Contrairement aux systèmes d’épurations classiques, Wô repose sur le principe de la séparation-concentration des polluants et l’extraction d’eau pure à partir de l’effluent traité. Il permet de fonctionner en circuit fermé en réutilisant l’eau à l’infini.
Si l’eau est l’or bleu de demain, nul doute que le recyclage est la clé d’une gestion durable de la ressource. Or, la logique actuelle de la gestion de l’eau est inadaptée aux industries, fortes consommatrices d’eau dans leur process. Les solutions proposées ne répondent pas, en effet, aux exigences des performances économiques et environnementales. Elles présentent trop de gâchis et de pertes : seuls 1 à 2 % des eaux usées sont recyclées pour être réutilisées, les 98 à 99 % restants étant traitées puis rejetées dans le milieu naturel. Résultat, le prix de l’eau a augmenté en moyenne de 80 % en 10 ans en raison, entre autres, de la complexité des traitements à mettre en place. Face à ce constat, Cédric Fontaine et William Maufroy, co-fondateurs de 2 ô Innovation, ont développé un nouveau concept qui repose sur une nouvelle approche “intellectuelle” de la gestion des eaux : le procédé Wô qui permet de fonctionner en circuit fermé en réutilisant l’eau à l’infini.
Contrairement aux systèmes d’épurations classiques fonctionnant sur la base du traitement et de la suppression des polluants, le Wô a pour principe de séparer et concentrer le polluant et d’extraire l’eau pure à partir de l’effluent traité. Il s’agit d’un procédé d’ultra-filtration qui recycle l’eau usée en la faisant passer par des membranes en céramique. Grâce à leur porosité, l’eau va traverser la membrane, tandis que la majorité des polluants comme les hydrocarbures, les produits lessivants et les solvants va se concentrer et être stockée dans une cuve de 10 à 120 m³, voire plus.
Résultat des premiers tests du concept Wô : la qualité des eaux traitées est inférieure à 5 ppm, ouvrant ainsi ce procédé à 99 % des processus industriels et supprimant le rejet d’eaux usées – © 2 ô innovation
Avec jusqu’à 0 % de rejet d’eaux usées, 95 % des eaux de process réutilisées et une qualité des eaux traitées inférieure à 5 ppm, Wô qui est utilisable dans 99 % des processus industriels pourrait aussi être embarqué sur des navires ce qui permettrait le nettoyage des cuves en mer. Il pourrait même être intégré dans un processus de traitement de la pollution, en amont de l’osmose, par exemple dans les stations d’épuration de l’agroalimentaire.
D’une capacité de 500 à 5.000 litres d’eau pure/h, Wô qui a exigé 2 ans de recherche, développements et tests, est décliné en plusieurs versions en fonction du secteur utilisateur : mécanique, stations de lavage automobiles, traitement de surface, blanchisseries industrielles, transport maritime, agro-alimentaire… Autant d’entreprises gourmandes en eau pour lesquelles un investissement limité (en moyenne 70.000 euros) permettrait de concilier économie et écologie. Car peu consommateur d’énergie, Wô qui fait réaliser des économies d’eau pouvant aller jusqu’à 100 % et permet de réduire fortement les taxes d’assainissement, offre un retour sur investissement compris entre 2 et 4 ans, voire moins. À titre d’exemple, une station de lavage pourrait économiser près de 3 .600 m³ d’eau par an, tandis qu’une usine chimique verrait sa consommation réduite par un facteur 10. Sans compter que la solution du recyclage pour un réemploi en circuit fermé pourrait, à terme, réduire le prélèvement des eaux souterraines de 60 % à 70 %. En attendant, les six premières installations Wô devraient être mises en service d’ici la fin de l’année.
Installation Wô – © 2 ô innovation
Article initialement paru dans Instantanés techniques, décembre 2009, n°56
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