Les drones ont la cote. Pas une semaine ne passe sans de nouvelles applications. A l’occasion du Salon International de l’agriculture, l’Inra a présenté Airinov, le premier drone agricole. Si les satellites servent déjà à suivre les évolutions des cultures, il s’agit ici du premier drone appliqué à l’optimisation des intrants.
Afin d’aider les agriculteurs à traiter au mieux leurs cultures, la start-up Airinov a conçu un drone de 2 mètres d’envergure et de moins de 2kg.
En 2013, 1000 agriculteurs ont utilisé le drone sur une surface d’environ 10 000 hectares. Si pour l’instant, 10 drones font le tour des exploitations, progressivement, Airinov’ espère équiper ses clients pour ne plus avoir à se déplacer à chaque vol et gagner ainsi en puissance.
A quoi sert ce drone ?
Lancé à la main, le drone va commencer son vol automatique et est programmé pour photographier et enregistrer la lumière reflétée par le feuillage (réfléctance). Pour ce faire, il est équipé d’un capteur quadri-bandes qui mesure le pourcentage d’énergie solaire réfléchie par la culture par rapport à l’énergie solaire incidente.
Une fois ces données enregistrées, elles sont entrées dans un modèle agronomique qui va les traduire en cartographie de besoins de la culture. Ce modèle varie en fonction de la culture. La carte est délivrée en 3 jours maximum, après analyse et vérification par un ingénieur agronome. Elle résume les mesures et constitue un véritable « scan » de l’exploitation. Elle fournit des préconisations pratiques pour traiter au mieux les cultures et éviter faire ainsi des économies d’engrais. Cela permet de répondre au mieux à la Directive Nitrates.
En 2014, le diagnostic de besoins en azote (et donc en engrais) pour les agriculteurs sur colza est proposé pour la deuxième année consécutive. Pour la première fois, le même diagnostic sera proposé sur blé dès fin mars.
Ce drone est également utilisé par les chercheurs, notamment en collaboration avec l’Inra, des coopératives et des semenciers. « Pour les chercheurs, on travaille sur plus de cultures [Colza, Blé, Orge et Maïs], avec des résultats qui ne sont pas directement exploitables par les agriculteurs : le taux de chlorophylle, la surface de feuilles, des paramètres de stress hydrique de la végétation », explique Florent Mainfroy, Président d’Airinov.
Quel avantage par rapport aux satellites ?
Les satellites ne voient pas à travers les nuages, ce qui peut empêcher certaines cartographies, lorsque les nuages sont persistants. De plus, ils font le tour de la terre et ne passent pas toujours au-dessus de la parcelle lorsque l’agriculteur en a le plus besoin. « Les avantages du drone par rapport au satellite sont que le drone vole en dessous des nuages et qu’il peut être sur la parcelle à n’importe quel moment et surtout au moment le plus propice pour l’analyse de la végétation en vue de la définition des apports azotés », confie Florent Mainfroy.
Un autre avantage notable est à noter pour les chercheurs : c’est la résolution des photos. Si la résolution des images satellites ne permet pas de différencier les pousses, le drone le permet pour les chercheurs, avec une résolution qui peut atteindre 1,5cm par pixel. Néanmoins, « pour l’agriculteur, on va travailler à une résolution de 1 m2 par pixel, c’est largement suffisant pour ses besoins », note Florent Mainfroy.
Enfin, la solution est abordable. « Le prix est de 15€ par hectare pour l’agriculteur sur le colza. On fait deux cartographies : une en décembre et une en janvier, qui vont donner une cartographie de préconisations d’engrais à apporter ». Du côté des économies réalisées, Airinov soutient un gain financier de 73 €/ha. L’agriculteur serait donc à un gain net d’environ 58 €/ha.
Et en plus, le drone peut être utilisé sur toute taille d’exploitation. « On regroupe les agriculteurs par coopératives ou par Chambres d’agriculture, donc la taille d’exploitation importe peu. On regroupe les parcelles proches ensemble pour les analyser dans un même vol », précise Florent Mainfroy.
Comme toute bonne start-up, Airinov mise sur l’innovation. Si l’optimisation des traitements phytosanitaires est encore en recherche et développement, l’entreprise espère pouvoir proposer rapidement une offre commerciale pour optimiser également l’épandage de ces produits.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
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