Présentation
En anglaisRÉSUMÉ
Les propriétés optiques des milieux matériels sont une clé de compréhension des foisonnantes applications de l’optique. Dans cet article, un aperçu des aspects fondamentaux de l’interaction entre lumière et matière est décliné suivant plusieurs volets : propriétés des éléments comme les atomes, puis des arrangements basiques que sont les molécules et les solides. Sur cette base, les tenants et les aboutissants de la façon dont la lumière est absorbée, émise diffusée ou encore réfractée, sont abordés, ainsi que le rôle de l’ingénierie sub-longueur d’onde. Trois sections sur les émetteurs, les détecteurs, et les techniques de spectroscopie sont déclinées suivant ces diverses classes d’interaction.
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The optical properties of material media are a key to understanding the myriad applications of optics. In this article, an overview of the fundamental aspects of the interaction between light and matter is presented along several aspects: the properties of elements such as atoms, followed by the basic arrangements of molecules and solids. On this basis, the essential explanations of how light is absorbed, emitted, scattered or refracted are discussed, as well as the role of sub-wavelength structuring of material media. Three sections on emitters, detectors and spectroscopy techniques are finally accounted according to these various classes of interaction.
Auteur(s)
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Henri BENISTY : Professeur - Laboratoire Charles Fabry, IOGS, Université Paris-Saclay, Palaiseau, France
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Hugo CAYLA : Vidéaste scientifique - 13, rue Méchain, Paris 14e, France
INTRODUCTION
Ingénieurs et scientifiques utilisent couramment la lumière dans une myriade de systèmes, soit comme « témoin », pour des diagnostics ou des détections, soit de plus en plus comme moyen d’action, pour l’usinage, les traitements de surface, la purification, la chirurgie, en passant par les énergies renouvelables comme l’énergie solaire. La compréhension de ces techniques passe par la forme d’interaction propre au type de lumière et au type de matière mises en œuvre. Les différents constituants de la matière que sont les atomes et les molécules définissent les caractéristiques de ces interactions, c’est ce que nous appelons ici l’optique des milieux matériels et que nous abordons dans cet article. Nous savons aujourd’hui avec un grand raffinement comment la mécanique quantique gouverne tout cela. Elle est née en bonne partie de l’observation des spectres « de raies » des atomes et leur a donné leur explication admise depuis un siècle. Nous nous sommes fixé ici comme boussole de proposer une compréhension généraliste de l’interaction lumière-matière en analysant les degrés de liberté de la matière, les particules qui les portent et les répartitions d’énergie qu’ils adoptent : électrons, atomes, vibration des molécules, « bandes » des solides. Nous indiquons les modèles physiques sous-jacents sous une forme simplifiée. Nous évoquons la nature quantique du photon lui-même, clairement appelée à enrichir la palette des instruments et machines futurs en cryptographie ou dans des machines de simulation de systèmes complexes en gestation à travers le monde. Plus concrètement, la mise en œuvre des sources de lumière, telles les lampes, LEDs, lasers, filaments, etc. fournit des exemples utiles de conversion entre des formes d’énergie ou d’information électrique et optique. Nous parlons aussi des détecteurs, notamment les innombrables éléments à base de semi-conducteurs qui irriguent nos moyens d’information quotidiens, fibre ou caméra. Le thème de la spectroscopie est aussi omniprésent, tant il faut prendre acte qu’il est incontournable, car au fond, l’admirateur de l’arc-en-ciel ou le personnel médical qui analyse une image par résonance magnétique nucléaire (l’IRM) pratiquent tous deux des formes de spectroscopie.
Enfin, du point de vue environnemental, outre la question de l’énergie solaire déjà évoquée, quand se posent des questions de pollutions hélas trop fréquentes, ce sont très souvent des interactions optiques remarquables qui fournissent les bons schémas de détection (fluorescence, lidar, etc.). Dans un esprit proche, à l’heure des changements anthropiques du climat, il est forcément utile à tout ingénieur ou scientifique de comprendre le rayonnement thermique, qu’il s’agisse de traiter du confort « énergétiquement frugal » des lieux de vie ou bien de la compréhension des interactions des gaz avec le rayonnement infrarouge. Ce dernier point devra guider la façon dont nous devrons contrôler les principaux aérosols et bien sûr les gaz à effet de serre émis par les activités de nos différents secteurs agro-industriels.
Le lecteur trouvera en fin d'article un glossaire et un tableau des symboles utilisés.
KEYWORDS
light-matter interaction | spectroscopies | sub-wavelength structures
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6. Conclusion
La lumière est l’outil principal par lequel nous sondons notre environnement matériel. De ce fait, elle a de tout temps été une alliée précieuse pour les techniques humaines, et cela bien avant qu’on puisse, comme nous l’avons proposé ici, parler de l’optique des milieux matériels comme d’un champ scientifique et technique riche et varié.
Le décryptage de l’interaction de la matière avec la lumière s’appuie largement sur la compréhension des niveaux d’énergie électroniques dans les atomes, les molécules et les solides.
Dans une vision à gros grains, c’est indubitablement la séparation des différentes fréquences lumineuses qui a été au fondement de la spectroscopie, détaillant les informations que l’œil ne pouvait pas voir, et donnant un accès plus ou moins direct aux énergies électroniques pertinentes de la matière (principalement les « transitions »). Les outils classiques de cette séparation, tels les prismes et les réseaux, peuvent être de plus en plus intégrés dans des systèmes compacts, et sur un domaine de longueur d’onde de plus en plus étendu. Cela étoffe beaucoup les possibilités d’application.
Toutefois, la sensibilité aux faibles signaux, précieuse dans bon nombre de méthodes, reste plus aisée à obtenir entre l’UV et le proche infrarouge (de 250 nm à 2,5 µm en longueur d’onde), que dans toute la bande de spectroscopie moléculaire, essentiellement les longueurs d’onde du moyen infrarouge qu’on peut situer de 2,5 à 25 µm. Il est notable, par ailleurs, que la majorité des méthodes qui donnent des renseignements non triviaux mettent à profit des excitations fortes (Raman, spectroscopie d’absorption saturée, le plus souvent à base de lasers bien choisis) et exigent des détections performantes, en termes de résolution ou bien en termes de sensibilité.
Une voie originale ouverte par les progrès des micro-nano-technologies à la fin du XXe siècle est la structuration de la matière à l’échelle de la longueur d’onde, et un peu en dessous de cette échelle assez souvent (qui peut descendre au dixième de micron dans des matériaux de haut indice) : divers systèmes diélectriques ou métallo-diélectriques – ces derniers comprenant notamment les structures dites plasmoniques –, présentent des points chauds de concentration du champ électromagnétique, ou...
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BIBLIOGRAPHIE
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