La guerre commerciale promise par Donald Trump est entrée lundi dans une nouvelle phase avec la signature d’un décret imposant des droits de douane de 25% sur l’acier et l’aluminium, « sans exception ».
« Aujourd’hui je simplifie nos droits de douane sur l’acier et l’aluminium afin que tout le monde comprenne ce que cela signifie. C’est 25%, sans exception ou exemption. Et c’est tous les pays », a déclaré à la presse le président américain depuis la Maison Blanche.
Donald Trump a cependant confirmé envisager une exemption pour l’Australie, après des déclarations en ce sens du Premier ministre Anthony Albanese, en raison selon le président américain d’un « excédent » commercial avec cet allié d’Océanie.
« Nous ne voulons pas que cela nuise aux autres pays, mais ils tirent profit de nous depuis des années et des années », a accusé le président américain dans le Bureau ovale.
Ces mesures affecteraient particulièrement le Canada, principal fournisseur d’acier et d’aluminium des Etats-Unis.
– « Coup dévastateur » –
Ces droits de douane « seraient totalement injustifiés », a réagi François-Philippe Champagne, le ministre canadien de l’Industrie dans la soirée, promettant une réponse « claire et mesurée », sans donner plus de détails.
Le Brésil, le Mexique et la Corée du Sud sont aussi d’importants fournisseurs d’acier.
La fédération de l’acier au Royaume-Uni, UK Steel, s’est inquiétée d’un « coup dévastateur » pour un secteur déjà en perte de vitesse.
L’annonce pourrait aussi avoir un effet délétère sur certains secteurs d’activité aux Etats-Unis.
« L’acier, l’aluminium sont des matières premières cruciales pour les industriels américains, y compris à l’export », a averti Maurice Obstfeld, expert au Peterson Institute for International Economics.
– « Choc d’offre » –
Les droits de douane pourraient provoquer « un choc d’offre majeur » côté américain, a-t-il dit à l’AFP.
Lors de son premier mandat (2017-21), Donald Trump avait déjà imposé des droits de douane de 25% sur l’acier et de 10% sur l’aluminium.
Ces mesures avaient ensuite été levées, pour beaucoup, par lui-même ou par son successeur démocrate, Joe Biden.
Donald Trump a aussi affirmé dimanche qu’il annoncerait « mardi ou mercredi » des « droits de douane réciproques », afin d’aligner la taxation des produits entrant aux Etats-Unis sur la manière dont sont taxés les produits américains à l’étranger.
Les droits de douane sont le principal levier de la politique économique de Donald Trump, qui veut résorber le déficit commercial américain tout en mettant la pression sur ses partenaires économiques.
Lesquels réagissent de manière variable, entres promesses de ripostes et tentatives d’apaisement.
Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a lui assuré que l’Union européenne « répliquerait » comme elle l’avait fait lors du premier mandat du président américain. L’UE avait ciblé à l’époque des produits emblématiques tels que le bourbon ou les motos Harley-Davidson.
– France combative, Allemagne prudente –
En Allemagne, première économie européenne, le ministre de l’Economie et du Climat Robert Habeck a appelé à « poursuivre la voie de la coopération avec les Etats-Unis ».
La Commission européenne a elle annoncé lundi n’avoir reçu « aucune notification » de nouveaux droits de douane.
Jusqu’ici, Donald Trump a davantage mis la pression sur les partenaires des Etats-Unis que sur la grande rivale chinoise, soumise depuis mardi à des droits de douane de 10% en plus de ceux déjà existants.
Les mesures de rétorsion, à base de surtaxes ciblées sur certains produits américains, sont entrées en vigueur lundi. Elles portent sur 14 milliards de dollars de biens américains, tandis que les droits de douane annoncés par le président américain concernent 525 milliards de dollars de biens chinois.
Un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Guo Jiakun, a souligné lundi que pour Pékin, il n’y avait « pas de gagnant dans une guerre commerciale ou douanière ».
Il y a une semaine, Donald Trump avait menacé le Mexique et le Canada de droits de douane généralisés de 25%, avant de suspendre sa décision pour un mois avant même qu’elle n’entre en vigueur. S’agissant de la Chine, il a renoncé à taxer comme il l’avait annoncé les colis d’une valeur de moins de 800 dollars, ce qui aurait affecté des plateformes telles que Shein et Temu.
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