Le métier d’ingénieur, année après année, reste une valeur sûre sur le marché de l’emploi. En effet, les salaires à l’embauche, le taux de chômage très faible, et les possibilités d’évoluer, au sein de la même entreprise ou en changeant de structure, constituent des leviers de motivation importants pour les candidats.
Après, la considération de ces externalités, pour les ingénieurs, va de paire avec des attentes fortes de la part de ces derniers, notamment en termes de sens et d’éthique. Les chiffres le montrent, désormais les ingénieurs ont des attentes, des exigences même, très concrètes par rapport à leurs employeurs. En termes de stratégie énergétique et environnementale par exemple, les ingénieurs privilégient les entreprises démontrant par le geste leur volonté d’améliorer leur impact écologique, et celles soucieuses de leur rôle sociétal. C’est une tendance qui n’est pas nouvelle, mais qui prend aujourd’hui une ampleur très importante.
Ensuite, il faut replacer la problématique de l’emploi des ingénieurs dans le contexte actuel. En effet, à travers le plan France 2030, le pouvoir politique a mis en œuvre une stratégie qui doit permettre à l’hexagone de retrouver un outil industriel performant et compétitif. Dans le même temps, la transition énergétique qui s’opère sur tous les secteurs d’activité bouleverse l’industrie dans son ensemble. Pour mener à bien ces deux chantiers, les entreprises ont un besoin important d’ingénieurs qualifiés, compétents et polyvalents. N’oublions pas dans cette équation l’émergence des nouvelles technologies, qui constituent un atout potentiellement fondamental pour la réindustrialisation comme pour la transition énergétique. Là encore, les ingénieurs auront un rôle central à jouer. En se formant sur ces nouvelles technologies - citons l’hydrogène, l’intelligence artificielle, l’usine 4.0, le micro-nucléaire… - soit via la formation continue, mais plutôt en misant sur le développement d’écoles proposant des formations initiales de haut niveau sur ces thématiques innovantes.
La crainte actuelle est aujourd’hui de ne pas disposer de suffisamment d’ingénieurs pour mener tous ces combats de fronts. Depuis quelques années déjà, de nombreux ingénieurs sont réticents pour s’engager dans des carrières dédiées à l’industrie, qui souffre d’une mauvaise image. La volonté de réarmer le pays à ce niveau doit participer à redorer le blason de notre outil industriel et ramener les ingénieurs vers les usines, avec cette ambition de compétitivité et d’accompagnement vers une production plus écologique. Cette stratégie pourrait s’avérer payante, à condition que l’industrie française se montre capable de regagner la compétitivité nécessaire pour exister face aux concurrents européens, mais surtout chinois et américains. En effet, si l’Europe a réussi à se mettre en ordre de marche pour établir une stratégie commune au niveau continental, rien n’est gagné. Par exemple, sur les véhicules électriques, la concurrence chinoise est telle qu’il n’est pas certain que l’écosystème industriel bâti - pour les batteries par exemple - et les incitations financières suffisent à développer un marché européen pérenne. Il y a donc urgence. Et la nécessité, pour les entreprises, à attirer les ingénieurs qui eux, ne perçoivent peut-être pas la situation de la même manière, croulant sous les offres d’emplois, dans tous les secteurs.
