Donald Trump a continué sa vaste offensive contre les partenaires commerciaux des Etats-Unis en annonçant qu’il pourrait établir dès avril d’importants droits de douane sur les voitures importées, mais aussi les semi-conducteurs et le secteur pharmaceutique, provoquant de premières réactions prudentes en Asie.
Depuis son investiture fin janvier, le président des Etats-Unis a fait des droits de douanes le principal outil de sa politique de réduction de l’important déficit commercial américain, en les imposant à tous ses partenaires sur l’acier et l’aluminium importé et en annonçant la mise en place de droits de douanes réciproques.
Il s’attaque désormais à trois secteurs manufacturiers stratégiques, pour lesquels il avait déjà dit qu’ils seraient sans doute soumis à des droits de douane.
Interrogé mardi lors d’une conférence de presse à Mar-a-Lago (Floride) sur ce qu’il prévoyait pour le secteur automobile, il a répondu: « je vous dirai probablement cela le 2 avril, mais ce sera d’environ 25% ». Puis interrogé sur les semi-conducteurs et l’industrie pharmaceutique, il a répondu: « ce sera 25% et plus, et cela augmentera considérablement au cours d’une année ».
Dans tous les cas, Donald Trump a insisté sur le fait que les partenaires commerciaux de Washington pouvaient éviter de se faire taxer en investissant dans des usines aux Etats-Unis.
« Nous voulons leur donner le temps d’arriver (…) nous voulons leur donner une chance » d’établir leurs usines aux Etats-Unis pour éviter les droits de douane.
– Réactions prudentes en Asie –
Cela a provoqué des réactions prudentes en Asie, où certains des principaux fournisseurs de ces biens, comme Taïwan, la Corée du Sud ou le Japon, sont aussi complètement dépendants de la protection américaine pour leur sécurité vis-à-vis de leurs voisins potentiellement agressifs, placant Washington en position de force.
« Le périmètre des produits soumis aux droits de douanes n’a pas encore été clarifié. Nous continuerons à surveiller et à soutenir les industries Taïwanaise », a réagi dans un communiqué le ministère de l’Economie de l’île, sous forte pression militaire chinoise.
« En ce qui concerne les droits de douane sur les automobiles, nous avons soulevé la question auprès du gouvernement américain », a de son côté réagi Yoshimasa Hayashi, porte-parole du gouvernement.
Compte tenu de « l’importance de l’industrie automobile japonaise », Tokyo « prendra d’abord les mesures appropriées tout en examinant attentivement les détails spécifiques des mesures ».
Après les nouvelles taxes sur l’acier, la Corée du Sud, qui est protégée par le parapluie nucléaire américain alors que son voisin du Nord renforce ses capacités nucléaires, avait dit souhaiter « construire une relation de proximité » avec l’administration Trump.
Le président de l’Association malaisienne de l’industrie des semi-conducteurs (MSIA), Datuk Seri Wong Siew Hai, a déclaré mercredi à l’AFP que les États-Unis « se tireraient une balle dans le pied » avec ces droits de douane puisque les entreprises opérant en Malaisie (qui pèse 13% de la production mondiale) sont majoritairement américaines.
« Cela ne fera qu’augmenter le coût des composants renvoyés aux États-Unis », a-t-il déclaré lors d’un entretien téléphonique.
Donald Trump s’est par ailleurs félicité mardi soir de voir les premiers effets de sa politique.
« J’ai été contacté par certaines des plus grosses entreprises du monde, et grâce à ce que nous faisons avec les droits de douanes et les incitations, elles veulent revenir aux Etats-Unis et nous annoncerons que de très grandes entreprises reviendront », a-t-il dit.
– Commissaire européen –
Il s’est aussi satisfait d’avoir vu l’Union européenne (UE) « réduire leurs droits de douane sur les voitures au niveau que nous avons ».
« L’UE avait 10% de taxes sur les voitures et ils sont désormais à 2,5%, ce qui est exactement le même niveau que nous », a-t-il assuré.
Mais pour autant, s’il « prend note de ce qui a été fait », le président américaine estime que « l’UE a été très injuste » avec les Etats-Unis. « Nous avons un déficit commercial de 350 milliards de dollars, ils n’achètent pas nos voitures, nos produits agricoles, ils n’achètent quasiment rien, nous devons rectifier cela », s’est-il plaint.
Selon les données du département du Commerce, le déficit commercial des Etats-Unis en biens vis-à-vis de l’UE était de 235 milliards de dollars en 2024.
En revanche, les Etats-Unis ont une balance commerciale excédentaire en ce qui concerne les services.
Le commissaire européen en charge du Commerce et de la Sécurité économique, Maros Sefcovic, est arrivé mardi à Washington pour une visite de deux jours et rencontrera notamment Howard Lutnick, le secrétaire au Commerce désigné par Donald Trump, ainsi que Jamieson Greer, le représentant de la Maison Blanche en charge des relations commerciales (USTR).
« Tous droits de reproduction et de représentation réservés. © 2025 Agence France-Presse. »
Réagissez à cet article
Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous et retrouvez plus tard tous vos commentaires dans votre espace personnel.
Inscrivez-vous !
Vous n'avez pas encore de compte ?
CRÉER UN COMPTE