Article de référence | Réf : BE8620 v2

Conclusion
De Volta aux accumulateurs Li-ion

Auteur(s) : Frédéric LE CRAS, Didier BLOCH

Date de publication : 10 déc. 2024

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RÉSUMÉ

Depuis leur mise sur le marché en 1991, les accumulateurs lithium-ion ont envahi notre quotidien : ils alimentent en énergie nos smartphones, ordinateurs portables, tablettes, vélos électriques, etc ; tandis que véhicules électriques et hybrides se répandent dans les rues. Comment cette technologie s’est-elle, en quelques années, substituée aux filières établies depuis des décennies? Comment l’industrie asiatique a-t-elle réussi à occuper dans ce domaine une position dominante? Quelles seront les prochaines étapes du développement de ces systèmes de stockage électrique? En replaçant cette problématique dans un contexte historique, cet permet de comprendre l’enchaînement des découvertes et des évolutions dans ce domaine, et apporte un éclairage sur les développements en cours

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Auteur(s)

  • Frédéric LE CRAS : Directeur de recherche - CEA, LITEN, Grenoble, France

  • Didier BLOCH : Ingénieur-chercheur retraité - Ancien chef de laboratoire Matériaux Batteries - CEA, LITEN, Grenoble, France

INTRODUCTION

Dans la longue histoire du développement des systèmes de stockage électrochimique de l’énergie (piles, accumulateurs), l’avènement des accumulateurs au lithium métal, puis lithium-ion (Li-ion) représente un tournant majeur. Cette filière technologique associe une électrode positive à fort pouvoir oxydant avec une électrode négative à fort pouvoir réducteur, toutes deux imprégnées d’un électrolyte non aqueux, et physiquement séparées l’une de l’autre par un séparateur conducteur ionique et isolant électronique. Chaque cellule élémentaire (accumulateur unitaire) génère une tension à ses bornes (force électromotrice, ou f.e.m) voisine de 4 volts. Cette tension élevée constitue un premier atout pour permettre de stocker une quantité importante d’énergie électrique rapportée à la masse ou au volume de l’accumulateur (exprimée en Wh · kg–1 ou en Wh · L–1). L’optimisation du choix des matériaux et les progrès des procédés de fabrication réalisés depuis la commercialisation des premiers accumulateurs Li-ion en 1991 (80 Wh · kg–1 et 200 Wh · L–1) permettent d’atteindre aujourd’hui des densités d’énergies voisines de 250 Wh · kg–1 et 600 Wh · L–1, ainsi qu’une durée de vie en cyclage de l’ordre de plusieurs milliers de cycles charge/décharge. Ces performances sont de très loin les plus élevées obtenues parmi les systèmes rechargeables fonctionnant à température ambiante.

Les premiers accumulateurs Li-ion conçus entre 1985 et 1990 et commercialisés au début des années 1990 par les industriels japonais Sony et Asahi Kasei sont destinés à alimenter des caméscopes. Au cours d’une première phase de développement qui se prolonge sur une vingtaine d’années, l’amélioration très sensible de leurs performances et la baisse continue de leur prix permettent de répondre aux exigences toujours plus élevées des marchés des équipements électroniques portables grand public (consumer electronics), en développement très rapide au cours de cette même période (ordinateurs portables, téléphonie mobile, tablettes, outillage, équipements ménagers…). Plusieurs industriels asiatiques (Sanyo, Panasonic…) suivent l’exemple de Sony, en intégrant dans leurs propres usines la fabrication d’accumulateurs Li-ion. Ces derniers constituent en effet un composant essentiel du produit final qu’ils fabriquent, puisqu’ils en déterminent largement le poids, l’encombrement et le coût. Les technologies d’accumulateurs à électrolyte aqueux nickel-cadmium (Ni-Cd), puis nickel-hydrure métallique (Ni-MH), initialement utilisées, cèdent alors rapidement le pas, sur ces marchés, aux accumulateurs Li-ion. Ces initiatives stratégiques expliquent en grande partie la position de quasi-monopole que prennent les industriels japonais, coréens (LG, Samsung…), plus récemment chinois (BYD, CATL…) sur la production d’accumulateurs au lithium. Durant les années 2005-2015, la maturité technologique à laquelle ces industriels amènent la filière se traduit non seulement par une maîtrise de la fabrication à grande échelle, mais également par un niveau de performances, de sûreté d’utilisation et de coût qui imposent progressivement les accumulateurs au lithium comme une référence absolue non seulement sur leurs marchés traditionnels, mais aussi sur de nouveaux marchés jusque-là réputés inaccessibles.

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VERSIONS

Il existe d'autres versions de cet article :

DOI (Digital Object Identifier)

https://doi.org/10.51257/a-v2-be8620


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4. Conclusion

Après avoir coexisté au début des années 1990 avec trois technologies d’accumulateurs qui représentaient la quasi-totalité du marché, les accumulateurs Li-ion se sont peu à peu imposés comme source d’énergie électrique rechargeable dans pratiquement tous les dispositifs nécessitant une batterie embarquée. Cette hégémonie est la conséquence de performances inédites en termes de densité d’énergie, de l’aboutissement d’un haut degré de sécurisation, allié à un coût de production adapté aux marchés de masse. Les progrès réalisés dans la technologie Li-ion, l’augmentation des capacités de production et la baisse des couts réalisés durant les vingt premières années de son développement ont permis d’entrevoir à partir de 2010 la possibilité d’intégrer cette technologie dans les véhicules électriques, y compris des bus. La mise en place des premières Gigafactories, dont celle de Tesla en 2014 à Reno, a permis de franchir le pas et a initié la dynamique d’un large déploiement à travers le monde. La Chine porte une très grande part de cette croissance, mais un certain rééquilibrage est en cours en Europe avec l’installation des premiers sites de production à grande échelle. Aujourd’hui, les capacités et les volumes de production mondiales, qui atteignaient 730 GWh en 2022, continuent de se développer rapidement en lien avec les prévisions de croissance du marché du véhicule électrique. En se révélant comme un élément clef de la nouvelle industrie automobile, la technologie Li-ion et les ressources nécessaires à son déploiement sont ainsi devenus des éléments stratégiques pour l’économie occidentale. Paradoxalement, l’hégémonie actuelle de la technologie d’accumulateurs Li-ion et la forte croissance qui l’accompagne sont une motivation à initier le développement de technologies d’accumulateurs alternatives : Na-ion, K-ion, Li-S, organique… qui ne seront finalement pas forcément les plus performantes, mais qui sauront sans doute se différencier par l’utilisation de matériaux plus répandus et/ou une meilleure intégration dans une économie circulaire.

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BIBLIOGRAPHIE

  • (1) -   *  -  https://fr.wikipedia.org/wiki/Pile_Daniell

  • (2) - KUMMER (J.T.), NEILL (W.) -   Secondary battery employing molten alkali metal reactant.  -  Brevet États-Unis, 3,404,035 (1965).

  • (3) - LU (X.), LEMMON (J.P.), SPREKLE (V.), YANG (Z.) -   *  -  JOM, 62, p. 31-36 (2010).

  • (4) -   *  -  https://www.ngk-insulators.com/en/product/

  • (5) -   *  -  https://en.wikipedia.org/wiki/Think_Global

  • (6) - SUZUKI (M.), WADA (M.) -   Energy systems in electronics.  -  Gordon Breach Science Publishers, p. 79-105 (2012).

  • (7) - JASINSKI...

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