L’association Générations Futures a annoncé mardi avoir demandé l’interdiction immédiate de produits à base de flufénacet, herbicide considéré comme « polluant éternel » et mis en cause dans la pollution de l’eau.
Neuvième herbicide le plus utilisé en France selon l’ONG Générations Futures, le flufénacet a fait l’objet d’une évaluation fin septembre par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA).
Celle-ci conclut notamment, d’après l’ONG, qu’il s’agit d’un perturbateur endocrinien et que son usage conduit à des pollutions des eaux au TFA (acide trifluoroacétique). Cette molécule très persistante est issue de la dégradation de certains « polluants éternels », les PFAS, substances présentes dans des pesticides, des gaz réfrigérants, des revêtements anti-adhésifs de poêles, des mousses anti-incendie ou des cosmétiques, et particulièrement dans les rejets des usines qui les produisent.
Les risques de contamination des eaux souterraines liés au TFA sont « connus », « évalués et disponibles dans le dossier depuis 2017 », « ça fait plus de sept ans que la France est au courant », a déclaré lors d’une conférence de presse en ligne Pauline Cervan, toxicologue de Générations Futures.
En outre, a-t-elle dit, le TFA n’est « pas encore inclus dans le contrôle de l’eau potable en France », mais va « finir par l’être de façon assez certaine ». Mme Cervan a souligné qu’ainsi « une grande partie de l’eau potable deviendrait non conforme ». « Il est indispensable d’agir dès maintenant », a-t-elle insisté.
S’appuyant sur les conclusions de l’EFSA, Générations Futures indique avoir signé avec de nombreuses autres associations un courrier pour demander à la Commission européenne d' »interdire au plus vite le flufénacet en Europe ».
L’association a aussi indiqué qu’elle avait envoyé le 5 novembre aux ministères de l’Agriculture, de la Santé, de la Transition écologique et à l’Anses (Agence de sécurité sanitaire de l’alimentation) un courrier demandant le retrait immédiat des autorisations de mise sur le marché et permis de commerce des produits de base de flufénacet sur le territoire français. Quatre-vingts produits sont concernés, selon l’ONG.
Faute de réponse ou de réponse positive d’ici au 5 janvier, l’association aurait deux mois pour saisir la justice administrative, a précisé Me François Lafforgue, l’un des avocats de l’association.
Le flufénacet est une « substance qui est candidate à la substitution » par une alternative « avec une fin d’approbation par l’Union européenne à juin 2025, et étant donné son caractère perturbateur endocrinien, elle ne devrait pas être réapprouvée », a signalé le ministère de la Transition écologique.
« Nous serons vigilants à suivre les décisions de l’Anses en la matière. Notre position est toujours la même lorsqu’un produit phytosanitaire est prouvé comme ayant un impact sanitaire avéré, nous sommes pour l’interdiction de son utilisation », a ajouté le ministère.
Le lobby des pesticides Phyteis affirme de son côté, dans un message transmis à l’AFP, qu’interdire cette substance active « poserait question dans la mesure où il s’agit de l’un des derniers herbicides autorisés en France et en Europe et où son bannissement mettrait les céréaliers français, faute d’alternative, en grande difficultés face à une chute drastique de leur rendement et face aux importations de la concurrence internationale qui continuerait de recourir à cette substance ».
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