Le gouvernement a publié samedi un décret autorisant la réutilisation d’eaux usées au sein d’installations agricoles et industrielles classées et dans des sites nucléaires, dans le but de réduire la pression sur cette ressource.
Le décret interministériel « permet l’utilisation d’eaux impropres à la consommation humaine pour certains usages domestiques, en remplacement de l’eau potable, lorsque la qualité de ces eaux n’a aucune influence, directe ou indirecte, sur la santé des usagers ».
Concrètement, ce texte permet de réutiliser des eaux usées traitées et des eaux de pluie au sein de sites nucléaires et des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE). Ces dernières recouvrent diverses activités agricoles et industrielles (élevages, silos agricoles, éoliennes, chimie, ciment, textile, papier, etc.) pouvant avoir des impacts (pollution de l’eau, de l’air, des sols, etc.) ou présenter des dangers (incendie, explosion, etc.).
Pour les ICPE et pour les « installations nucléaires de base » (réacteurs, installations liées au combustible nucléaire, stockage de matières radioactives, NDLR), le décret « précise qu’un arrêté détermine les critères de qualité et les conditions techniques à satisfaire lorsque ces eaux sont utilisées pour les usages domestiques mentionnés (lavage du linge, des sols intérieurs, évacuation des excreta (substances organiques, NDLR), alimentation de fontaines décoratives, nettoyage des surfaces extérieures, arrosage des jardins potagers et des espaces verts) ».
Un arrêté publié le même jour vient définir ces spécifications dans les ICPE avec pour objectif « de favoriser la sobriété hydrique » de ces installations « par la réutilisation d’eau non potable afin de préserver la ressource en eau provenant du réseau d’alimentation en eau potable ou du milieu naturel ».
Ces deux derniers textes étaient prévus dans le cadre du Plan Eau annoncé en mars 2023 par Emmanuel Macron, qui avait fixé un objectif de 10% d’eaux usées réutilisées d’ici 2030. Ils viennent compléter d’autres textes régissant la réutilisation des eaux usées dans l’industrie de la production alimentaire et pour les usages domestiques.
Le principe de la réutilisation des eaux usées traitées (REUT) est d’ajouter en sortie de station d’épuration des traitements additionnels permettant d’éliminer les agents pathogènes, afin, au lieu de rejeter l’eau dans le milieu naturel, de la recycler et de la réutiliser.
Selon le Cerema (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement), établissement public, la France n’utilise que 1% du potentiel en REUT, contre 80% de ce potentiel exploité en Israël, 14% en Espagne et 10% en Italie.
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