Présentation
En anglaisRÉSUMÉ
De nombreux scénarios énergétiques récents proposent des déploiements éolien et solaire massifs qui, au vu des données disponibles, vont induire des déséquilibres entre production et consommation instantanées d’électricité fréquents, importants et peu prévisibles. L’impact doit en être évalué en relation avec la capacité d’ajustement des moyens de production restant en soutien. Le basculement du défi actuel d’un pilotage des réseaux électriques satisfaisant les besoins d’électricité des consommateurs, à celui d’une compensation en temps réel des productions intermittentes, va s’imposer. Comme illustration, cet article évalue les effets sur le réseau français et les interconnections européennes du scénario proposé par l’ADEME de développement de l’éolien et du solaire à l’horizon 2030.
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Many recent energy scenarios advocate massive wind and solar deployments which, given available data, are going to generate frequent, important and poorly forecast imbalances between electricity production and consumption. Their impact must be assessed in relation with the flexibility of the remaining backup production capacity. One should expect a transformation of the present challenge to grid managers of a satisfaction of consumer electricity needs to that of an on-time balancing of intermittent productions. As an illustration, this work analyzes the impact on the French grid and the European high voltage cross border links of such random productions within the wind and solar growth hypotheses put forward by the ADEME agency
Auteur(s)
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Hubert FLOCARD : Directeur de recherche CNRS en retraite, St Jean de Védas, France
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Jean-Pierre PERVÈS : Ingénieur A et INSTN en retraite - Ancien directeur du CEA Fontenay-aux Roses et du CEA/Saclay, Bures sur Yvette, France
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Jean-Paul HULOT : Ingénieur en retraite, CEA, Limours France
INTRODUCTION
Les expressions, « Il y a toujours du vent quelque part ». « Il y a du soleil en milieu de journée quand le besoin d'électricité est le plus fort », en général énoncées sans s'appuyer sur de quelconques observations chiffrées, semblent relever d'un solide bon sens populaire. Or, ces dernières années ces phrases, imprécises et de ce fait sans véritable utilité, se sont retrouvées élevées au rang de concepts par les promoteurs des énergies renouvelables électrogènes. On parle alors de « foisonnement » et, en ce qui concerne l'électricité photovoltaïque, d'« adéquation production/consommation», auxquels on attribue la vertu de lisser ou d'ajuster aux besoins la production d'un pays ou celle d'un continent. Le foisonnement représente donc la capacité que pourrait avoir la production d'une zone climatique de compenser un excès ou un déficit de production dans une autre zone climatique : cette notion s'applique à l'éolien comme au solaire.
Ce faisant, on cherche avant tout à minorer une faiblesse majeure de ces productions : elles sont essentiellement intermittentes (ce travail traite conjointement de l'intermittence climatique de l'éolien et du solaire et de la variabilité journalière et saisonnière de ce dernier) et très médiocrement prévisibles. On verra qu'elles deviennent difficilement gérables dès que leurs contributions dépassent un certain niveau. En effet, un examen des données de production détaillées, en France comme dans l'Europe interconnectée, montre que l'intermittence est toujours très prononcée. L'amplitude et la cinétique des variations de production peuvent, même pour des tailles modestes de parcs éolien ou solaire, rapidement dépasser celles de la consommation de sorte qu'ils ne répondent que très imparfaitement aux besoins et souvent en créent de nouveaux.
Les dictionnaires français associent le mot « foisonnement » à la seule notion de « prolifération ». Dans cet article, nous avons plutôt utilisé l'acception originale, plus technique et maintenant reprise de façon récurrente par des organismes publics comme l'ADEME ou RTE, de « réduction des fluctuations temporelles de la production éolienne ou solaire par une dispersion géographique de ses sites de production ». Le foisonnement ainsi défini attribue donc à une délocalisation spatiale de la production, la vertu de lisser son évolution en fonction du temps.
Pour illustrer ce concept, on montre, par exemple, que, sur un jour ou quelques jours soigneusement choisis, la production éolienne du Languedoc-Roussillon évolue plus ou moins en opposition de phase avec celle des régions du Nord de la France. Cependant, considéré d'un point de vue statistique, cet exemple n'est pas plus informatif de la réalité du foisonnement que l'observation de deux personnes qui lancent simultanément une pièce de monnaie : il arrive parfois que l'une tombe sur pile et l'autre sur face.
C'est donc sur un ensemble important de données correspondant à une longue période – une année par exemple et pour une résolution temporelle cohérente avec les besoins d'ajustement du réseau électrique (l'heure ou moins) – que la réalité du foisonnement doit être testée.
KEYWORDS
wind | solar
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5. Perspectives de stockage à l'horizon 2030
Une façon de diminuer l'impact négatif des productions intermittentes consiste à stocker l'énergie électrique en période de surproduction (voire de considérer cette production comme totalement stockable pour assurer le suivi de charge en cas de besoin ultérieur). Les procédés de stockage sont nombreux, mais leurs performances sont très diverses. La figure 24 compare leurs performances relatives, l'objectif étant de disposer à la fois de fortes puissances (des GW) et de fortes capacités (des GWh), c'est-à-dire de temps de décharge longs (dizaines d'heures, journées).
Au niveau mondial en 2010, pour une puissance installée totale d'environ 4 400 GW, la capacité de stockage opérationnelle était la suivante :
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STEP140 GW ;
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air comprimé CAES0,43 GW (Allemagne et US) ;
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batteries NaS0,4 GW (Japon) ;
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volants d'inertie0,040 GW (US).
Les STEP, stations de transfert d'énergie par pompage, représentaient plus de 99 % du potentiel mondial de stockage d'électricité et 3,2 % de la puissance installée totale. Cet équilibre a peu évolué depuis. Seules les STEP et les stockages d'air comprimé (CAES qui en sont seulement au stade de démonstration en Allemagne, dans des cavernes géantes dans les anciennes mines de sel essentiellement) ont aujourd'hui un potentiel réel, avec un avantage considérable pour les STEP, en puissance aussi bien qu'en énergie stockée. Mais, compte tenu des obstacles sociaux et environnementaux, il y a peu d'espoir de les voir se développer substantiellement en France au-delà des 5 GW actuels, qui sont déjà affectés au suivi des pics de consommation quotidiens.
5.1 STEP de mer
Le concept de STEP de mer a été popularisé récemment car il présente l'avantage d'un stock d'eau infini au niveau inférieur : la mer. Le réservoir supérieur de volume limité serait implanté en altitude, dans la mesure où des dénivelés suffisants sont accessibles.
On évoque parfois aussi le concept d'atolls marins artificiels. il n'existe pas encore de projet de démonstration tant les quantités de matériaux à déplacer pour créer ces atolls artificiels sont considérables pour des performances faibles.
Cette idée a priori séduisante se révèle...
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Perspectives de stockage à l'horizon 2030
BIBLIOGRAPHIE
-
(1) - ACKET (C.), VAILLANT (J.) - Les énergies renouvelables : état des lieux et perspectives. - Éditions Technip (2011).
-
(2) - La recherche scientifique face aux défis de l'énergie. - Académie des sciences, EDP sciences (2012).
-
(3) - État des énergies renouvelables en Europe. - EurObserv'er, 12e bilan (2012).
-
(4) - Nucléaire et renouvelables dans la transition énergétique. - Revue générale nucléaire, no2, mars-avr. 2013.
-
(5) - SAFA (H.), BONIN (B.) - Quelle transition énergétique ? - EDP sciences (2013).
-
(6) - Contribution de l'ADEME à l'élaboration de visions énergétiques 2030/2050. - ADEME, juin 2013.
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...
ANNEXES
Études Sauvons le climat http://www.sauvonsleclimat.org/etudes.html
Dossiers du Groupe de réflexion sur l'énergie au XXIe siècle (GR21) de la Société française d'énergie nucléaire (SFEN) http://www.sfen.org/-Dossiers-du-GR21-
Données sur la production d'électricité en France du Réseau de transport d'électricité (RTE), site eCO2mix http://www.rte-france.com/fr/developpement-durable/eco2mix
EEX transparency http://www.transparency.eex.com
Paul Frederik Bach http://www.pfbach.dk/
HAUT DE PAGE2.1 Constructeurs – Fournisseurs – Distributeurs (liste non exhaustive)
RTE
ErDF
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