L’ex-président François Hollande, en visite jeudi sur le site de l’usine chimique Vencorex menacée de liquidation, a appelé l’Etat à « se réengager » dans ce qu’il a qualifié de « dossier de souveraineté industrielle ».
« Ce n’est pas un dossier banal », a estimé l’ancien président socialiste après une rencontre avec des syndicalistes et des représentants du personnel sur le site de la plate-forme du Pont-de-Claix, au sud de Grenoble.
« J’en ai connu des dossiers d’entreprises et quelquefois on ne peut pas les sauver (…). Mais là, on est dans un dossier de souveraineté industrielle », a-t-il dit, estimant qu’en raison de l’instabilité politique des derniers mois, « il n’y a pas eu peut-être la réflexion suffisante pour bien comprendre quel est l’enjeu ici ».
« Nous aurions intérêt à avoir une source pour la production chimique qui nous soit nationale », a-t-il relevé, évoquant le « contexte » international de protectionnisme américain, de difficultés d’approvisionnement ou de hausse des droits de douane.
Une perte de la plate-forme de Pont-de-Claix serait « une perte considérable pour l’ensemble de la collectivité. (…) C’est pour ça que l’État doit être beaucoup plus actif sur ce dossier », a-t-il jugé.
Vencorex est actuellement en redressement judiciaire avec une seule offre de rachat partielle de son activité par le groupe chinois Wanhua (environ 50 emplois maintenus sur les 450 que compte Vencorex).
Les salariés et les élus locaux craignent en outre un effet domino sur des milliers d’emplois régionaux mais leur demande de nationalisation temporaire de Vencorex s’est vu opposer une fin de non-recevoir par le gouvernement de François Bayrou, qui estime que son activité « n’est pas viable selon tous les scénarios étudiés ».
Mais pour Séverine Dejoux, élue CGT au CSE de Vencorex et représentante des salariés dans le cadre de la procédure de redressement judiciaire, le gouvernement ne fournit pas « d’explications, ses chiffres ne sont pas argumentés ». « Ils se basent sur leur intuition que le marché ne reprendra pas », estime-t-elle.
Convaincue que la plateforme peut et doit être sauvée, la CGT a mis sur la table début mars un projet de création d’une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) avec l’appui de salariés et de collectivités locales.
Pour aboutir, ce projet a un besoin urgent de soutien et de financements privés, a-t-elle souligné, rappelant qu’une audience intermédiaire sur Vencorex est prévue le 3 avril au tribunal de commerce de Lyon.
« On doit porter un projet suffisamment avancé et crédible pour pouvoir avoir peut-être un peu de temps supplémentaire. Donc là, voilà, on est dans cette urgence », a-t-elle souligné.
« Donc la première décision à prendre, c’est de convaincre le tribunal de commerce de reporter sa décision. Et puis ensuite d’utiliser le temps, pas forcément très longtemps, pour donner corps au projet » de SCIC, a plaidé M. Hollande.
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