Manus, un nouveau concurrent chinois à ChatGPT (OpenAI), a attiré l’attention de professionnels du secteur la semaine dernière, suscitant un peu d’enthousiasme, pas mal de déception et surtout des inquiétudes en termes de sécurité des données.
L’intérêt pour la nouvelle interface d’intelligence artificielle (IA) générative vient notamment des émotions qu’ont provoquées en janvier les performances du modèle chinois DeepSeek R1, accomplies pour une fraction des coûts occasionnés par les modèles américains dominants.
« Ce n’est pas juste un autre chatbot », a promis Yichao « Peak » Ji, le créateur de Manus, dans une vidéo promotionnelle.
« C’est un agent vraiment autonome », a-t-il insisté. « Là où les autres IA se contentent de générer des idées, Manus apporte des résultats. Nous le voyons comme le prochain paradigme de la collaboration entre les hommes et les machines, et potentiellement un aperçu de l’IA générale (aussi intelligente que les humains, ndlr) ».
Depuis le lancement de ChatGPT fin 2022, les géants des technologies et des start-up rivalisent à coup d’assistants IA toujours plus perfectionnés.
Certains de ses assistants ont désormais des capacités d' »agents » : ils peuvent agir, de façon plus ou moins autonome, à la place de l’utilisateur, pour effectuer des tâches en ligne comme naviguer sur internet, cliquer sur des liens, faire des résumés, etc.
C’est notamment le cas de Claude (Anthropic) avec le mode « Computer Use », lancé en octobre, et de ChatGPT, avec « deep research ».
Sur son site web, Butterfly Effect, la start-up chinoise à l’origine de Manus, donne des exemples de tâches que son agent est censé pouvoir accomplir, comme « acheter une propriété à New York » ou « éditer un podcast ».
Mais Kyle Wiggers, journaliste du média spécialisé TechCrunch, a noté dans un article dimanche que l’agent IA a échoué à lui commander un sandwich et à lui trouver un billet d’avion pour le Japon.
Manus n’est pour l’instant disponible que sur invitation.
Le rattrapage rapide de la Chine dans le secteur clef de l’IA, malgré les restrictions américaines sur l’exportation de puces de pointe, inquiète la Silicon Valley.
Et les performances des agents IA en général font craindre des dérives liées au manque de régulation de la nouvelle technologie.
Car les modèles commettent de nombreuses erreurs factuelles, rappelle lundi Mel Morris, patron de Corpora.ai, un moteur de recherche à l’IA générative: « si on leur confie des tâches à fort enjeu, comme l’achat et la vente d’actions, ces imperfections pourraient conduire au chaos ».
Selon lui, Manus dispose de « compétences intrigantes », mais « il ne s’agit pas d’un saut révolutionnaire par rapport aux modèles d’IA existants ».
Sa capacité à accéder à des serveurs à distance soulève « les mêmes préoccupations concernant la confidentialité des données ».
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