Pour produire, il faut de l'eau. En effet, tous les procédés industriels nécessitent d'être alimentés en eau à un moment ou à un autre.
Longtemps, les industriels concentraient leurs efforts sur les procédés de dépollution de leurs eaux usées. La réglementation en la matière, de plus en plus contraignante, a obligé les différents secteurs à développer des procédés innovants pour rejeter dans les milieux naturels une eau de qualité normée, inerte pour l'environnement. Aujourd'hui, les épisodes de sécheresses successives qui ont touché l'hexagone obligent le monde industriel à se projeter dans un futur où la ressource eau va venir à manquer.
Tous les pays ne sont pas égaux face au manque d'eau. En Europe, la France, avec l'Espagne, l'Italie, et la Grèce voit ses nappes phréatiques à des niveaux historiquement bas. Les pays d'Europe du Nord n'ont pas, à l'heure actuelle, ce genre de problématique.
Quoi qu'il en soit, les acteurs de l'industrie doivent désormais jongler entre deux contraintes dans la gestion de leurs eaux usées : la limitation des prélèvements dans le milieu, et le traitement de leurs eaux. Un équilibre délicat à trouver, puisqu'il est complexe de dépolluer l'eau... sans utiliser trop d'eau. C'est l'innovation qui permet aux entreprises engagées dans des processus d'amélioration de la gestion de leurs eaux de trouver des solutions nouvelles pour traiter leurs eaux usées, avec l'ambition de la réinjecter dans les procédés industriels, pour limiter les prélèvements dans le milieu.
Le problème actuel, c'est que la réglementation française limite très fortement le cadre légal de réutilisation des eaux usées traitées. En France, 1% de l'eau industrielle traitée est réutilisée, alors que ce chiffre atteint 15 % dans des pays comme l'Italie ou l'Espagne. Un retard préjudiciable, et qui limite fortement le cadre des solutions possibles de traitement des eaux par l'industrie. Si ce cadre était amené à évoluer et à s'assouplir, comme cela est pressenti, le développement de solutions innovantes, collectives pour traiter les eaux usées des industriels devrait s'accélérer rapidement.
En effet, une variable aujourd'hui est peut être trompeuse : le prix de l'eau. Si la ressource eau est aujourd'hui peu chère, sa raréfaction risque de faire évoluer son prix. Rendant dans le même temps le prix de l'eau traitée plus compétitif. Ainsi, de nombreux industriels, les grands groupes en tête, investissent déjà dans des technologies leur permettant de fabriquer leurs produits en économisant l'eau. Ou plutôt en l'intégrant dans un cadre circulaire, et même in fine en circuit fermé.
Bien sûr les investissements à réaliser sont souvent très lourds, ce que les entreprises de taille moyenne ne peuvent forcément pas se permettre.
Cristal Union, grand groupe sucrier, et dont la stratégie de gestion des eaux usées est évoquée dans ce dossier, a mis en place un procédé de récupération de l'eau contenue dans les betteraves qu'il traite, pour économiser l'eau. Cette stratégie, qui permet aujourd'hui à l'entreprise de récupérer 100 % de l'eau contenue dans les betteraves, profite aussi aux agriculteurs qui utilisent les excédents d'eau durant les périodes de sécheresse.
