Le géant helvético-suèdois ABB, leader mondial de l’HVDC, annonce avoir mis au point un disjoncteur hydride ouvrant d’énormes perspectives en matière de grands réseaux électriques.
C’est une innovation attendue depuis plus d’un siècle. Avec ce disjoncteur, ABB estime avoir pris de l’avance sur ses deux principaux concurrents, le français ALSTOM et l’allemand SIEMENS, sur ce marché à forte croissance portant sur des milliards de dollars dans le monde.
Plus vite que Lucky Luke
Le disjoncteur mis au point par ABB est dit « hybride » car il s’agit d’un disjoncteur mécanique couplé à de l’électronique de très haute puissance. Il est capable de stopper un flux de courant continu d’une puissance équivalente à celle qui sort d’une grande centrale nucléaire, ceci en 5 millisecondes, c’est-à-dire 30 fois plus rapidement qu’un battement de cil au niveau d’un œil humain.
La prouesse réalisée peut être comparée à stopper complètement en quelques millisecondes un énorme camion roulant à sa vitesse maximale sur une autoroute a déclaré Claes Rytoft, chef du département ingénierie électrique d’ABB.
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Le HVDC (Courant Continu Haute Tension) permet le transport d’électricité sur de longues distances avec un très bon rendement : moins de 3 % de pertes en 1 000 km parcourus. Une caractéristique qui
change radicalement l’équation des énergies renouvelables. Et l’innovation d’ABB bouleverse encore davantage cette équation.
La plus longue ligne HVDC du monde (2375 km) va être inaugurée au Brésil en 2013, record qui sera battu peu de temps après par l’Inde avec une ligne de 2600 km.
Mais sans disjoncteur, l’utilisation de l’HVDC était néanmoins très limitée. Grâce à cette innovation, c’est « un nouveau chapitre de l’histoire de l’ingénierie électrique » qui commence a déclaré Joe Hogan, Directeur exécutif d’ABB.
« S’il sont parvenus à faire ça, c’est très important » a commenté à Reuters-UK Roger Kemp, professeur d’ingénierie à l’université Lancaster en Grande-Bretagne. « Le courant continu est une façon beaucoup plus efficace de transporter l’électricité ».
Du point à point au multipoint
Avec la rupture technologique d’ABB, il devient à présent possible d’élaborer de grands réseaux électriques (SuperGrid HVDC), c’est-à-dire de travailler en multipoints. Cela n’était pas possible jusqu’à présent et a fortement limité l’attractivité du courant continu dans le passé.
Le réseau électrique évolue et a besoin d’être de plus en plus flexible et interconnecté, et aussi de plus en plus fiable et intelligent pour faire face à de nouveaux défis tels que l’intégration à grande échelle des énergies renouvelables. Un pays comme l’Allemagne pourraient être l’incubateur d’une telle vision, et de nombreuses études appellent à un réseau plus intégré dans ce pays.
Par Olivier Danielo
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