Selon le cabinet Frost&Sullivan, le marché européen du solaire fait mieux que résister face aux nouveaux géants comme la Chine. L’Allemagne, locomotive européenne du secteur, entraîne dans son sillage le reste du vieux continent. Retour sur les résultats de l'étude.
L’Europe et le Japon, pionniers de l’énergie solaire, demeurent, au niveau mondial, les places fortes de ce secteur. C’est en substance ce que révèle une étude réalisée par le cabinet d’études Frost&Sullivan.En Europe, leader historique du secteur avec le Japon, l’Allemagne reste de loin le plus grand acteur et centre de production du marché mondial. Cependant, l’émergence de nouveaux marchés change progressivement la donne. Désormais, l’Europe doit faire face à deux principaux concurrents. Le premier d’entre eux est la Chine, pays qui cherche à tous prix à réduire les coûts de fabrication et à s’installer petit à petit sur le marché européen. Ainsi, par exemple, la baisse du prix du polysilicium, couplée à celle des modules solaires, renforce la montée en puissance chinoise et fait de ce pays une plaque tournante dans la production solaire, comme le confirme Alina Bakhareva, directrice de recherche pour Frost&Sullivan. « Lorsqu’il est question de cellules et de modules solaires, on remarque que les producteurs asiatiques suivent une courbe de développement agressif, car ils grignotent les parts de marchés des fabricants japonais et européens. Leurs coûts peu élevés et leur perspicacité en matière technologique les aideront à étendre davantage leur présence sur les marchés solaires du monde entier. »
La pression sur les coûts de fabricationLe second concurrent sérieux de l’Europe est les Etats-Unis. Aujourd’hui, ils présentent un potentiel solaire démesuré par rapport à l’exploitation qui en est faite. « Les Etats-Unis, ayant seulement exploité une fraction de leur incalculable potentiel solaire, ont tous les éléments nécessaires à la création d’un marché solaire fort et bien diversifié », affirme Alina Bakhareva. Décidée à aller petit à petit vers l’indépendance énergétique, la plus grande puissance du monde met en place des systèmes incitatifs et augmente son soutien envers les énergies renouvelables.Quoi qu’il en soit, l’Europe reste une place forte dans le paysage du solaire, et l’arrivée de ces nouveaux concurrents ne remet pas la situation en cause, en tout cas pour l’instant. L’Europe devrait conserver son leadership pour les années qui viennent. L’étude explique cette position favorable en raison de trois composantes principales : la mise en place et le maintien de la recherche, une base de fabrication solide et un soutien gouvernemental. L’étude publiée par Frost&Sullivan se penche également sur le cas des petites entreprises impliquées sur le marché du solaire, et qui devraient souffrir de la mondialisation. En effet, la concurrence, de plus en plus vive, va toucher en premier lieu les petites entreprises qui ne parviendront pas à baisser leurs prix de façon suffisante. Au delà, le cas de l’Allemagne révèle un facteur plutôt surprenant. Alors que les installations individuelles ont tendance à se multiplier, le segment des particuliers traverse une situation difficile, alors que les projets à l’échelle industrielle se portent bien.
L’Italie et la Grèce, géants en sommeilAu final, de nombreux acteurs du solaires ont annoncé ces derniers mois une augmentation de leur activité et la construction de nouvelles usines, en particulier en Allemagne. Enfin, cette étude revient sur le cas français. Dans l’Hexagone, l’Etat soutient traditionnellement les technologies photovoltaïques intégrées au bâtiment, en proposant un tarif maximum de 0,55 kW/h. Une pratique que critique Alina Bakhareva. « Bien que la France ait affiché des taux de croissance tout à fait raisonnables ces cinq dernières années, le sentiment général est que le marché du solaire se serait davantage développé si sa politique avait été identique à celle d’autres types d’installation. » L’Italie et la Grèce, quant à eux, sont qualifiées dans l’étude de « géants qui sommeillent ». En effet, les barrières administratives existantes s’opposent à une multiplication des projets, alors que les tarifications mises en place sont parmi les plus intéressantes au niveau européen.
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