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RÉSUMÉ
Les ferrites industriels se décomposent essentiellement en ferrites doux et en ferrites durs. Les ferrites durs sont utilisés comme aimants permanents ; les ferrites doux comme noyaux magnétiques faibles pertes dans les transformateurs et les inductances en électronique de puissance. Cet article débute par la présentation des propriétés physiques de ces oxydes magnétiques. Il poursuit par le choix du matériau et du format du noyau en fonction de l’application, pour s’attarder ensuite sur les ferrites de manganèse-zinc. Les ferrites industriels ont un prix de fabrication très bas, de plus ils permettent un grand nombre de compositions chimiques avec autant de propriétés magnétiques différentes.
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Richard LEBOURGEOIS : Docteur de l’Institut national polytechnique de Grenoble - Ingénieur de l’École nationale supérieure d’électricité de Grenoble - Responsable des Études ferrites à Thales Research and Technology France
INTRODUCTION
Les ferrites sont des oxydes magnétiques présentant un magnétisme particulier appelé ferrimagnétisme. Louis Néel, prix Nobel de Physique en 1970, a largement contribué à l’explication et à la compréhension de leurs propriétés.
Il existe deux grandes familles de ferrites industriels : les ferrites doux et les ferrites durs que l’on trouve essentiellement à l’état polycristallin, sous forme de céramique massive. Cette appellation tire son origine des premiers aimants techniques qui étaient fabriqués à partir d’aciers au début du XX e siècle. En effet, le fer métallique, lorsqu’il contient des impuretés, comme par exemple des inclusions de carbone, présente à la fois un champ coercitif élevé et une dureté mécanique importante ; lorsqu’il est pur, son champ coercitif est faible et sa dureté mécanique diminue (matériau doux, traduction de l’anglais « soft material »).
Les ferrites durs sont donc employés comme aimants permanents (cf. article [1] des TI). Les ferrites doux sont utilisés comme noyaux magnétiques faibles pertes pour la réalisation de transformateurs et d’inductances en électronique de puissance. Leur résistivité électrique élevée (> 1 Ω · m) et leur faible coût de fabrication sont à l’origine des nombreuses applications industrielles de ces matériaux. Leur polarisation magnétique à saturation Js est inférieure à 0,60 T donc plus faible que celle des métaux tels que le fer ou le cobalt. Les champs coercitifs les plus faibles sont proches de 10 A/m, donc 10 fois plus grands que les alliages métalliques les plus doux. Malgré cela, leurs performances à fréquence élevée (f > 100 kHz) sont nettement supérieures à celles de tous les autres matériaux magnétiques.
Les ferrites doux regroupent trois familles de matériaux :
• La 1re famille est celle des ferrites spinelles de manganèse-zinc (Mn-Zn) utilisés pour des fréquences allant de 10 kHz à 1 MHz. Ces matériaux sont principalement utilisés dans les domaines de la conversion d’énergie ou le traitement du signal. Leur résistivité électrique vaut typiquement 1 Ω · m.
• La 2e famille est celle des ferrites spinelles de nickel-zinc et de nickel- zinc-cuivre utilisés entre 1 et 500 MHz. Leur résistivité électrique peut atteindre 108 Ω · m. Comme les ferrites Mn-Zn, ils sont utilisés pour la réalisation de transformateurs ou d’inductances.
• Enfin, la 3e famille est celle des ferrites dits « hyperfréquences » (0,1 à 100 GHz). On trouve dans ce groupe des ferrites de type spinelle et de type grenat. Ils sont utilisés pour la réalisation de composants hyperfréquences spécifiques tels que les circulateurs (ou isolateurs), les filtres accordables et les déphaseurs (cf. article [2] des TI).
Si aujourd’hui les ferrites spinelles de manganèse-zinc constituent la plus grande partie de la production mondiale des ferrites doux, il faut se rappeler qu’avant l’avènement des alimentations à découpage et la montée en fréquence des télécommunications, les ferrites « haute fréquence » de nickel-zinc étaient les plus utilisés. L’industrie des ferrites doux évolue comme le monde de l’électronique et on peut penser que les années qui viennent verront encore des mutations profondes dans ce secteur.
Outre leur bas coût de fabrication, le succès industriel des ferrites est dû aux innombrables compositions chimiques qu’il est possible de réaliser et qui conduisent à autant de propriétés magnétiques différentes. Pour chaque type d’application (niveau de puissance, gamme de fréquence, gamme de température...), il existe un matériau optimisé et son optimisation passe par une analyse détaillée de son environnement électrique. Dans le paragraphe 5, nous tenterons de situer les différentes variétés de ferrites doux par rapport aux autres types de matériaux magnétiques utilisables en électronique de puissance, notamment les alliages métalliques nanocristallins, sous forme de ruban enroulé.
Pour finir, il est bon de préciser que le nom « ferrite » désignant les oxydes magnétiques est masculin et qu’il ne faut pas confondre avec la ferrite qui désigne une variété allotropique du fer contenant des inclusions de carbone en faible quantité.
VERSIONS
- Version courante de mai 2022 par Richard LEBOURGEOIS
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3. Choix du matériau et du format du noyau en fonction de l’application
Lorsque l’on cherche à utiliser un matériau magnétique métallique (Fe, alliages FeSi, FeNi, amorphes ou nanocristallins) à haute fréquence, on est confronté à des problèmes inhérents aux faibles résistivités de ces matériaux :
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la profondeur de pénétration δ : l’onde électromagnétique utile n’est véhiculée que par une partie du matériau. Cette profondeur est proportionnelle à la racine carré de la résistivité électrique ρ (Ω · m), et inversement proportionnelle à la perméabilité absolue µ 0 µ ′ et à la fréquence (cf. tableau des symboles et notations) ;
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les pertes par courants de Foucault : elles sont proportionnelles au carré de la fréquence et à la conductivité électrique. Dès lors que l’on atteint une dizaine de kilohertz et que l’on cherche à réaliser un composant massif dont les dimensions sont grandes devant l’épaisseur de peau, ces problèmes deviennent irrémédiables ; la solution consiste alors à utiliser des matériaux magnétiques non conducteurs, les ferrites.
3.1 Choix en fonction de la fréquence de fonctionnement
Le choix d’un ferrite particulier est fixé avant tout par la gamme de fréquence dans laquelle il sera utilisé. Nous avons vu au § 1.2.6 que la partie réelle de la perméabilité initiale µ ′ chutait à partir d’une fréquence f c qui est inversement proportionnelle à la perméabilité à très basse fréquence µ s . Plus les fréquences de fonctionnement seront basses, plus la perméabilité du ferrite pourra être élevée et plus on montera en fréquence, plus on sera obligé de choisir des ferrites...
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BIBLIOGRAPHIE
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(1) - SMIT (J.), WIJN (H.P.J.) - Les ferrites. - Dunod (1961).
-
(2) - SNELLING (E.C.) - Soft ferrites. - Iliffe Books Ltd (1969).
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(3) - MORINEAU (R.), PAULUS (M.) - Chart of PO2 versus temperature and oxidization degree for Mn-Zn ferrites. - IEEE Trans. Mag., Mag. II, p. 1312-1314 (1975).
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(4) - LEBOURGEOIS (R.), PERRIAT (P.), LABEYRIE (M.) - High and low level frequency losses in Ni-Zn and Mn-Zn spinel ferrites. - ICF 6, Tokyo, p. 1159 (1992).
-
(5) - LEBOURGEOIS (R.), GANNE (J.P.), LLORET (B.) - High frequency Mn-Zn power ferrites. - ICF 7, Bordeaux, C1-105 (1996).
-
(6) - LEBOURGEOIS (R.), AGERON (J.), VINCENT (H.), GANNE (J.P.) - Low losses NiZnCu ferrites. - ICF 8, Kyoto, p. 576-578 (2000).
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DANS NOS BASES DOCUMENTAIRES
1 Références des matériaux ferrites équivalents
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Ferrites de puissance Mn-Zn
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Ferrites haute perméabilité Mn-Zn
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Ferrites Ni-Zn
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