Volkswagen prudent face aux défis de 2025, tensions commerciales et faible demande

Après une chute d’un tiers de son bénéfice l’an dernier, Volkswagen, fleuron en crise de l’industrie allemande, se prépare à une nouvelle année délicate pour défendre ses parts de marché face à une concurrence accrue et des tensions commerciales croissantes.

Le groupe aux dix marques (VW, Audi, Porsche…) a annoncé mardi un bénéfice net de 12,39 milliards d’euros pour 2024, en chute de 30,6%, plombé par le recul de ses ventes en Chine et des coûts élevés.

Le leader européen de l’automobile sort d’une année de turbulences qui l’ont conduit à annoncer cet hiver un plan d’économies sans précédent, prévoyant la suppression de 35.000 emplois en Allemagne d’ici à 2030.

Affaiblis par une demande atone, notamment en Europe, les constructeurs allemands affrontent l’arrivée de concurrents chinois massivement subventionnés, au moment même où ils consentent d’énormes investissements dans l’électrification des véhicules pour respecter l’interdiction des motorisations essence et diesel dans l’Union européenne à partir de 2035.

– « Globalement correct » –

Volkswagen a vu ses livraisons mondiales de voitures baisser de 2,3% l’an dernier.

La croissance de ses ventes en Amérique du Nord (+6,4%) n’a pas réussi à compenser la baisse marquée de 9,5% en Chine, principal marché du groupe qui y réalise près d’un tiers de ses ventes mais en perdant des parts de marché.

Le constructeur allemand estime cependant avoir mieux résisté que prévu.

« Dans un environnement concurrentiel exigeant, nous avons réussi à obtenir un résultat globalement correct en 2024 », a déclaré Arno Antlitz, directeur financier du groupe.

Le chiffre d’affaires a été meilleur qu’attendu, en hausse de 0,7%, à 324,66 milliards d’euros. Lors d’un avertissement sur résultats l’été dernier, le groupe avait dit prévoir une baisse des revenus.

Si la marge opérationnelle mesurant la rentabilité a fondu en 2024, tombant à seulement 5,9%, Volkswagen tablait sur une marge encore plus dégradée, à 5,6%. Ce ratio atteignait encore 7% en 2023 et 7,9% en 2022.

Alors que le groupe a dû massivement investir dans l’électrique ces dernières années, ses ventes de voitures électriques ont reculé de 3,4% l’an dernier, après une décennie de croissance continue.

Leur part dans les ventes totales du groupe a stagné à seulement 8,3%, encore loin de la cible de 80% des ventes que vise Volkswagen d’ici à 2030, notamment grâce au futur lancement de deux modèles grand public à prix plus accessible: les citadines ID.2 (en 2026) et ID.EVERY1 (en 2027).

Au pays de l’automobile, les difficultés de Volkswagen illustrent la déprime de l’industrie allemande, pilier de la première économie européenne qui craint de connaître en 2025 une troisième année d’affilée de récession.

– Guerre commerciale –

Pour cette année, le groupe reste prudent: il table sur une hausse de 5% de son chiffre d’affaires et cible une marge d’exploitation comprise entre 5,5 et 6,5%.

Le groupe dit scruter les défis qui découleront notamment de « l’incertitude politique, des restrictions commerciales et des tensions géopolitiques croissantes ».

Le constructeur craint l’impact des droits de douane américains de 25% sur les importations depuis le Mexique, où Volkswagen produit une partie des véhicules qu’il vend aux Etats-Unis. Le président américain Donald Trump a suspendu jusqu’au 2 avril l’application de cette mesure.

Le projet de délocaliser au Mexique la production de la mythique Golf n’est pour l’instant pas remis en question, d’après une source au sein de l’entreprise.

Des droits de douanes d’environ 25% pourraient suivre sur les importations de voitures produites en Europe, d’après les annonces du président Trump.

Dans son communiqué de résultats mardi, Volkswagen pointe également les incertitudes liées au « renforcement des exigences en matière d’émissions (de CO2) » dans l’UE, les constructeurs étant poussés à baisser les prix de leurs modèles pour respecter le renforcement des normes sur les émissions carbone de leurs véhicules.

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