« Ne pas se tromper d’ennemi »: les producteurs français de blé appellent la Commission européenne à supprimer les taxes sur les fertilisants pour « sécuriser la production alimentaire », avant d’envisager d’imposer des droits supplémentaires sur les engrais russes.
Fin janvier, la Commission européenne a proposé d’appliquer des droits de douane supplémentaires sur les engrais russes importés dans l’UE afin d' »affaiblir » une source de revenus permettant à Moscou de financer sa guerre contre l’Ukraine.
Cette mesure « aura de graves répercussions sur la production et la compétitivité du secteur agricole », avait aussitôt mis en garde le Copa-Cogeca, qui regroupe les principaux syndicats et coopératives agricoles européens.
L’Europe reste très dépendante de la Russie pour ses achats de fertilisants: en 2024, plus d’un quart de ses importations d’engrais provenait de Russie, soit 6,2 millions de tonnes sur un total de 24 millions de tonnes importées, tous engrais confondus, selon les données de la Commission.
« La Commission européenne ne doit pas se tromper d’ennemi et doit lever les taxes pour diversifier les approvisionnements », a réagi lundi l’AGPB, association regroupant les principaux producteurs de blé en France – premier producteur européen de la céréale du pain.
« Les prix des engrais augmentent – la solution azotée était à 270 euros la tonne en juin et est remontée à 340 euros depuis quinze jours – alors que les cours du blé baissent. Imposer des taxes maintenant va encore faire monter les prix des fertilisants, on ne va pas s’en sortir », a déclaré à l’AFP Cédric Benoist, secrétaire général adjoint de l’AGPB.
Fragilisés par « deux années noires », notamment après une très mauvaise récolte 2024, les céréaliers français appellent la Commission européenne à « construire une stratégie de diversification d’approvisionnement des intrants azotés » avant d’envisager de nouvelles taxes qui pourraient faire flamber les prix.
« Le temps de mettre en place un approvisionnement alternatif à la Russie », ils demandent notamment l' »abrogation des droits de douane de 6,5% sur toutes les origines, hors Russie et Biélorussie », a expliqué M. Benoist. Les céréaliers réclament en outre la « suspension immédiate des taxes antidumping » actuellement appliquées sur les engrais importés de Trinité et Tobago ainsi que des Etats-Unis.
Enfin, ils plaident pour l’entrée en vigueur des sanctions contre les engrais russes en juillet 2026, pas avant, « comme on l’a fait pour l’aluminium », a-t-il ajouté.
De leur côté, les fabricants français d’engrais, rassemblés au sein de l’Union des industries de la fertilisation (Unifa), appellent au contraire l’Europe à instaurer des mesures face à la « menace croissante » que représente la Russie pour leur secteur: les importations d’engrais russes en France « ont bondi de 80% » entre 2021 et 2023, affirment-t-ils.
L’Unifa a dénoncé fin janvier une « concurrence agressive », avec des « coûts de production bien inférieurs en Russie, dus à un accès avantageux au gaz naturel », à partir duquel est produit l’ammoniac, premier ingrédient des fertilisants azotés.
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