Patrick Meyrueis est directeur du laboratoire des systèmes photoniques (LSP) de l’Université Louis-Pasteur à Illkirch (Alsace) et directeur de LSP BioVentures. Il nous parle des risques liés à l'exploitation des lasers, et du lien entre sécurité laser et écologie...
Dès 1 milliwatt, l’usage d’un laser peut être dangereux. Les conséquences médicales peuvent aller jusqu’à une brûlure irréversible de l’oeil ou de la peau.
Le principe de la sécurité laser est d’amener, selon les types de laser et les procédés d’exploitation, les opérateurs fréquentant ces dispositifs, à être le plus protégés possible.
Les militaires bénéficient de la meilleure formation aux lasers, notamment les soldats américains formés au prestigieux Laser Institute of America (LIA). En effet, la technologie laser leur sert à mesurer des distances par télémétrie, guider des bombes, et même aveugler l’ennemi…
Un laser de 4 ou 5 kW, utilisé pour le soudage des voitures par exemple, est si puissant qu’il peut sectionner le doigt d’un homme. Selon les types d’utilisation, il faut donc porter des vêtements non inflammables et bannir tout textile du type nylon, facilement inflammable.
Les lunettes de protection permettent d’arrêter le rayonnement émis par le laser. À la différence des verres qui protègent du soleil, ceux-ci sont constitués de couches dichroïques, ou holographiques, et possèdent des filtres très puissants. Surtout, il ne faut pas oublier de monter les caches latéraux, auquel cas un faisceau laser arrivant par derrière peut se réfléchir sur le verre interne et donc atteindre la rétine. Mais les risques oculaires ne sont qu’une partie des risques liés à l’utilisation des lasers.
La majorité des accidents sont en fait des accidents électriques, les condensateurs contenus dans les lasers provoquant des électrocutions. Même avec un laser à l’arrêt, et un système de vidage automatique déconnecté, – en cas de réglages, par exemple –, il existe un risque de recevoir une décharge électrique fatale, dû au contact avec les condensateurs.
Le troisième risque lié à l’usage des lasers est le risque chimique. Les machines d’usinage laser provoquent une vaporisation de la matière. En fonction du matériau, la vaporisation peut revêtir différents types de toxicité et provoquer des troubles pulmonaires. La solution est d’installer des systèmes d’aspiration, sur tous les côtés du laser.
Enfin, il y a les risques d’incendie. Par exemple, un faisceau laissé ouvert par mégarde, qui rayonne sur un rideau ou sur du papier, peut déclencher un incendie. La meilleure façon d’éviter ce genre d’incident est de respecter les procédures de sécurité.
Les enceintes de sécurité sont une solution parmi d’autres pour remédier aux accidents laser. Dans le cas d’un laser intégré à une chaîne de production, qui fonctionne 24h/24, il est impératif de le confiner dans une structure aux parois transparentes, qui absorbent le faisceau laser. Par exemple, le polyméthacrylate ou le plexiglas, en couches épaisses, absorbent les rayonnements infrarouges des lasers à gaz carbonique Co2 ou pulsés comme Nd:yag.
Mais la meilleure des protections reste encore l’information : la connaissance du laser et de ses pratiques. Savoir ce qu’est la lumière laser, les raisons de sa dangerosité, même à faible puissance, etc.
En fait, il ne s’agit pas tant de « sécurité laser », que d’« écologie laser » : car la prévention est finalement une façon écologique d’utiliser les lasers, c’est-à-dire dans le respect de l’homme et de son environnement.
Par Patrick Meyrueis
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