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Auteur(s)
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Jean-Claude BOUDENOT : Ingénieur civil des mines - Agrégé de physique - Responsable des activités durcissement de Thomson-CSF
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Lire l’articleINTRODUCTION
La tenue des circuits aux radiations ionisantes prend une place sans cesse croissante.
Cela tient d’une part à l’augmentation constante de l’utilisation de l’électronique dans les équipements et systèmes, d’autre part à l’évolution de la microélectronique.
Les composants sont de plus en plus intégrés ; augmentation du nombre de transistors par puce, augmentation de la surface des circuits, diminution des longueurs de grille, diminution de la tension de fonctionnement, apparition de nouvelles technologies, etc.
Une grande partie de ces évolutions technologiques contribue à rendre plus sensibles les composants aux environnements radiatifs et fait apparaître de nouvelles sources de perturbation (upset multiple, courant de fuite des MOS à bas niveau...).
Les techniques de durcissement et la prise en compte des nouveaux phénomènes par les experts « durcissement » doivent s’adapter à ces évolutions technologiques très rapides.
Historiquement, le durcissement nucléaire s’est développé sous l’impulsion de la menace nucléaire ; dissuasion stratégique, guerre froide, équilibre de la terreur... La conquête spatiale et le développement des satellites ont également contribué au besoin en électronique « durcie » ou « rad tolérante » avec ses spécifications propres. Aujourd’hui, le besoin évolue et de nouveaux environnements apparaissent ; ils sont associés à la physique des particules, au nucléaire civil et à l’avionique. Demain, d’autres perspectives s’ouvriront, comme la radiothérapie (protonthérapie, neutronthérapie, thérapie par ions lourds...) ou la fusion thermonucléaire contrôlée. Il y a donc multiplication et évolution des environnements radiatifs à considérer. Par ailleurs, l’emploi de l’électronique dans les équipements et systèmes se généralise, ce qui s’explique par la diminution des coûts, l’augmentation de la fiabilité et l’augmentation des fonctionnalités offertes. Cette omniprésence de l’électronique a pour conséquence une forte augmentation du volume de production (les composants militaires, spatiaux et, a fortiori, durcis, qui représentent moins de 0,25 % du marché, deviennent marginaux) et une forte augmentation de l’intégration. Le concepteur est donc amené à choisir des composants « civils » très intégrés, qui peuvent être très sensibles aux radiations. Il est impossible de décorréler les aspects environnement des aspects évolution de la microélectronique. Deux cas illustrent bien ce propos. Le premier est celui de l’espace. L’utilisation de dispositifs électromécaniques, de tubes ou de composants électroniques discrets rendait la préoccupation radiative presque marginale. Elle devient maintenant essentielle avec l’utilisation de composants sophistiqués (mémoires, microprocesseurs, ASICs...). Ainsi, la prise en compte des effets des ions lourds, inexistante en 1980, est devenue prépondérante en 1998. Dans le même ordre d’idées, les effets singuliers dus aux protons sont apparus au début des années 90 et prennent maintenant une place importante. Le second exemple est celui des mémoires, qui illustre la multiplication des environnements à considérer. La conception des dernières mémoires DRAM 64 Mbit a dû être effectuée en prenant en compte le phénomène d’upset induit par interaction de la composante au sol des ions lourds du rayonnement cosmique !
On notera une grande différence d’approche entre le durcissement électromagnétique (et particulièrement la compatibilité électromagnétique) et le durcissement des circuits aux radiations ionisantes. Cela tient au fait que dans le premier cas la source de perturbation est un champ électromagnétique que l’on peut écranter, soit directement par des techniques de blindage électromagnétique, soit indirectement en disposant de protections filaires dont l’objet est de réduire les surtensions et/ou les surcourants, arrivant sur les composants électroniques. Dans le second cas, les rayonnements à considérer sont la plupart du temps pénétrants (rayons X et γ , neutrons et protons, ions lourds...) de sorte que la technique de blindage est rarement efficace. Il faut donc considérer le problème à sa base, c’est-à-dire prendre en compte l’interaction entre le rayonnement et le composant.
On peut alors chercher à réduire le volume sensible (cas des technologies durcies ou « immunes ») ou à rendre supportables (« encaisser ») les dérives par conception ou, encore, à corriger les défaillances au niveau circuit ou système.
VERSIONS
- Version archivée 1 de déc. 1980 par Jean-Pierre MARX
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4. Moyens de protection
Il existe, on l’a vu, une multitude de paramètres jouant sur la tenue aux radiations nucléaires des composants électroniques. Ce sont autant de degrés de liberté sur lesquels on peut agir lorsque l’on veut durcir une électronique. Tout l’art du « durcisseur » est d’avoir en tête ces paramètres et de doser les différents niveaux d’intervention afin d’obtenir la solution présentant le meilleur rapport efficacité/coût.
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On sait que les rayonnements dégradent et/ou perturbent les composants. On peut donc choisir d’utiliser des technologies ou des composants plus robustes sans nécessairement avoir recours aux composants durcis. Il faut donc pouvoir faire une première sélection incluant cette contrainte, c’est-à-dire connaître les grandes tendances.
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L’étape suivante se situe au niveau du circuit, il est bien clair qu’un circuit analogique réglé de façon très pointue sera extrêmement sensible. En effet, la moindre perturbation (en particulier d’origine radiative) changera le point de fonctionnement et le circuit évoluera vers un état très différent de l’état initial. Une méthode de durcissement consiste donc à concevoir des circuits tolérants aux perturbations. Si l’on sait prévoir les dérives engendrées par l’irradiation, et si celles-ci ne sont pas trop importantes, on peut réaliser un circuit minimisant l’impact global de ces dérives et restant fonctionnel malgré elles. On voit ici comment sont imbriqués les métiers de « durcisseur » et de concepteur électronique. L’idéal serait, bien entendu, que les deux compétences se trouvent chez la même personne de façon que la conception d’une électronique devant travailler sous rayonnement soit réalisée directement en prenant en compte les dérives attendues, tout comme la conception prend directement en compte les dérives thermiques. Toutefois cette démarche n’est pas toujours suffisante.
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On peut aussi envisager les choses à un niveau supérieur, c’est-à-dire au niveau du système. Les exemples classiques sont la coupure de l’alimentation lors des périodes d’irradiation (par exemple en spatial, coupure de certains équipements électroniques lors du passage de l’anomalie de l’Atlantique Sud) ou l’utilisation d’un signal d’alarme nucléaire associé...
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