Un ex-arboriculteur dont le cancer de la prostate, reconnu maladie professionnelle, a été causé par les pesticides, entend « ouvrir les yeux de tous (s)es collègues agriculteurs » à l’occasion d’un recours en justice examiné mardi à Montauban (Tarn-et-Garonne).
« Ici, c’est un sujet qui est tabou parce qu’on est dans une grosse région de production fruitière », a expliqué à un correspondant de l’AFP Bernard Guignes, 65 ans, ancien arboriculteur à Montesquieu pendant une trentaine d’années.
« Ma démarche est aussi faite pour ouvrir les yeux de tous mes collègues agriculteurs », a-t-il souligné, dans un département qui compte plus de 3.600 exploitations, principalement dédiées aux grandes cultures et à la production fruitière.
M. Guignes, dont le cancer a été reconnu comme maladie professionnelle en 2022 et qui, à ce titre, a pu avoir accès au Fonds d’indemnisation des victimes de pesticides, conteste cependant devant la justice le taux d’incapacité de 30% retenu par la Mutualité sociale agricole (MSA), le jugeant insuffisant.
« Ce procès peut faire date car les cancers de la prostate sont reconnus depuis très récemment comme maladie professionnelle. La question est de savoir à quel montant on indemnise tous ces agriculteurs qui ont travaillé toute leur vie sans savoir qu’il y avait ce risque », a déclaré à la sortie du tribunal l’avocat de M. Guignes, Joachim Guillemard.
L’agriculteur utilisait régulièrement des produits phytosanitaires sur les 20 hectares de vergers de son ex-épouse où l’on produisait pommes, prunes, kiwis et cerises.
« Lorsque j’ai commencé en 1985, on pulvérisait des pesticides avec l’aide de tracteurs. Il n’y avait pas de cabines, pas de protections », raconte-t-il, affirmant n’avoir commencé à être sensibilisé au risque qu’en 2010.
Et même après cette date, il pouvait y avoir de « petits incidents ».
Aujourd’hui, ce père de cinq enfants estime qu’il « faut essayer de changer ce modèle qui nous emmène dans le mur, que ce soit les paysans, les consommateurs et les riverains ».
« Pour moi, c’est une nécessité absolue pour les nouvelles générations », a-t-il affirmé.
Sur le litige lié à son indemnisation, le tribunal de Montauban se prononcera le 8 avril.
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