Présentation
EnglishRÉSUMÉ
L’astate-211 est un isotope radioactif émetteur de particules alpha hautement énergétiques. En association avec un vecteur approprié, il peut être injecté au patient pour être transporté au contact des tumeurs afin de les irradier pour les détruire tout en préservant les tissus sains environnants. Pour y parvenir, il convient de maîtriser les étapes chimiques permettant de coupler l’astate à la biomolécule vectrice, ce qui se révèle être un réel challenge étant donné les difficultés à comprendre le comportement chimique de cet élément. Plusieurs preuves de concept ont pourtant permis de démontrer le fort potentiel de ce radionucléide pour des applications prometteuses en oncologie nucléaire.
Lire cet article issu d'une ressource documentaire complète, actualisée et validée par des comités scientifiques.
Lire l’articleAuteur(s)
-
François GUÉRARD : Chargé de recherche au CNRS CRCINA, Inserm, CNRS, Université d’Angers, Université de Nantes, Nantes, France - Équipe d’oncologie nucléaire
INTRODUCTION
Découvert en 1896 par Henry Becquerel, le phénomène de la radioactivité et des rayonnements ionisants qui y sont associés fut rapidement exploité à des fins thérapeutiques avec le développement de la curiethérapie. Un isotope radioactif ou radioisotope génère lors de sa désintégration une particule et/ou un rayonnement électromagnétique de haute énergie pouvant générer des dégâts irréparables aux cellules tumorales environnantes, conduisant à leur mort. Depuis les prémices de la médecine nucléaire où la source radioactive était directement implantée dans la tumeur à l’aide d’une aiguille, la discipline a évolué vers une utilisation plus fine appelée radiothérapie vectorisée pour laquelle le radioisotope est fixé à un vecteur spécifique du type de tumeur à cibler avant d’être injecté au patient. Par cette approche, même les tumeurs enfouies en profondeur et les tumeurs de taille microscopique peuvent en principe être traitées tout en épargnant les tissus sains environnants. Pour ce faire, selon le type de tumeur à traiter, une parfaite adéquation entre le choix du radioisotope et du vecteur doit être trouvée.
Les particules alpha émises lors d’une désintégration radioactive sont les plus énergétiques et les plus létales pour les cellules, mais elles ne pénètrent que de quelques dizaines de micromètres dans les tissus biologiques. Pour cette raison, les émetteurs de particule α s’avèrent efficaces pour le traitement des microtumeurs rencontrées dans le cadre d’une maladie résiduelle après un traitement classique, ou lorsque la maladie évolue vers un cancer à micrométastases ainsi que dans le cas des cancers hématologiques qui s’expriment par la production de cellules tumorales circulant de façon isolée. L’irradiation étant extrêmement localisée, les cellules saines environnantes sont épargnées. Un nombre limité d’émetteurs de particules alpha d’intérêt pour la médecine nucléaire a été identifié. Parmi eux l’astate-211 présente des caractéristiques physiques des plus intéressantes pour ce type d’applications : une demi-vie de 7,2 h, ce qui est adapté à la demi-vie biologique d’un grand nombre de vecteurs, et deux branches de décroissance conduisant chacune à l’émission d’une particule α. Encore, faut-il disposer de méthodes chimiques appropriées pour constituer le couple radionucléide-vecteur qui formera le radiopharmaceutique administrable au patient. Mais, malgré la découverte de l’astate datant des années 1930, sa chimie reste difficile à appréhender, la principale raison étant l’absence d’isotopes stables, ce qui complique l’étude des propriétés de cet élément.
Une meilleure compréhension de cet élément, qui permettra de concevoir de façon optimale les vecteurs radiomarqués avec l’astate-211, est donc un enjeu majeur pour le développement de la radiothérapie vectorisée des cancers.
Dans ce contexte, sont abordés dans cet article :
-
le phénomène de la radioactivité et les propriétés des rayonnements ionisants dans le cadre du traitement des cancers ;
-
l’élément chimique astate et son isotope d’intérêt, l’astate-211, en abordant ses méthodes de production ;
-
les aspects de synthèse radiochimique avec l’astate-211 permettant la production de radiopharmaceutiques radiomarqués avec cet isotope ;
-
des exemples d’applications de l’astate-211 pour la thérapie des cancers aux stades précliniques et cliniques.
Domaine : radiopharmaceutique
Degré de diffusion de la technologie : émergence
Technologies impliquées : radiochimie, synthèse organique, physique nucléaire
Domaines d’application : oncologie
Contact : franç[email protected]
DOI (Digital Object Identifier)
Cet article fait partie de l’offre
Technologies pour la santé
(131 articles en ce moment)
Cette offre vous donne accès à :
Une base complète d’articles
Actualisée et enrichie d’articles validés par nos comités scientifiques
Des services
Un ensemble d'outils exclusifs en complément des ressources
Un Parcours Pratique
Opérationnel et didactique, pour garantir l'acquisition des compétences transverses
Doc & Quiz
Des articles interactifs avec des quiz, pour une lecture constructive
Présentation
2. Astate-211
2.1 Caractéristiques
L’astate (Z = 85) est le plus lourd des halogènes. C’est un élément qui n’existe que sous forme d’isotopes instables et de courte demi-vie (de 125 ns à 8,1 h pour les 32 isotopes connus). À l’état naturel, seules des traces, estimées à quelques grammes au total, sont présentes sur la totalité de la croûte terrestre, issues de la désintégration d’éléments lourds tels que l’uranium. Bien que certains de ses isotopes puissent être produits artificiellement, les quantités d’astate obtenues pour le caractériser restent trop faibles (de l’ordre du picogramme au mieux) pour rendre possible l’évaluation de ses caractéristiques physiques ou chimiques par des moyens conventionnels, notamment avec les outils spectroscopiques disponibles actuellement. La plupart des propriétés de cet élément ont donc été estimées de façon indirecte et souvent par extrapolation de ses voisins chimiques mieux connus (notamment l’iode). Il n’a jamais été réuni suffisamment d’astate pour pouvoir l’observer, mais il est attendu qu’il prenne la forme d’un solide très sombre, par extrapolation de la tendance observé dans la série des halogènes (gaz très clair pour le fluor à solide gris/violet sombre pour l’iode). Ce n’est que récemment qu’a pu être mesurée avec précision l’énergie d’ionisation de l’astate (E i = 9,31751 eV) par spectroscopie laser .
Malgré les nombreuses zones d’ombre qui...
Cet article fait partie de l’offre
Technologies pour la santé
(131 articles en ce moment)
Cette offre vous donne accès à :
Une base complète d’articles
Actualisée et enrichie d’articles validés par nos comités scientifiques
Des services
Un ensemble d'outils exclusifs en complément des ressources
Un Parcours Pratique
Opérationnel et didactique, pour garantir l'acquisition des compétences transverses
Doc & Quiz
Des articles interactifs avec des quiz, pour une lecture constructive
Astate-211
BIBLIOGRAPHIE
-
(1) - POUGET (J.P.), LOZZA (C.), DESHAYES (E.), BOUDOUSQ (V.), NAVARRO-TEULON (I.) - Introduction to radiobiology of targeted radionuclide therapy. - Frontiers in Medicine, 2 (2015).
-
(2) - POUGET (J.-P.), NAVARRO-TEULON (I.), BARDIÈS (M.), CHOUIN (N.), CARTRON (G.), PÈLEGRIN (A.), AZRIA (D.) - Clinical radioimmunotherapy – the role of radiobiology. - Nature Reviews Clinical Oncology, 8(12), p. 720-734 (2011).
-
(3) - THISGAARD (H.), HALLE (B.), AABERG-JESSEN (C.), OLSEN (B.B.), THERKELSEN (A.S.N.), DAM (J.H.), LANGKJÆR (N.), MUNTHE (S.), NÅGREN (K.), HØILUND-CARLSEN (P.F.), KRISTENSEN (B.W.) - Highly effective auger-electron therapy in an orthotopic glioblastoma xenograft model using convection-enhanced delivery. - Theranostics, 6(12), p. 2278-2291 (2016).
-
(4) - SHAO (C.), FOLKARD (M.), MICHAEL (B.D.), PRISE (K.M.) - Bystander signaling between glioma cells and fibroblasts targeted with counted particles. - International Journal of Cancer, 116(1), p. 45-51 (2005).
-
(5) - HAMADA (N.), MAEDA (M.), TOMITA (K.O.) et (M.) - Signaling...
DANS NOS BASES DOCUMENTAIRES
ANNEXES
Équipe de recherche en oncologie nucléaire http://www.crcina.org
Cyclotron Arronax http://www.cyclotron-nantes.fr
IRSN : base de connaissances sur la radioactivité http://www.irsn.fr
HAUT DE PAGE
International symposium on radiopharmaceutical sciences. A lieu tous les deux ans. http://www.srsweb.org/meetings/
European symposium on radiopharmacy and radiopharmaceuticals. A lieu tous les deux ans en avril. http://www.esrr.info/
Congrès de l’EANM (European association of Nuclear Medicine). A lieu tous les ans en octobre. ...
Cet article fait partie de l’offre
Technologies pour la santé
(131 articles en ce moment)
Cette offre vous donne accès à :
Une base complète d’articles
Actualisée et enrichie d’articles validés par nos comités scientifiques
Des services
Un ensemble d'outils exclusifs en complément des ressources
Un Parcours Pratique
Opérationnel et didactique, pour garantir l'acquisition des compétences transverses
Doc & Quiz
Des articles interactifs avec des quiz, pour une lecture constructive