Alors qu’un peu moins d’un million de véhicules sont à l’heure actuelle en circulation en France, la problématique de leur recyclage à venir se pose dès aujourd’hui, avec tous les enjeux transversaux que cela pose. Et en particulier celui lié à la disponibilité des métaux et terres rares pour la production de nouvelles batteries, les véhicules électriques étant prédestinés à devenir, dans la décennie à venir, le moyen de transport le plus utilisé.
D’ailleurs, de nombreuses aides, en particulier au niveau européen, ont été mises en place ces dernières années pour dynamiser la transition qui doit permettre aux véhicules électriques de remplacer les véhicules thermiques. Pour plusieurs raisons, ces aides ont été diminuées voire supprimées dans certains pays européens comme l’Allemagne et la France, avec à la clé une baisse sensible des ventes de véhicules électriques. Car ces derniers restent cher, et les consommateurs optent encore majoritairement pour l’achat de véhicules thermiques, s’ils ne sont pas suffisamment soutenus financièrement pour sauter le pas vers la mobilité électrique.
D’où la période de fortes turbulences que traverse actuellement l’ensemble de la filière automobile, entre l’injonction à développer des modèles électriques pour anticiper les réglementations à venir, et la réalité du marché, qui les “contraint” à rester compétitifs sur le marché des véhicules thermiques, pour continuer à exister.
Depuis le 1er janvier 2025, les constructeurs automobiles doivent réduire leurs émissions de dioxyde de carbone de 15% par rapport à 2021, ce qui est beaucoup : c’est un cinquième de moins que les émissions autorisées en 2024 pour les véhicules immatriculés en Europe. Tout ceci sous peine de fortes amendes, ce qui ajoute encore aux turbulences actuelles.
Ce contexte tendu pour les constructeurs automobiles européens a des conséquences sur l’ensemble de la filière électrique. En effet, la baisse des ventes de véhicules électriques entraîne mécaniquement une baisse de la demande de batteries. Cette dernière met en difficulté la filière de production de batteries européenne. Il devient alors complexe pour les recycleurs de se projeter sur une montée en cadence de leur activité. Il est donc nécessaire, pour l’ensemble de la filière électrique, de disposer d’acteurs industriels, sur le territoire européen et sur l’ensemble de la chaîne de valeur. Plus important, il est nécessaire que tous ces acteurs soient performants au même moment pour que la filière industrielle dans son ensemble soit performante. Ce qui est aujourd’hui très compliqué, au vu de la concurrence féroce, notamment venue de Chine.
Ce que l’on constate aujourd’hui, c’est que les tentatives européennes pour produire sur le Vieux continent des batteries NMC et LFP se heurtent au savoir-faire chinois. Ces derniers développent les véhicules électriques massivement depuis plus de quinze ans, et ont accumulé l’expérience industrielle que l’Europe tente de combler le plus vite possible… Y arrivera-t-elle ? La solution, comme souvent, pourrait se trouver dans l'innovation, et le développement de nouvelles technologies de batteries, qui doit permettre aux acteurs européens de partir sur la même ligne que les chinois, et même peut-être avec un peu d’avance.
