Un influenceur gabonais incarcéré pour avoir dénoncé une panne d'électricité

Un influenceur gabonais a été incarcéré pour avoir dénoncé les effets d’une longue panne d’électricité survenue dimanche soir à Libreville en diffusant des images tournées aux urgences de l’hôpital général plongé dans l’obscurité, a-t-on appris jeudi de sources concordantes.

Plusieurs activistes ont fait état de l’interpellation de Novelas Overmax sur les réseaux sociaux après qu’il a posté un dernier message où il se dit « recherché », lundi au lendemain de la diffusion de sa vidéo sur Tiktok.

L’influenceur a été « placé sous mandat de dépôt » mercredi soir et « conduit à la prison centrale » de Libreville, selon le récit publié sur Facebook par Eric Otsetse, l’un de ses proches. Cette information, qui n’a été confirmée ni démentie par les autorités, a été reprise par plusieurs médias gabonais.

« Nous oeuvrerons à faire un plaidoyer (…) afin de voir notre frère libéré », a déclaré le vice-président de l’Assemblée nationale Geoffroy Foumboula Likeba, mercredi soir sur son compte Facebook. Selon lui, les poursuites contre l’influenceur sont liées à une plainte déposée par l’hôpital général.

La coupure de dimanche a alimenté le mécontentement de la population, lasse des « délestages » qui la privent d’électricité tous les jours, avec concert de casseroles mardi soir et interdiction d’une manifestation prévue samedi à Libreville.

Depuis lundi, les autorités se sont mobilisées sur le dossier, avec visite des ministres de la Santé et de l’Energie à l’hôpital général, réunion d’urgence au palais présidentiel, message d’excuse du ministre de l’Energie et mercredi soir annonce de mesures « d’urgence » par le chef de l’Etat.

« Nous héritons d’un système fragile où les infrastructures fonctionnent à flux tendu, mais je reste déterminé à améliorer l’accès à l’électricité pour tous les Gabonais », a écrit le général Oligui Nguema sur son compte X.

Selon le ministre de l’Energie Séraphin Akure-Davain, la capacité de production actuelle « est de 323 MW pour la ville de Libreville mais la production est autour de 230-240 MW ».

Plombée par les dettes et le mauvais état de ses infrastructures vieillissantes, la Société nationale d’eau et d’électricité SEEG a plusieurs fois été épinglée ces derniers mois pour les dysfonctionnements à répétition du réseau électrique, assortis de deux scandales liés à un trafic de faux compteurs et des détournements de recettes.

Le chef de l’Etat avait dénoncé en septembre un « système mafieux » de sous-traitance et dénoncé « l’incompétence » des agents. Il s’était notamment indigné que 10 des 14 groupes électrogènes achetés par l’Etat au printemps dernier pour 3 milliards de FCFA (4,5 millions d’Euros) pour compléter la production n’aient pas été branchés, le ministre de l’Energie précisant cette semaine qu’en fait, ces équipements « n’étaient pas compatibles » avec le système existant.