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RÉSUMÉ
Le secteur des transports est dans une phase de transformation inédite. Des problèmes se sont accumulés : GES, pollution, concentration sur le pétrole, étalement de l’automobile, financement des transports publics et mauvaises expériences de mobilité pour les citoyens. Toutes ces difficultés servent de point d’appui pour de nouveaux acteurs. Les industries numériques possèdent plusieurs atouts pour se lancer : capacités financières, équipes de recherche qualifiées et processus pour explorer les frontières de l’innovation. Il est essentiel de bien comprendre les dynamiques en cours, pour accompagner au mieux ces transformations et construire de nouvelles solutions de mobilité pour les citoyens.
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The transport sector is in a phase of unprecedented transformation. Problems have accumulated: GHGs, pollution, concentration on oil, spread of the automobile, financing of public transport and poor mobility experience for citizens. All these difficulties serve as a point of support for new actors. Tech companies have several strengths: financial capabilities, qualified research teams and processes to pioneer innovation. It is essential to understand the current dynamics in order to follow these transformations and build new mobility solutions for citizens.
Auteur(s)
-
Gabriel PLASSAT : Pilote de la Fabrique des Mobilités - Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME), Sophia Antipolis, France
INTRODUCTION
Le secteur industriel des transports se compose de nombreuses industries et de leurs fournisseurs, des énergéticiens, des opérateurs de transports publics et des collectivités pour permettre aux citoyens de se déplacer afin de réaliser leurs activités. Chaque citoyen gère en général lui-même tout ou partie de sa mobilité, en marchant, en utilisant sa voiture ou son vélo, en prenant les transports en commun.
Pour la logistique, des chargeurs alimentent les transporteurs dans une chaîne entièrement gérée par des professionnels. Ces filières historiques se sont construites au fil des cent dernières années en établissant des processus, en gérant des métriques. Ces acteurs s’appuient sur une ressource abondante et bon marché : l’or noir. L’État y joue également un rôle important via sa participation dans plusieurs opérateurs comme la SNCF, par son lien avec les autorités organisatrices des transports et au niveau des infrastructures et des réglementations.
Au fil du temps, l’expérience de mobilité s’est progressivement dégradée en raison d’une augmentation du trafic automobile, d’une offre insuffisante dans certains territoires en matière de transports publics . Pour la logistique, jusqu’à présent, les flux de produits augmentent proportionnellement à notre richesse. Ces tendances s’accompagnent d’une augmentation des externalités négatives (pollution, congestion, émissions de gaz à effet de serre).
En parallèle, de puissantes industries numériques ont émergé issues d’investissements publics dans de nouvelles infrastructures : l’Internet et le GPS. Éloignées au départ du secteur des transports, les plateformes des GAFA (Google, Amazon, Facebook et Apple) ont progressivement créé des monopoles. Outre de grandes ressources financières, de larges équipes de recherche, ces acteurs ont noué une relation singulière avec le citoyen à grande échelle appelée la « Multitude » . La révolution numérique a eu lieu dans les années 2000 et nous en observons les conséquences dans plusieurs secteurs dont les transports et la logistique.
Cet article décrit en détail l’origine des faiblesses de ce secteur, comment les acteurs historiques d’un côté et les GAFA de l’autre fonctionnent et créent de la valeur. Quelles sont leurs différences fondamentales ?
Enfin, l’article propose quelques pistes pour innover dans un monde devenu numérique.
MOTS-CLÉS
KEYWORDS
mobility | transportation | GAFA | tech companies
VERSIONS
- Version courante de août 2022 par Gabriel PLASSAT
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3. Perspectives
3.1 Les GAFA et l’Operating System (OS) des mobilités
Il y a cinq ou six grands fabricants de pistons dans le monde pour plusieurs dizaines de constructeurs automobiles. Bien que le piston soit essentiel et particulièrement difficile à produire à grande échelle, les constructeurs gardent une position dominante malgré tout dans la chaîne de valeurs. Avec Automotive Grade Linux, Android Auto, CarPlay pour Apple et probablement Baidu, il y aura probablement peu de fournisseurs d’Operating System (OS) de rang mondial.
Un piston, un essuie-glace, un moteur complet ou même une plateforme roulante sont des composants plus ou moins standardisés et partagés à grande échelle entre les constructeurs, directement ou via des fournisseurs. Dans l’économie fordiste, ce sont les effets de volume qu’il faut chercher pour baisser les coûts. Une fois les grands volumes atteints, on essaye de maintenir sa position dominante grâce à des prix bas et des innovations incrémentales, mais il n’y a aucun autre effet qui vienne renforcer cette position. C’est le fameux « océan rouge » dans lequel les acteurs sont réduits à agir. Dans les océans rouges, les entreprises essaient de dépasser leurs rivaux en conquérant de nouvelles parts de marché. Pour une entreprise confrontée à cette intensité concurrentielle, il devient de plus en plus difficile de trouver des opportunités de croissance. L’offre se transforme et le produit devient une commodité ou s’inscrit dans des niches de marché. La compétition devient sanglante, d’où le terme d’océan rouge, et également de la couleur des comptes qui en résultent.
Le numérique change radicalement les effets d’échelle. Plus l’OS sera installé dans un grand nombre de véhicules, plus il sera attractif, notamment par des effets d’échelle traditionnels et les baisses de prix associées. Mais dans l’économie numérique, d’autres mécanismes entrent en jeu. Nous avons vu que trois nouveaux effets se combinent pour accroître la position dominante et renforcer les effets d’échelle traditionnels qui continuent d’exister :
-
les effets de réseau : plus il y a d’OS installés dans un grand nombre de véhicules, plus l’OS sera performant car les plateformes pourront « apprendre » en réseau et de façon cumulée. Il sera également possible de comparer le retour des utilisateurs pour plusieurs versions en parallèle....
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BIBLIOGRAPHIE
-
(1) - TURNER (F.) - Aux sources de l’utopie numérique. - CFC Éditions (2010).
-
(2) - PLASSAT (G.) - Aux sources de l’utopie numérique. - Ademe http://transportsdufutur.ademe.fr/2016/07/sources-lutopie-numerique.html
-
(3) - VERDIER (H.), COLIN (N.) - L’âge de la multitude : Entreprendre et gouverner après la révolution numérique. - Armand Colin (2012).
-
(4) - ANDREESEN (M.) - Why Software Is Eating the World ? The Wall Street Journal - (2011). https://a16z.com/2016/08/20/why-software-is-eating-the-world/
-
(5) - 15MARCHES - Naissance d’une plateforme : Amazon Web Service - http://15marches.fr/numerique/naissance-dune-plateforme-amazon-web-services
-
(6) - CORNET (A.), MOHR (D.), WEIG (F.), ZERLIN (B.), HEIN...
ANNEXES
Le fordisme : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fordisme
Histoire de la pollution : https://fr.wikipedia.org/wiki/Pollution#Histoire_de_la_pollution
Web Crawler : https://en.wikipedia.org/wiki/Web_crawler
Waze : https://www.waze.com/fr/ccp
Rapports Google au sujet des voitures autonomes : https://www.google.com/selfdrivingcar/reports/
Vidéo décrivant l’histoire d’Uber https://www.youtube.com/watch?v=xmi4VRiPBcc
Flex : https://flex.amazon.com/
Prime Air Delivery : https://www.amazon.com/b?node=8037720011&ref = producthunt
INRIX Open Car : http://inrix.com/products/inrix-opencar/
Définition des communs par la Fabrique des Mobilités : http://wiki.lafabriquedesmobilites.fr/wiki/Communs
Présentation de la plateforme ouverte dédiée à la Renault Twizy : http://fr.slideshare.net/FabMob/platform-open-mind-renault-twizy
http://wiki.lafabriquedesmobilites.fr/wiki/Pourquoi_rejoindre_la_Fabrique_%3F
Imma Terra : http://www.immaterra.com/
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