Développer un ordinateur dont le fonctionnement se rapproche de celui d'un cerveau. Tel est l'objectif d'IBM et d'une équipe de chercheurs universitaires qui, cette semaine, ont fait un pas de plus sur cette voie. Explications.
Penser différemment le fonctionnement des ordinateurs pour les rendre plus performants en rapprochant leur modus operandi de celui d’un cerveau… tel est l’objectif d’un groupe de chercheurs d’IBM aux Etats-Unis. Or, d’après la présentation qu’ils ont faite lors de « Super computing Conference » le 18 novembre 2009, il semblerait que ces derniers aient fait un pas de plus sur cette voie. Après avoir simulé 40 % du cerveau d’une souris en 2006, le cerveau complet d’un rat en 2007, ceux-ci sont parvenus à simuler le fonctionnement en temps réel d’un cerveau dont les capacités sont celles d’un chat, soit environ 1 milliard de neurones et 10.000 milliards de synapses. L’objectif de leurs travaux étant moins pour l’instant de reproduire la vitesse de traitement des informations, puisque leur prototype fonctionne 100 fois moins vite que le cerveau d’un chat, mais d’étudier la manière dont se forment les pensées. Pour y parvenir, les chercheurs d’IBM ont utilisé des moyens hors normes. En plus d’un simulateur incorporant un certain nombre d’innovations en termes de calcul, de mémoire et de communication, ils ont développé, en collaboration avec des chercheurs de l’université de Stanford, un algorithme capable de demander à un superordinateur d’imiter le fonctionnement présumé d’un cerveau. Cette machine, basée au laboratoire national Lawrence Livermore et baptisée BlueGene/P, est elle-même surdimensionnée, puisqu’elle contient 147.456 processeurs et 144 téraoctets de mémoire.Quant au principe de l’expérience, il s’agissait de présenter à la machine des images et des logos afin de cartographier avec précision les différentes parties du cerveau virtuel impliqué dans la reconnaissance de ces objets. L’objectif final étant d’accumuler des connaissances pour construire des ordinateurs capables de gérer l’ambiguïté d’une situation et d’intégrer des sens comme l’ouïe, la vue ou encore le toucher, dans leur mode de fonctionnement.Au delà, ces travaux pourrait avoir une autre application étroitement liée au développement de l’Internet du futur : à savoir, disposer d’ordinateurs capables de traiter et surtout d’interpréter une masse croissante d’informations en provenance d’une multitude de capteurs (lire Internet du futur : ce que l’Europe est prête à financer). Un défi qu’une meilleure compréhension des mécanismes d’apprentissage du cerveau pourrait contribuer à relever. » Etant donné que les mondes numérique et physique ne cessent de s’interpénétrer, et que l’informatique est de plus en plus présente dans notre vie quotidienne, il devient impératif de créer des systèmes informatiques plus intelligents qui puissent nous aider à comprendre la quantité d’informations de plus en plus importante à notre disposition, un peu à la manière de notre cerveau qui est capable d’interpréter et d’agir rapidement sur des tâches complexes, » commente Joséphine Cheng, directrice du laboratoire de recherche d’IBM.Un champ d’investigation qui en tout cas a retenu l’intérêt des investisseurs. IBM ainsi que ses partenaires universitaires ont en effet obtenu un financement additionnel de la DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency) d’un montant de 16,1 millions de dollars. Mais ce champ d’investigation n’en demeure pas moins ardu, la complexité du cerveau étant telle, qu’il faudra peut-être du temps avant d’en percer les mystères, même avec l’aide de superordinateurs.La valse des supercalculateursLes choses vont très vite dans le petit monde des supercalculateurs. L’édition de novembre 2009 du Top 500 des supercalculateurs les plus puissants au monde bouleverse la donne par rapport à celle de juin. RoadRunner d’IBM, basé au Los Alamos National Laboratory (Etats-Unis), qui dominait le classement de juin 2009 (lire Les Etats-Unis champions du monde des supercalculateurs), a été détrôné par le Cray XT5 baptisé Jaguar de l’Oak Ridge National Laboratory (Etats-Unis). Celui-ci affiche désormais une performance de 1,75 pétaflops au test Linpack (pour une puissance-crête théorique de 2,3 pétaflops). La suite du classement est elle aussi quelque peu bouleversée.En troisième position, apparaît désormais un autre système Cray XT5 implanté, lui, à l’Université du Tennessee (832 téraflops). Ce qui relègue en quatrième position le système IBM BlueGene/P de 825,5 téraflops installé au Forschungszentrum Juelich (FZJ) en Allemagne. Ce dernier arrive tout juste devant un nouveau venu, la machine d’origine chinoise (le Tianhe-1) qui fonctionne au Centre national de calcul hautes performances de Tianjin (lire Le supercalculateur Tianhe dépasse le pétaflop)Malgré ces changements, les Etats-Unis restent toujours en tête des plus gros superordinateurs.Voir la liste du Top 500 : http://www.top500.org/lists/2009/11A.L B
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