Présentation
En anglaisRÉSUMÉ
L'interférométrie radar exploite la différence de phase entre images radars. Les sources de données sont décrites avec un rappel de leurs propriétés, notamment celles liées à la phase, composante spécifique des images radars. Ses conditions de mise en oeuvre en termes de temps et d'espace et les produits attendus sont déclinés avec leurs limites et performances. La production des interférogrammes est décrite, partant des images et des données annexes, telles que trajectoires ou connaissance préalable du relief. Les traitements complémentaires, filtrages et déroulements de phase, sont abordés. Les principes d'interprétation des interférogrammes sont exposés avec leurs applications appuyées sur des exemples. Les perspectives de la technique et ses dérivées moins conventionnelles sont esquissées.
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Radar interferometry is based on the phase difference between radar images. Available data sources are described with a summary of their properties, in particular those related to the phase, a specific component of radar images. Its working conditions in terms of time and space, and the expected products, are described with their limits and performance. Interferogram production is detailed, starting from images and ancillary data such as trajectories or known topographic features. Auxiliary processing such as filtering and phase unwrapping are evoked. Principles of interferogram interpretation are set out with applications backed by examples. Prospects and unconventional derivatives of interferometry are reviewed.
Auteur(s)
-
Didier MASSONNET : Chef du projet PHARAO - Centre National d'Études Spatiales, Toulouse, France
INTRODUCTION
L'interférométrie par radar, terme consacré par l'usage, désigne en réalité une technique de comparaison de la phase entre images radars. En effet, si la création d'une image radar (le traitement de synthèse d'ouverture) peut être considérée comme l'organisation d'une interférence constructive entre les différents échos recueillis, cette comparaison est essentiellement la soustraction des phases de deux images radars préalablement superposées géométriquement, à laquelle on soustraira d'autres éléments systématiques comme l'effet des trajectoires à l'origine des deux prises de vue, la topographie du terrain dans les limites de la connaissance qu'on en a, voire les prédictions de modèles de déformation de subsidence, séismes ou autres. Cette différence, l'interférogramme, est une image de longueurs, puisque la phase est directement reliée à la longueur d'onde utilisée par le radar. Elle est cependant ambiguë car elle ne donne que le reste de toute différence géométrique constatée en aller-retour entre les deux images modulo la longueur d'onde. Le nombre entier de longueurs d'onde présent dans la mesure doit être restitué par d'autres méthodes. Elle est en général précise puisque les conditions de rapport signal à bruit permettent souvent d'apprécier la phase à 10 degrés près, voire mieux, ce qui, selon la longueur d'onde du radar, peut correspondre à des précisions de l'ordre du millimètre.
L‘interférométrie par radar, ou plus simplement interférométrie radar, peut calculer la topographie avec des précisions métriques, voire submétriques et révéler les déformations du sol ou des ouvrages d'art avec des précisions millimétriques. Elle contient également la différence des contributions de la variation de l'épaisseur atmosphérique lors des deux prises de vue, en général considérée comme un artefact plutôt gênant. Ce dernier est potentiellement révélateur de la pression atmosphérique, de la turbulence et du contenu en eau atmosphérique, mais sans aucune discrimination verticale.
L'usage de l'interférométrie radar s'est généralisé lorsque des satellites radars, notamment à partir de la mission ERS-1 (European Remote Sensing 1, lancé en 1991), ont permis d'établir une archive planétaire globale et homogène permettant des comparaisons avant et après un événement. Des missions dédiées, principalement la mission SRTM (Shuttle Radar Topography Mission) conduite en février 2000, ont permis d'établir une référence mondiale de modèles de terrains de précision moyenne.
La technique est facile à mettre en œuvre et ne comprend que des opérations bien connues (corrélations d'images, ré-échantillonnages, soustractions et combinaisons linéaires) et des simulations géométriques simples destinées à traduire en différence de phase les conditions expérimentales connues telles que la trajectoire des porteurs et la topographie du terrain.
Nous verrons que le déroulement de phase et les autres filtrages appliqués aux interférogrammes ne méritent pas l'importance qui leur a été accordée à l'aube de cette technique.
En revanche, les techniques d'interprétations basées sur les logiques spatiales et temporelles des prises de vue restent primordiales, mais s'acquièrent facilement.
L'interférométrie radar a conquis des domaines d'application de plus en plus variés. Elle peut donner lieu à des réalisations dédiées très performantes, mais reste principalement tributaire de la disponibilité massive et aisée des données produites par les missions spatiales embarquant des radars à synthèse d'ouverture.
KEYWORDS
topographic mapping | geodesy | geophysic | radar imagery | remote sensing
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7. Applications et perspectives de l'interférométrie radar
7.1 Calcul de la topographie
Par rapport aux autres méthodes de calcul de la topographie, l'interférométrie radar garde les avantages et les inconvénients de l'image radar. Son caractère tout temps permet d'obtenir des couples facilement mais la combinaison du recouvrement et du masquage rend délicat l'accès aux zones montagneuses. Pour ces dernières, il est probable que l'utilisation d'un système optique avec une prise de vue avant-arrière, un rapport base sur hauteur modéré et une heure locale pas trop éloignée de midi sera optimale. En revanche, sur les terrains peu contrastés avec des pentes bien inférieures à l'angle d'incidence, l'interférométrie pourra prendre le dessus, surtout si elle est quasi simultanée.
On notera également que même des instruments radars de résolution modeste peuvent atteindre des résolutions topographiques intéressantes : un « vieux » satellite comme ERS-1, avec ses pixels de 100 m2, opéré avec une altitude d'ambiguïté de 20 m encore loin de la limite interférométrique, peut prétendre faire mieux que le mètre en précision dans certains cas.
L'interférométrie se prête facilement à la réinterprétation d'images anciennes avec de nouvelles données, soit par combinaison entière, soit en utilisant les modèles de terrain calculés avec les premières.
Maintenant qu'il existe une référence mondiale de modèle numérique de terrain de qualité moyenne, on peut imaginer n'avoir presque jamais à dérouler des franges compliquées et nombreuses, mais plutôt à exploiter les interférogrammes pour améliorer les modèles existants. Dans cette optique, même des interférogrammes non simultanés, donc sujets à la présence d'effets atmosphériques, sont utiles : le modèle préexistant pourra rejeter les composantes atmosphériques en général caractérisées par des basses fréquences spatiales et s'enrichir des détails à hautes fréquences spatiales qui lui faisaient défaut.
Dans le cas des modèles très précis impliquant des milieux urbains, les discontinuités d'altitude des bâtiments devront être prises en compte soit avec des altitudes d'ambiguïté suffisamment grandes, soit avec plusieurs interférogrammes de sensibilités topographiques différentes capables de résoudre chaque altitude.
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BIBLIOGRAPHIE
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