L’agence spatiale européenne pourrait bien envoyer une imprimante 3D sur la lune.
De prime abord, l’idée parait loufoque. Construire une base lunaire à l’aide d’une imprimante 3D, comme on crée une maquette de la tour Eiffel !
Même Hergé n’y avait pas songé. Pourtant, l’ESA y réfléchit sérieusement. Utilisé à plus grande échelle, ce système pourrait bien se révéler révolutionnaire, et d’une simplicité redoutable.
Pour Laurent Pambaguian, chargé de projet pour l’ESA, cela vaut le coup d’étudier la question puisque « sur Terre, la technologie d’impression 3D a permis de construire des structures complètes. Notre équipe industrielle a cherché à établir si cette technique pouvait être utilisée pour construire un habitat lunaire ».
Le procédé a donc été testé dans des conditions similaires à celles de l’environnement lunaire. La société Monolithe U.K a fourni l’imprimante D-Shape dotée d’une rangée de buses d’impression mobile montée sur un châssis de 6 m. La D-Shape est capable de consolider un matériau tel que du sable par pulvérisation d’une solution chimique.
De l’oxyde de magnésium est mélangé au matériau lunaire artificiel pour obtenir une sorte de papier, lui-même imprimable. Puis, un sel chimique présent dans l’encre transforme le matériau pulvérulent en solide.
L’influence du vide lunaire a été intégrée au process. Une buse d’impression 3D a été insérée sous la surface de la couche de régolithe, la poussière qui recouvre la surface de la Lune. Des gouttelettes de 2 mm restent alors piégées par les forces capillaires dans la poudre et se transforment en solide, confirmant que le processus d’impression peut être réalisé sous vide. Pour les essais sur Terre, le matériau utilisé en remplacement du régolithe est de la roche basaltique d’un volcan en Italie, sembable à 99.8% au sol lunaire.
Les architectes Foster + Partners ont imaginé un habitat en forme de dôme, à la paroi constituée de cellules fermées protégeant les astronautes des micrométéorites et du rayonnement cosmique.
Actuellement, l’imprimante travaille au rythme de 2 m par heure, la prochaine génération doit atteindre la rythme de 3.5 m/h, ce qui permettrait de construire un bâtiment entier en à peine une semaine !
Et ça marche. Un démonstrateur d’1.5 t a ainsi été réalisé. Ce bloc élémentaire de ce qui pourrait bientôt être une base lunaire présente des propriétés encourageantes en termes de résistante en fonction de sa masse.
Dans un communiqué, Scott Hovland de la Direction des Vols Spatiaux Habités de l’ESA s’enthousiasme : « L’impression 3D offre un moyen potentiel de faciliter la colonisation lunaire en réduisant la logistique terrestre ».
Par Audrey Loubens, journaliste scientifique
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