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Statkraft va inaugurer la première centrale osmotique du monde à Tofte en Norvège

Posté le par La rédaction dans Environnement

La compagnie d'électricité norvégienne Statkraft fait savoir sur son site que la toute première centrale osmotique au monde sera inaugurée officiellement le 24 novembre prochain. L'un des avantages de cette technologie, qui exploite la différence de concentration entre l'eau salée et l'eau douce, est de permettre de produire en même temps que de l'électricité de l'eau désalinisée.

La compagnie d’électricité norvégienne Statkraft fait savoir sur son site que la toute première centrale osmotique au monde sera inaugurée officiellement le 24 novembre prochain. L’un des avantages de cette technologie, qui exploite la différence de concentration entre l’eau salée et l’eau douce, est de permettre de produire en même temps que de l’électricité de l’eau désalinisée.J’ai parlé de cette centrale osmotique pour la première fois le 10 octobre 2007 (ICI) au moment de son entrée en construction et j’écrivais alors que le prototype-pilote devrait voir le jour fin 2008. Il y a donc près d’un an de retard par rapport au calendrier prévu, ce qui, sur un projet de cette ampleur et une telle innovation, n’est pas grand-chose. Statkraft, qui mène des recherches sur l’énergie osmotique depuis 1997 est fier aujourd’hui de voir enfin se concrétiser ce projet tout à fait novateur, même si la compagnie norvégienne prend la précaution oratoire d’annoncer qu’il s’agit là d’un prototype dont les capacités de production sont limitées et dont la finalité est l’essai en vue de développements futurs. Car le but de Statkraft est d’être capable dans les années à venir de construire des centrales d’énergie osmotique partout où cela est possible (voir schéma ci-dessous), c’est-à-dire partout où des fleuves (eau douce) se mélange à l’eau de mer (eau salée donc).Le principe de l’énergie osmotique est de tirer de l’énergie de la pression exercée par le passage du flux d’un liquide concentré vers un liquide moins concentré à travers une membrane semi-perméable. Le liquide concentré est de l’eau salée, l’eau de mer. Le moins concentré, c’est l’eau douce, celle des fleuves.

Une production d’énergie par osmose
Les deux eaux sont séparées par une membrane et c’est la pression exercée sur la membrane qui permet de produire de l’électricité. Historiquement, c’est dans les années 70 que l’ingénieur chimiste Sidney Loeb de l’Université Ben-Gourion du Negev développe la technologie des membranes destinées à la désalinisation de l’eau de mer et découvre accessoirement la possibilité de générer une énergie à partir de l’osmose inverse. Dans les années 80, Torleif Holt et Thor Thorsen travaillent pour SINTEF Petroleum Research sur le potentiel théorique de l’osmose à produire une énergie. Les deux chercheurs devront attendre 1995 pour obtenir un financement destiné à leur permettre de poursuivre leurs recherches.De nombreuses publications scientifiques s’en suivront qui inclineront, en 1997, Statkraft à prendre contact avec les deux chercheurs en vue de collaborer sur un projet précis : la production d’énergie électrique à partir de l’énergie osmotique. En 2001, la recherche sur l’énergie osmotique reçoit la reconnaissance de l’Union Européenne, l’année même où est lancée la première étude d’impact environnemental de la technologie. En 2003, Statkraft obtient sa première licence d’exploitation d’énergie osmotique et ouvre une unité de tests expérimentaux à Sunndalsøra.

10 % des besoins du pays !
En 2008, Statkraft commence la construction du premier prototype à Tofte sur la commune d’Hurum au sud-ouest d’Oslo (un lieu différent de celui annoncé en 2007, sans doute pour des raisons de protection de secret industriel). Aujourd’hui, Statkraft s’apprête à inaugurer officiellement cette centrale de Tofte.Le potentiel technique de l’énergie osmotique est évalué par Statkraft dans le monde entre « 1600 et 1700 TWh par an ». Pour la seule Norvège, Statkraft prévoit de produire « 12 TWh par an équivalent à 10 % de la consommation totale du pays » (chiffres Statkraft). L’un des avantages de cette technologie est de permettre de produire, on l’aura compris, en même temps que de l’électricité, de l’eau désalinisée, ce qui dans certaines régions de la planète peut s’avérer un complément précieux, voire même vital. Statkraft aime à rappeler que cette technologie ne produit aucun bruit ni aucune émission polluante et qu’elle peut facilement s’intégrer dans des tissus industriels déjà existants comme des sous-sols de bâtiments industriels.L’usine prototype, qui sera non seulement inaugurée mais surtout soutenue tout au long de son développement par la Princesse Mette-Marit de Norvège comme symbole de la Norvège du 21e siècle, est le fruit d’une collaboration entre des organismes de recherche et de développement de divers pays (non précisés). Statkraft, dont la communication exemplaire à mes yeux parvient à mêler transparence et discrétion, ne souhaite pas divulguer la capacité de production (réduite pour l’heure) de son usine pilote, pas plus que les détails financiers de l’opération. Francis Rousseau est rédacteur en chef de plusieurs blogs portant sur l’environnement et les énergies renouvelables, dont un spécialisé dans les énergies marines : Les Energies de la mer. Ces blogs sont réalisés pour 3B Conseils, cabinet conseil en communication scientifique et technique et bureau d’études, organisateur des Entretiens Science et Ethique.

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