donc des réacteurs à eau sous pression (REP).
Comme cela est présenté dans d’autres articles (B 3 800 et B 3 810 notam- ment) c’est l’exploitant qui est le premier responsable de la sûreté de son installation. Il doit cependant en justifier devant l’autorité de sûreté française représentée par la Direction de la Sûreté des Installations Nucléaires (DSIN). Ces principes sont conformes aux recommandations internationales et, notamment, à la Convention Internationale sur la Sûreté, ratifiée par la France. L’analyse technique des dossiers justificatifs présentés par les exploitants est effectuée par des organismes d’expertise dont, principalement, l’Institut de Protection et de Sûreté Nucléaire (IPSN). Cet article ne revient pas sur cette organisation ni sur les procédures d’autorisation décrites par ailleurs mais se centre sur des aspects plus techniques.
La sûreté des centrales nucléaires actuellement en service dépend :
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de leur conception d’origine et de la qualité de leur réalisation ;
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du vieillissement des installations ;
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des améliorations apportées au cours du temps à cette conception ;
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des conditions de leur exploitation et, plus généralement, de la culture de sûreté de l’ensemble des intervenants et de leur hiérarchie.
Le respect des règles de conception et d’exploitation définies pour ces installations est destiné à leur assurer un niveau de sûreté élevé.
Il est ensuite possible d’évaluer, par le calcul, la probabilité de fusion du cœur, accident susceptible de provoquer des rejets significatifs dans l’environnement. Grâce aux précautions de conception, de construction et d’exploitation ce phénomène est rare et l’expérience ne permet pas de vérifier la pertinence du résultat global de ces calculs.
Par contre, l’observation de l’exploitation d’un parc important de centrales nucléaires et les incidents et anomalies qui se produisent sont des indicateurs du niveau de sûreté. Leurs conséquences radiologiques réelles sont le plus souvent nulles. L’analyse de ces incidents, dont certains peuvent avoir un caractère précurseur de situations plus sérieuses, permet de définir des mesures correctives propres à éviter leur répétition. L’homme joue évidemment un rôle essentiel dans la prévention, la détection et la gestion de ces anomalies et incidents. Il peut quelquefois aussi les provoquer.
Enfin la sûreté n’étant pas une notion figée, des examens globaux périodiques (tous les 10 ans environ) permettent de s’assurer que le niveau de sûreté recherché à l’origine est bien atteint et ne s’est pas dégradé — notamment du fait du vieillissement des installations — et que le retour d’expérience a bien été utilisé. La comparaison avec les objectifs de sûreté les plus récents peut conduire à décider des améliorations supplémentaires sans qu’il s’agisse de demander aux installations ayant un certain âge d’être conformes à ce qui est demandé aux installations actuelles et futures. Pourtant, si le décalage s’avérait inacceptable et impossible à combler, une décision d’arrêt pourrait être prise. Ce n’est pas le cas actuellement.
Retour d’expérience, réexamen de la sûreté, évaluations probabilistes conduisent à un bilan de sûreté favorable à ce jour. Aucun rejet significatif de produits radioactifs vers l’environnement ne s’est produit en quelques 800 années-réacteurs de fonctionnement des réacteurs à eau français. Mais ces performances ne seront maintenues que par la poursuite et le développement de l’attitude de vigilance de tous les acteurs de la sûreté (personnels d’exploitation et de maintenance, organismes centraux de l’exploitant, concepteurs et organismes de sûreté) qui manifesteront ainsi leur culture de sûreté.
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4. Sûreté constatée
Les paragraphes précédents ont détaillé les précautions prises tant à la conception qu’à la construction et à la préparation de l’exploitation pour assurer la sûreté des réacteurs.
Les conditions d’exploitation contribuent évidemment à l’obtention d’une bonne sûreté mais cette exploitation est aussi un élément de vérification de l’efficacité de ces précautions de conception, au moins pour les situations les plus attendues.
Nous ne parlerons pas de la disponibilité des tranches, souci légitime des exploitants et bonne au demeurant, car son lien avec la sûreté peut être équivoque. On ne manque pas d’exemples de primauté de la disponibilité sur la sûreté. C’était peu ou prou le cas tant à Three Mile Island qu’à Tchernobyl. À l’inverse, une tranche bien exploitée et dotée d’équipements bien surveillés et bien entretenus aura toute chance d’avoir à la fois un bon niveau de sûreté et une bonne disponibilité.
Il est essentiel pour la sûreté des installations de détecter et d’analyser tout écart entre le comportement prévu des équipements et des hommes au regard de la sûreté et leur comportement réel. Mais constater ne serait qu’une préoccupation intellectuelle si les défaillances relevées ne donnaient lieu à une analyse détaillée de leurs causes immédiates mais aussi de leurs causes profondes et aux mesures correctives permettant d’éviter leur renouvellement.
Il faut aussi rechercher ceux de ces incidents qui sont susceptibles d’être des précurseurs de scénarios plus graves en cas de réaction tardive des opérateurs ou de défaillances supplémentaires. N’oublions pas que les accidents de Three Mile Island et de Tchernobyl avaient été « annoncés » par des débuts ou des parties de scénarios qui n’avaient pas eu de conséquences et avaient, à l’époque, été jugés de peu d’intérêt.
Le contexte français est très particulier : un seul organisme exploitant un grand nombre de réacteurs identiques ou voisins et, lui-même, architecte industriel de ses réalisations. En 1998, trente-quatre tranches de 900 MWe et vingt tranches de 1 300 MWe à eau sous pression sont en service. Trois des quatre tranches de 1 400 MWe ont démarré. Il s’agit...
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Sûreté constatée
BIBLIOGRAPHIE
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(1) - BOURGEOIS (J.), TANGUY (P.), COGNÉ (F.), PETIT (J.) - La sûreté nucléaire en France et dans le monde. - Polytechnica 1996.
-
(2) - LIBMANN (J.) - Éléments de sûreté nucléaire. - IPSN, Les Éditions de Physique 1996.
-
(3) - INSAG 10 - La défense en profondeur en sûreté nucléaire. - Rapport du groupe consultatif international pour la sûreté nucléaire. Agence Internationale de l’Énergie Atomique, Vienne 1997.
-
(4) - FAURÉ (J.) - Approche de la sûreté des sites nucléaires. - IPSN, Les Éditions de Physique 1995.
-
(5) - INSAG 4 - Culture de Sûreté. - Rapport du groupe consultatif international pour la sûreté nucléaire. Agence Internationale de l’Énergie Atomique, Vienne 1991.
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(6) - * - Contrôle,...
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