Présentation
Auteur(s)
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Ivan RICORDEL : Professeur agrégé du Val-de-Grâce - Directeur du laboratoire de toxicologie de la Préfecture de Police
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Claude RENAUDEAU : Professeur agrégé du Val-de-Grâce - Chef du service de biochimie, toxicologie et pharmacologie cliniques à l’hôpital des armées PERCY
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Bruno BELLIER : Ingénieur de l’Armement - Chef de la section Analyses chimiques du centre d’études du Bouchet
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Lucien COPPET : Sous-directeur scientifique du centre d’études du Bouchet
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Lire l’articleINTRODUCTION
a décontamination chimique se définit comme l’ensemble des opérations qui aboutissent à éliminer complètement du milieu le ou les toxiques présents, évitant leur transfert vers un lieu propre et ainsi tout risque d’intoxication des personnes.
La contamination envisagée ici correspond aux critères suivants : diffusion accidentelle ou volontaire de produits chimiques (à l’exclusion de produits biologiques ou radioactifs) dont la présence persistante dans la nature, sur le sol ou dans l’atmosphère, constitue un danger pour la santé de l’homme, impliquant de mettre en œuvre un processus d’élimination et de contrôle de l’efficacité de ce dernier.
La contamination radioactive, dont l’analyse relève de procédés spécifiques et dont les dangers pour l’homme ne ressortissent pas de phénomènes toxiques comparables à ceux des agressifs chimiques, ne seront pas considérés dans cet article. De même, seront exclues du domaine traité, les contaminations occasionnées au cours des incendies et explosions ou qui leurs sont résiduelles.
Par ailleurs, le traitement des eaux contaminées et leur contrôle font l’objet d’un développement spécifique (cf. article Analyse des eaux résiduaires. Mesure de la pollution [P 4 200]).
Enfin, les analyses dans les milieux biologiques font partie de l’ensemble des critères à prendre en compte dans le contrôle de la décontamination, mais ils constituent un domaine particulier qui ne sera pas abordé dans ce cadre.
La décontamination chimique fait appel à deux types de moyens : le déplacement du toxique du milieu à décontaminer ou la transformation de la ou des molécules incriminées en produits atoxiques. Dans les deux cas, le contrôle de la décontamination repose sur la vérification de l’absence d’agressif chimique signant l’efficacité de l’opération.
En raison de la toxicité élevée des substances à analyser et de leur niveau de concentration très bas, les techniques à mettre en œuvre tant pour la détection sur le site contaminé que pour les analyses fines de confirmation en laboratoire, doivent présenter des seuils de sensibilité très réduits.
Deux aspects méthodologiques complémentaires sont alors envisagés.
La détection « sur le site contaminé » est réalisée par les sapeurs pompiers, les cellules mobiles d’intervention chimique de la sécurité civile (CMIC) et les ingénieurs des laboratoires de police. Cette détection fait appel à des moyens mobiles utilisant soit des principes physico-chimiques simples, rapides et sensibles, soit des appareillages portatifs couplant en particulier les techniques de chromatographies et la spectrométrie de masse. Dans le premier cas, les résultats obtenus renseignent sur l’identité de groupe des toxiques, justifiant la mise en œuvre des moyens de protection et permettant une orientation des soins médicaux à apporter aux victimes. Ils permettent aussi de délimiter un périmètre de contamination indispensable à la gestion de la zone concernée et de déclencher la mise en œuvre de la décontamination immédiate des victimes. Dans le deuxième cas, les performances techniques relèvent des potentialités des moyens qui seront traités dans le cadre de la détection d’analyse.
La détection d’analyse conduit à la confirmation de l’identification du ou des produits employés. Des prélèvements effectués par les équipes intervenantes sont alors adressés à des laboratoires spécialisés utilisant des techniques spécifiques d’analyse.
Après un rappel succinct des différents moyens de détection simples disponibles sur le site contaminé, seuls les aspects méthodologiques des techniques spécifiques seront développés.
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2. Détection et orientation sur le site contaminé ou à risque de contamination
Ce paragraphe ne constitue qu’un rappel de moyens simples.
Ces moyens sont appropriés aux molécules qui, suffisamment rémanentes sur le site contaminé, possèdent en outre des propriétés physico-chimiques permettant de les identifier par famille chimique en faisant appel soit à l’émission spectrale, soit à l’inhibition d’activité catalytique, soit au développement de réactions colorées. Ces propriétés sont celles de nombreux neurotoxiques (carbamates, organophosphorés et organochlorés), d’agents soufrés et cyanés.
2.1 Détection par photométrie d’émission
Les organophosphorés émettent une radiation de couleur verte, après excitation du groupement P-OH dans une flamme air-hydrogène tandis que les composés soufrés émettent une radiation rouge après excitation d’un groupement S-H. Des appareils portatifs d’alerte et/ou de contrôle de la contamination chimique (APACC et AP2C), dont le fonctionnement est basé sur ce principe, équipent des unités d’intervention de la sécurité civile, les sapeurs pompiers, les marins pompiers et les armées. Ces appareils peuvent détecter les toxiques en phase vapeur ou en phase liquide grâce à un système de vaporisation.
Ces appareils permettent non seulement la détection des composés présentant l’un ou l’autre des groupements chimiques [par exemple le sarin (organophosphoré) ou l’ypérite au soufre] mais aussi de différencier les toxiques possédant un des groupements de ceux qui en possèdent deux (exemple : diméthyl-amino-phosphonate d’éthyle, méthyl-fluoro-phosphonate d’isopropyle et méthyl-fluoro-phosphonate de pinacolyle, qui ne possèdent qu’un groupement phosphoré, des amitons, malathion ou parathions dont la structure comporte en plus un groupement soufré substitué).
Lorsque les toxiques sont sous forme vapeur, l’appareil détecte 2 µg de phosphore pur par m3 d’atmosphère et 100 µg de soufre pur par m3 d’atmosphère. Cela correspond par exemple à des concentrations de :
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10 µg/m3 de sarin ou de soman ;
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20 µg/m3 de A4 (VX) ;
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0,5 mg/m3 d’ypérite au soufre.
Lorsque les toxiques sont sous forme liquide, l’appareil permet de détecter la contamination...
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